27,5 millions. Câest le nombre de lapins de chair câest-Ă -dire destinĂ©s Ă la consommation humaine, abattus chaque annĂ©e en France. Contre 4 millions de bovins et 23 millions de cochons. Que sait-on de la vie de ces lapins qui se retrouvent dans nos assiettes ? Bien peu, finalement. Et de nouvelles images tournĂ©es en mai dernier dans un Ă©levage dâIlle-et-Vilaine, ce jeudi 25 aoĂ»t, et commentĂ©es par plusieurs vĂ©tĂ©rinaires, dont lâautrice de cet article, font froid dans le est bien loin des conditions de vie des lapins de basse-cour quâon Ă©levait et quâon tuait soi-mĂȘme autrefois Ă la campagne, comme AnĂ©mone dans une scĂšne culte du Grand Chemin ». Nadine, 71 ans, a grandi dans un village de lâAisne et se souvient de cette Ă©poque. Ă la maison, on avait toujours quelques lapins dans des clapiers. Ils vivaient sur de la paille, Ă©taient nourris avec du foin, des fanes de carotte et de lâherbe. CâĂ©tait un complĂ©ment de nourriture et un peu dâargent dans la tirelire, les peaux Ă©taient revendues trois francs six sous au marchand, qui passait avec son vĂ©lo et criait dans la rue peaux de lapin ! Mais aujourdâhui, je serais incapable dâacheter un lapin en supermarchĂ© ».LâĂ©levage du lapin de chair sâest depuis bien longtemps industrialisĂ© et leur condition rappelle celle des poulets en batterie. Plus de 99 % des lapins vivent dans des cages, grillagĂ©es du sol au plafond », avec moins dâune feuille A4 comme surface par rentabilitĂ© avant le bien-ĂȘtre animalSophie Dol, vĂ©tĂ©rinaire, sâindigne du sort rĂ©servĂ© Ă ces animaux, et dĂ©nonce une souffrance psychologique et physique intense ». Et les deux sont Ă©troitement liĂ©es. Que reste-t-il de la notion de bien-ĂȘtre animal quand tous les rĂ©flexes naturels de lâespĂšce sont prohibĂ©s ? Le lapin est un animal trĂšs mobile, et une proie naturelle il fait des bonds, se tient debout, se cache ou se met en hauteur pour se sentir en sĂ©curitĂ©, passe la moitiĂ© de son temps dâactivitĂ© Ă explorer son environnement⊠Rien de tout cela nâest possible dans les Ă©levages intensifs. Lâalimentation, sous forme de granulĂ©s, a uniquement vocation Ă assurer la croissance et lâengraissement des animaux pour un Ăąge dâabattage aux alentours de 70 de foin ou de paille dans leurs cages, alors que les fibres brutes sont nĂ©cessaires pour une bonne santĂ© digestive et pour que les lapins puissent ronger, un comportement propre aux lagomorphes. Que dire Ă©galement de la surpopulation dans les cages oĂč les lapins sont entassĂ©s ? Lâobjectif est double occuper un minimum dâespace avec un maximum de lapins. Et plus Ă©tonnant si les lapins avaient plus de place, ils seraient plus actifs, et finalement grossiraient moins vite ce qui entraĂźnerait un retard de lâĂąge dâabattage. La rentabilitĂ© est donc une question de temps et dâespace. Mais sĂ»rement pas de bien-ĂȘtre vie de souffranceCes conditions de vie occasionnent de nombreuses blessures, comme des lĂ©sions des pattes, quand elles ne restent pas coincĂ©es, Ă force dâĂ©voluer sur du grillage. Des comportements dĂ©viants apparaissent des stĂ©rĂ©otypies et des rĂ©actions agressives entre congĂ©nĂšres. Impossible Ă©galement dâimaginer que ces animaux ne sont pas en proie Ă un stress permanent, les rendant trĂšs peureux mais aussi, en affaiblissant le systĂšme immunitaire, extrĂȘmement vulnĂ©rables aux pathologies infectieuses. Dâautant plus lorsque les conditions dâhygiĂšne sont Ă©tonnant alors de constater une mortalitĂ© importante, et ce malgrĂ© une utilisation massive dâantibiotiques au sein de la filiĂšre un lapin sur quatre meurt avant mĂȘme lâĂąge dâabattage. Les images dĂ©voilĂ©es ce jeudi par lâassociation L214 ne laissent pas beaucoup de doutes sur le dĂ©faut de soins apportĂ©s aux animaux malades dans cet Ă©levage de lapins de chair, dont pourtant une partie de la production est commercialisĂ©e sous la marque Le Gaulois du groupe LDC, sous lâappellation Lapins LDC Nature dâĂ©leveurs » ou encore dĂ©marche dâĂ©levage durable du Groupe LDC ».Sortir de lâĂ©levage intensif la seule solutionLâassociation de dĂ©fense des animaux demande une fermeture dâurgence de ce site de production au vu de lâĂ©tat sanitaire et de la conduite dâĂ©levage dĂ©sastreuse de cette exploitation. Mais elle lance aussi une pĂ©tition pour que la filiĂšre cunicole française sâengage, entre autres, sous 10 ans, Ă sortir dâun systĂšme intensif privant les animaux dâaccĂšs au plein air. Car lâĂ©tat actuel des connaissances scientifiques est clair le bien-ĂȘtre des animaux destinĂ©s Ă la consommation est incompatible avec le maintien de ce systĂšme dâĂ©levage intensif.
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