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ï»żDemainnous appartient du 25 fĂ©vrier 2022, rĂ©sumĂ© en avance et vidĂ©o de l’épisode 1130 de DNA – Benjamin est interrogĂ© par Karim au commissariat ce soir
La sĂ©ance est ouverte. La sĂ©ance est ouverte Ă  vingt et une heures trente. L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi portant lutte contre l’exclusion financiĂšre et plafonnement des frais bancaires nos 4852, 4963. Cet aprĂšs-midi, l’AssemblĂ©e a commencĂ© la discussion des articles de la proposition de loi, s’arrĂȘtant aux amendements nos 8 et 6 portant article additionnel aprĂšs l’article 2. L’amendement no 4 n’est pas suis saisie de deux amendements portant article additionnel aprĂšs l’article 2, nos 8 et 6, pouvant ĂȘtre soumis Ă  une discussion parole est Ă  M. le rapporteur de la commission des finances, de l’économie gĂ©nĂ©rale et du contrĂŽle budgĂ©taire, pour soutenir l’amendement no 8. Il vise Ă  instaurer une sanction en cas de dĂ©passement par les banques des plafonds de frais inscrits dans la loi. Actuellement, les seules sanctions possibles sont celles pouvant ĂȘtre infligĂ©es par l’AutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel et de rĂ©solution ACPR. Or, sans base lĂ©gale, un client victime d’un dĂ©passement du plafonnement des frais de commission d’intervention ou d’un dĂ©passement du plafond global n’a aucun recours concret. Pour qu’un texte soit efficace et rĂ©ellement contraignant, il doit ĂȘtre assorti de sanctions. La logique partenariale du Gouvernement n’a pas Ă©tĂ© suffisamment concluante, comme en tĂ©moigne le montant encore trĂšs Ă©levĂ© des frais, signe d’un plafond insuffisamment contraignant en effet, seul un quart des personnes ayant souscrit Ă  l’offre spĂ©cifique bĂ©nĂ©ficie du plafonnement, en raison de stratĂ©gies d’évitement de la part des a pour objectif de rendre effectif le plafonnement des frais en cas de dĂ©passement. De telles sanctions existent dans le code monĂ©taire et financier CMF pour d’autres infractions, par exemple pour dĂ©faut de mise Ă  disposition des conditions gĂ©nĂ©rales et tarifaires applicables. Cette proposition n’est donc pas une innovation commission a repoussĂ© cet amendement ; Ă  titre personnel, en Ă©tant l’auteur, j’y suis bien entendu favorable. La parole est Ă  M. Alexis CorbiĂšre, pour soutenir l’amendement no 6. Je marche dans les pas de mon collĂšgue de Courson. Actuellement, aucune sanction pĂ©nale n’est prĂ©vue pour le cas oĂč la banque appliquerait des frais pour incidents supĂ©rieurs au plafond Ă©tabli par la loi. C’est ce systĂšme d’impunitĂ© reposant sur une grande complexitĂ© qui fait que le citoyen se retrouve totalement dĂ©sarmĂ© face Ă  ce qui lui est vise Ă  appliquer aux infractions concernant le plafonnement des frais bancaires les contraventions dĂ©jĂ  prĂ©vues par le code monĂ©taire et financier en cas de mĂ©connaissance par les banques de certaines de leurs obligations. Afin de donner Ă  nos concitoyens un peu de pouvoir face aux banques, nous devons garantir que les abus de celles qui trichent soient sanctionnĂ©s. La parole est Ă  M. le rapporteur, pour donner l’avis de la commission. Sur le fond, je pense que notre collĂšgue a raison, et son amendement procĂšde de la mĂȘme inspiration que celui que j’ai dĂ©fendu prĂ©cĂ©demment. NĂ©anmoins, il se heurte au problĂšme de la proportionnalitĂ© entre les sanctions et les peines. J’invite donc notre collĂšgue Ă  le retirer, car le mien propose une sanction proportionnelle au dĂ©passement du commission a donnĂ© un avis dĂ©favorable Ă  cet amendement ; ce sera Ă©galement un avis dĂ©favorable Ă  titre personnel. La parole est Ă  M. le ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© du commerce extĂ©rieur et de l’attractivitĂ©, pour donner l’avis du Gouvernement. Avis dĂ©favorable sur les deux amendements. Je rappelle que les services de la DGCCRF – direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes – disposent dĂ©jĂ  de moyens d’action pour sanctionner les pratiques des banques qui consisteraient Ă  ne pas respecter ou Ă  contourner les plafonds qui rĂ©sultent de l’article L. 312-1-3 du code monĂ©taire et financier. En effet, ils sont habilitĂ©s Ă  constater par procĂšs-verbal les pratiques commerciales visant Ă  tromper le consommateur et consistant, par exemple, Ă  crĂ©er une distorsion entre l’information sur les frais bancaires affichĂ©s dans la documentation tarifaire et les frais effectivement appliquĂ©s, aboutissant Ă  un dĂ©passement des plafonds, ou Ă  omettre ou fournir Ă  contretemps l’information tenant Ă  la facturation des courriers successifs au client destinĂ©s Ă  l’informer de la situation dĂ©bitrice non autorisĂ©e de son compte bancaire. Ces pratiques sont passibles de sanctions pĂ©nales de niveau ailleurs, le dĂ©passement des plafonds rĂ©glementaires de frais bancaires par les Ă©tablissements de crĂ©dit est sanctionnĂ© par l’AutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel et de rĂ©solution, laquelle peut infliger des sanctions disciplinaires et pĂ©cuniaires Ă  l’issue d’une procĂ©dure contradictoire. Les constats Ă©tablis par les agents de la DGCCRF peuvent faire l’objet de signalements auprĂšs de l’AutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel et de rĂ©solution. Depuis 2015, la DGCCRF a ainsi rĂ©alisĂ© trois campagnes de contrĂŽle sur les frais bancaires consistant Ă  vĂ©rifier l’information donnĂ©e sur les frais ainsi que leur licĂ©itĂ©. Les contrĂŽles ont Ă©tĂ© effectuĂ©s, au cours de chaque campagne, dans une soixantaine de dĂ©partements et ont conduit, lorsque les constats le nĂ©cessitaient, Ă  l’établissement d’avertissements et de procĂšs-verbaux. À titre d’exemple, la campagne de contrĂŽle qui s’est dĂ©roulĂ©e en 2019 a donnĂ© lieu Ă  531 visites, 39 avertissements et 4 si je partage votre volontĂ© de sanctionner les pratiques illĂ©gales, il existe dĂ©jĂ  des sanctions pĂ©nales. Chaque annĂ©e, je le rĂ©pĂšte, la DGCCRF rĂ©alise des campagnes de contrĂŽle, dresse des procĂšs-verbaux et les transmet Ă  l’autoritĂ© judiciaire, et nous continuerons ces contrĂŽles avec beaucoup de vigilance. La parole est Ă  M. Philippe Chassaing. Je veux prĂ©ciser, pour complĂ©ter les propos prĂ©cĂ©dents, que, depuis le mois de fĂ©vrier 2020, les associations peuvent saisir une cellule de la Banque de France pour tĂ©moigner des irrĂ©gularitĂ©s pratiquĂ©es par les banques. Je pense que c’est un plus. Il va de pair avec le fait d’avoir rendu publics les critĂšres d’identification et de dĂ©tection de la clientĂšle fragile, ce qui permet de rendre les droits des consommateurs plus opposables par les le mĂȘme temps, en fĂ©vrier 2020, le ministre a proposĂ© de passer aussi par le name and shame . Certes, ce n’est pas une sanction, mais la procĂ©dure a des consĂ©quences commerciales importantes pour les banques nommĂ©es pour ne pas avoir respectĂ© les engagements pris auprĂšs de l’État et du ministre, notamment en matiĂšre de dĂ©tection des clients fragiles. Les amendements nos 8 et 6, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptĂ©s. La parole est Ă  M. Alexis CorbiĂšre, pour soutenir l’amendement no 7. Il vise Ă  empĂȘcher la double peine en cas de saisie administrative Ă  tiers dĂ©tenteur ou de saisie-attribution, lesquelles coĂ»tent dĂ©jĂ  fort cher Ă  ceux qui les subissent, quand bien mĂȘme on considĂ©rerait qu’elles sont mĂ©ritĂ©es. Nous ne voulons pas que vienne s’ajouter Ă  cela un cercle vicieux de frais bancaires qui aggraveraient leurs difficultĂ©s. Si certains comportements doivent effectivement ĂȘtre sanctionnĂ©s, chacun sera d’accord pour dire qu’une double sanction qui prolongerait le dĂ©couvert de ces personnes et les obligerait Ă  subir des frais bancaires supplĂ©mentaires n’est pas tolĂ©rable. L’objet de l’amendement est donc d’éviter la double peine en exonĂ©rant de frais bancaires les clients visĂ©s par ces saisies. Quel est l’avis de la commission ? Deux amendements Ă©voquent le mĂȘme problĂšme actuellement, que ce soit pour une saisie-attribution ou une saisie administrative, non seulement il n’y a pas de plafonnement individuel, mais les frais ne sont pas compris dans le plafond global pour les personnes en situation de fragilitĂ© financiĂšre. Vous avez le choix entre les deux no 7 de notre collĂšgue CorbiĂšre Ă©tablit la gratuitĂ©. Naturellement, il y a une critique c’est que tout travail mĂ©rite salaire, comme on no 13, celui que je dĂ©fends, fixe, lui, un plafond de 25 euros par mois pour les personnes en fragilitĂ© financiĂšre et de 20 euros pour ceux qui ont souscrit Ă  l’offre spĂ©cifique, avec un plafonnement Ă  200 euros par premier de ces deux amendements n’a pas Ă©tĂ© examinĂ© en commission et, Ă  titre personnel, pour la raison que je viens d’expliquer, j’y suis dĂ©favorable. Le second n’a pas non plus Ă©tĂ© examinĂ© en commission, mais j’y suis favorable, Ă©tant l’un des coauteurs. Sourires. Quel est l’avis du Gouvernement ? Je comprends bien les prĂ©occupations de MM. CorbiĂšre et de Courson, mais le Gouvernement est dĂ©favorable Ă  ces amendements. Il est normal qu’une saisie-attribution sur salaire ou un avis Ă  tiers dĂ©tenteur soient facturĂ©s par une banque Ă  son client. En effet, ce type d’opĂ©ration gĂ©nĂšre pour la banque des procĂ©dures et des vĂ©rifications pour lesquelles il est lĂ©gitime que l’établissement bancaire soit vous le savez, le Gouvernement a pris en compte vos prĂ©occupations et nous sommes d’ores et dĂ©jĂ  intervenus afin d’éviter les pratiques abusives depuis le 1er janvier 2019, ces frais sont plafonnĂ©s, pour l’ensemble de la population, Ă  10 % maximum du montant saisi et dans la limite de 100 euros. Cela nous paraĂźt raisonnable, dĂšs lors que sont prises toutes les dispositions pour Ă©viter les dĂ©cisions abusives. La parole est Ă  M. le rapporteur. Je suis Ă©tonnĂ©, car nous avons menĂ© des recherches avec les administrateurs et nous n’avons pas trouvĂ© cette disposition. Quel est le fondement du plafonnement Ă  100 euros ? Par ailleurs, le deuxiĂšme amendement que je propose est plus dur, puisqu’il plafonne les frais Ă  25 euros par opĂ©ration pour une personne en situation de fragilitĂ© financiĂšre. Oui. En outre, votre dispositif Ă©chappe au plafonnement global. Quelle est la position du Gouvernement sur son intĂ©gration Ă  ce plafonnement ? La parole est Ă  M. le ministre dĂ©lĂ©guĂ©. Il est normal que ces frais n’entrent pas dans le plafonnement global, car ils sont de nature diffĂ©rente. J’avoue que je n’ai pas en tĂȘte l’article exact qui rĂ©pond Ă  votre question, monsieur de Courson, mais nous vous le ferons parvenir. L’amendement no 7 n’est pas adoptĂ©. L’amendement no 13 de M. le rapporteur a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©fendu. L’amendement no 13, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  M. François-Michel Lambert. Je voudrais revenir sur une question Ă©crite que le dĂ©putĂ© François-Michel Lambert avait dĂ©posĂ©e en 2018 sur les frais bancaires. Le ministĂšre de l’économie avait rĂ©pondu, Ă  l’époque, avec des engagements Le ministre a souhaitĂ© le plafonnement de l’ensemble des frais bancaires pour tous les bĂ©nĂ©ficiaires de l’offre spĂ©cifique Ă  20 euros par mois et 200 euros par an. Enfin, faisant suite aux recommandations du ComitĂ© consultatif du secteur financier CCSF dans son rapport sur les frais d’incidents bancaires, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© le renforcement de l’action de la profession bancaire dans la prĂ©vention et la limitation des incidents bancaires », sont de belles paroles, mais les personnes en grande difficultĂ© ne trouvent pas de rĂ©ponse. Tout Ă  l’heure, je vous ai entendu dire qu’il fallait appliquer une stratĂ©gie de name and shame envers les Ă©tablissements bancaires. Pourtant, actuellement, ceux que l’on pointe du doigt, ce sont ceux qui se trouvent dans des situations attendu l’examen du dernier article de ce texte pour exprimer ma frustration devant votre incapacitĂ© Ă  comprendre que la perte de quelques dizaines d’euros peut dĂ©sespĂ©rer certains. C’est tout Ă  fait comme lorsque votre majoritĂ© dĂ©clarait qu’une diminution du montant de l’APL – aide personnalisĂ©e au logement – de 5 euros ne gĂȘnerait personne, alors qu’elle a gĂȘnĂ© et continue de gĂȘner un grand nombre d’étudiants. La parole est Ă  M. le rapporteur, pour soutenir les amendements nos 9 et 12, qui peuvent faire l’objet d’une prĂ©sentation groupĂ©e. L’article 3 comprend deux volets ; le premier porte sur les violences conjugales. Quand un couple dispose d’un compte joint, si l’un des conjoints est victime de violences conjugales, il faut lui permettre d’ouvrir immĂ©diatement un compte le dĂ©pĂŽt de notre proposition de loi et son examen aujourd’hui, la loi du 24 dĂ©cembre 2021 visant Ă  accĂ©lĂ©rer l’égalitĂ© Ă©conomique et professionnelle a Ă©tĂ© promulguĂ©e. Celle-ci a Ă©tendu le bĂ©nĂ©fice de la procĂ©dure de droit au compte, rĂ©glant ainsi le un point mĂ©rite encore d’ĂȘtre discutĂ©. Ne faudrait-il pas afficher explicitement que cette nouvelle rĂ©daction de la loi s’applique aux victimes de violences conjugales ? C’est l’objet de l’amendement no Ă©galement avec intĂ©rĂȘt la position du Gouvernement sur l’amendement no commission n’a pas examinĂ© l’amendement no 9, auquel je suis Ă©videmment favorable. Quant au no 12, j’y suis Ă©galement favorable, malgrĂ© l’avis dĂ©favorable de la commission. Quel est l’avis du Gouvernement sur ces deux amendements ? Monsieur le rapporteur, je vous demande de retirer l’amendement no 9. En effet, le Gouvernement vous confirme que la loi du 24 dĂ©cembre 2021, issue de la proposition de loi de Mme Marie-Pierre Rixain visant Ă  accĂ©lĂ©rer l’égalitĂ© Ă©conomique et professionnelle, a modifiĂ© les conditions de saisine de la Banque de France pour la procĂ©dure de droit au est dĂ©sormais possible Ă  toute personne de lancer la procĂ©dure. Cette Ă©volution, prĂ©parĂ©e de longue date par le ministĂšre des finances et la Banque de France, bĂ©nĂ©ficiera en particulier aux victimes de violences conjugales, y compris lorsqu’elles sont titulaires d’un compte joint avec leur conjoint maltraitant, en leur permettant d’activer leur droit au compte, dans une perspective d’ un avis dĂ©favorable Ă  l’amendement no 12, qui concerne un tout autre sujet. La procĂ©dure de droit au compte, prĂ©vue Ă  l’article L. 312-1 du code monĂ©taire et financier permet Ă  toute personne physique ou morale, sous certaines conditions, de saisir la Banque de France, en cas de refus d’ouverture de compte opposĂ© par un Ă©tablissement de crĂ©dit, afin que celle-ci dĂ©signe un autre Ă©tablissement ayant l’obligation de lui ouvrir un compte procĂ©dure est cependant soumise aux obligations nationales et europĂ©ennes en matiĂšre de lutte anti-blanchiment. Les dispositions issues de la quatriĂšme directive europĂ©enne antiblanchiment interdisent notamment aux Ă©tablissements de crĂ©dit d’ouvrir un compte Ă  un client dont l’identitĂ© n’aurait pas Ă©tĂ© modulations dans l’application de ces mesures de vĂ©rification sont prĂ©vues par le droit europĂ©en ; elles peuvent notamment conduire Ă  diffĂ©rer la vĂ©rification de l’identitĂ© du client. Toutefois, il faut pour cela justifier du faible degrĂ© de risque de la l’amendement no 12 vise Ă  appliquer par dĂ©faut cette modulation Ă  la procĂ©dure de droit au compte, comme si celle-ci s’inscrivait nĂ©cessairement dans une situation de faible risque de blanchiment ou de financement du terrorisme. Aucun Ă©lĂ©ment ne permet pourtant de confirmer ce postulat. Je rappelle que les personnes faisant l’objet de mesures de gel de leurs avoirs pour des raisons liĂ©es au terrorisme peuvent bĂ©nĂ©ficier en droit et en fait de la procĂ©dure du droit au compte. L’amĂ©nagement proposĂ© n’est donc absolument pas conforme Ă  l’esprit du droit europĂ©en, ni Ă  l’esprit des recommandations du Groupe d’action financiĂšre GAFI, qui Ă©value actuellement la ailleurs, le Gouvernement s’est attachĂ© depuis plusieurs mois Ă  travailler avec la Banque de France Ă  une rĂ©forme de la procĂ©dure de droit au compte, qui permettra de remĂ©dier aux difficultĂ©s identifiĂ©es. En effet, si la procĂ©dure fonctionne de maniĂšre satisfaisante, certains points d’amĂ©lioration ont Ă©tĂ© mis en Ă©vidence par la Cour des comptes dans son rapport public annuel de plus strict de certaines phases clĂ©s de cette procĂ©dure, ainsi que l’instauration de nouvelles obligations d’information pour les Ă©tablissements bancaires, prĂ©vus par cette rĂ©forme dont l’entrĂ©e en vigueur est prĂ©vue Ă  la fin du premier semestre de 2022, permettront d’en amĂ©liorer l’efficacitĂ©. Je suis donc dĂ©favorable Ă  votre amendement. La parole est Ă  M. le rapporteur. Je retire l’amendement no 9, puisque vous avez dĂ©clarĂ© publiquement que le droit en vigueur s’applique aux cas de violences Ă  l’amendement no 12, oui, il concerne un tout autre sujet, celui de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme. Actuellement, une banque ne peut pas ouvrir de compte tant qu’elle n’a pas vĂ©rifiĂ© l’absence de risque de blanchiment ou de financement du m’a Ă©tĂ© indiquĂ© que la suppression de cette obligation – que je proposais, afin de gagner du temps et de rĂ©duire le dĂ©lai d’ouverture des comptes – serait contraire au droit communautaire. Vous avez repris cette position. Tout Ă  fait ! Or, ce n’est pas exact. Aux termes de la quatriĂšme directive europĂ©enne antiblanchiment, il est possible aux banques de commencer par ouvrir le compte et de n’effectuer qu’ensuite les contrĂŽles prĂ©vus dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme. L’article L. 561-5 du code monĂ©taire et financier, qui transpose cette disposition, prĂ©cise ainsi que lorsque le risque de blanchiment paraĂźt faible », la vĂ©rification des documents peut avoir lieu durant l’établissement de la relation d’affaires ».Les banques doivent se saisir pleinement de cette possibilitĂ© – ce n’est pas le cas actuellement. L’amendement no 12 sera donc vous rappelle, chers collĂšgues, que le code monĂ©taire et financier prĂ©voit que, dans le cadre de la procĂ©dure du droit au compte, les comptes doivent ĂȘtre ouverts par l’établissement de crĂ©dit dans les trois jours suivant la rĂ©ception des documents nĂ©cessaires. Entre le dĂ©pĂŽt de la demande Ă  la Banque de France et l’ouverture du compte par l’établissement de crĂ©dit, le dĂ©lai total est de quatorze jours – c’est une moyenne, qui varie d’une banque Ă  l’autre. Et ce n’est pas moi qui le dis, mais la Cour des comptes. Cela tient, entre autres, aux documents demandĂ©s. On exige des papiers et encore des papiers de personnes extrĂȘmement modestes, en difficultĂ© financiĂšre !D’autres mesures pourraient ĂȘtre prises pour remĂ©dier Ă  la situation, mais elles sont de nature rĂ©glementaire – je pense, entre autres, Ă  la dĂ©matĂ©rialisation. Le prĂ©sent amendement s’inscrit bien, lui, dans le champ lĂ©gislatif. Il permettrait d’éviter que les banques ne s’abritent derriĂšre l’obligation de procĂ©der aux contrĂŽles prĂ©vus par le code monĂ©taire et financier dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme pour retarder l’ouverture du compte, alors que le droit communautaire permet dĂ©jĂ , lorsque le risque est faible, de ne procĂ©der aux contrĂŽles qu’aprĂšs celle-ci. Entre nous, quel danger y aurait-il Ă  adopter cet amendement ? Ce ne serait que dans un cas sur un million, une fois toutes les x annĂ©es, que l’on dĂ©couvrirait que la personne en difficultĂ© ayant ouvert un compte est en rĂ©alitĂ© un gangster ou un djihadiste ! Ce serait tout de mĂȘme un lĂ©ger problĂšme ! Le prĂ©sident Pompidou adorait rappeler un principe il faut Ă©viter d’emmerder 99,99 % des gens Ă  cause d’une minoritĂ© de 0,01 %. Tout Ă  fait ! C’est comme pour le passe vaccinal ! Bravo ! Ce principe gĂ©nĂ©ral est valable pour un grand nombre de nos discussions ! Si je retire l’amendement no 9, je maintiens donc l’amendement no 12. L’amendement no 9 est retirĂ©. L’amendement no 12 n’est pas adoptĂ©. L’article 3 n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Claudia Rouaux, pour soutenir l’amendement no 17, portant article additionnel aprĂšs l’article 3. La mission d’accessibilitĂ© bancaire reste du ressort exclusif de La Poste, alors que, du fait de la crise actuelle, le nombre de personnes en situation de fragilitĂ© bancaire est en forte outre, de mĂ©moire, 30 % des bĂ©nĂ©ficiaires d’une offre spĂ©cifique sont Ă  La Poste – sur ce point aussi, nous avons eu Ă©normĂ©ment de mal Ă  obtenir des chiffres. Ce n’est pas sans enjeu, car la compensation financiĂšre que l’État verse aux banques pour ce service se rĂ©vĂšle insuffisante. Les deux reprĂ©sentants de la Direction gĂ©nĂ©rale des finances publiques DGFIP que nous avons auditionnĂ©s nous ont en tout cas confirmĂ© que de nombreux clients de La Poste se trouvaient en situation de fragilitĂ© amendement vise Ă  obtenir des prĂ©cisions sur la rĂ©partition entre les banques des obligations relatives aux clients connaissant des situations financiĂšres difficiles et le coĂ»t que cela engendre pour les unes et les autres, afin, le cas Ă©chĂ©ant, de mieux les rĂ©partir entre La Poste et les autres Ă©tablissements bancaires. Quel est l’avis de la commission ? Vous demandez la remise d’un rapport relatif aux obligations des Ă©tablissements bancaires Ă  l’égard des publics fragiles, qui dĂ©taillerait l’effectivitĂ© de ces politiques ainsi que l’impact pour les banques d’une baisse des ne suis pas persuadĂ© de la nĂ©cessitĂ© d’un tel rapport. Tout d’abord, l’Observatoire de l’inclusion bancaire – l’OIB –, dont nous avons beaucoup parlĂ© lors de nos dĂ©bats, peut dĂ©jĂ  recueillir ce type d’informations. En outre, de nombreux rapports ont rĂ©cemment Ă©tĂ© publiĂ©s sur la question, notamment celui de la Cour des comptes – dont nous nous sommes beaucoup inspirĂ©s les uns et les autres – et celui rĂ©digĂ© par notre collĂšgue Philippe Chassaing dans le cadre de la mission parlementaire relative Ă  la prĂ©vention du surendettement et au dĂ©veloppement du je crois qu’au regard de l’objectif poursuivi, mentionnĂ© dans l’exposĂ© des motifs – connaĂźtre la rĂ©partition des clients fragiles entre La Poste et les autres banques –, le rapport demandĂ© est un peu commission n’a pas examinĂ© cet amendement ; Ă  titre personnel, j’émets un avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? Avis dĂ©favorable. Les modalitĂ©s concrĂštes d’application de la politique d’inclusion bancaire et l’évaluation de son impact sur les publics fragiles font dĂ©jĂ  l’objet d’une large documentation, depuis plusieurs effet, l’OIB, qui associe les reprĂ©sentants d’associations de lutte contre l’exclusion, de fĂ©dĂ©rations professionnelles bancaires et d’administrations, publie chaque annĂ©e un rapport dĂ©taillĂ© qui prĂ©cise le bilan de chacun des volets de cette politique permet de bĂ©nĂ©ficier d’une vision exhaustive des avancĂ©es rĂ©alisĂ©es sur l’ensemble des dispositifs de protection en matiĂšre de droit au compte, de fragilitĂ© financiĂšre et de plafonnement des frais Gouvernement s’est par ailleurs attachĂ© Ă  renforcer les obligations de transparence applicables au secteur bancaire, s’agissant des comptes dĂ©tenus par des clients fragiles. L’arrĂȘtĂ© pris par le ministre de l’économie, des finances et de la relance le 7 septembre 2020 prĂ©cise ainsi les Ă©lĂ©ments d’information sur ces comptes que doivent transmettre les Ă©tablissements bancaires de maniĂšre trimestrielle Ă  l’ outre, des rapports sont rĂ©guliĂšrement rĂ©digĂ©s par l’Observatoire des tarifs bancaires concernant les tarifs bancaires ou – comme vous le demandez, madame la dĂ©putĂ©e – la mission d’accessibilitĂ© bancaire, en particulier lors du processus de notification de l’aide d’État de cette mission Ă  la Commission supports et outils existants me paraissent ainsi suffisamment robustes et divers pour garantir une information exhaustive sur la politique d’inclusion bancaire. La parole est Ă  M. Bertrand Pancher. Ce n’est pas d’un rapport dont nous avons besoin, mais de l’adoption de cette proposition de loi ! Tous les articles ont Ă©tĂ© rejetĂ©s ; on ne votera donc pas sur l’ensemble du remercie en tout cas Charles de Courson et l’ensemble des parlementaires du groupe LibertĂ©s et territoires d’avoir lancĂ© l’idĂ©e d’une rĂ©gulation profonde des commissions dĂ©bats, qui ont animĂ© l’hĂ©micycle pendant une partie de l’aprĂšs-midi et en ce dĂ©but de soirĂ©e, ont dĂ©montrĂ© que de nombreux pays, alors qu’on les disait plus libĂ©raux que nous, ont adoptĂ© une telle rĂ©gulation ; que parmi les pays voisins, beaucoup sont engagĂ©s dans ces mesures de bon publique retiendra que certains croient encore Ă  la main invisible du marchĂ© – ce sont les premiers chapitres des premiers cours de sciences Ă©conomiques –, alors que d’autres, parce qu’ils sont sur le terrain Applaudissements sur les bancs du groupe LT , voient que tout ça ne fonctionne pas. Si nous ne jouons pas notre rĂŽle, si nous ne faisons pas en sorte de remettre la puissance publique lĂ  oĂč il le faut, nos concitoyens nous regarderont avec ahurissement, se disant que nous ne comprenons pas et que nous sommes du cĂŽtĂ© de la finance, du grand capital et d’un libĂ©ralisme effrĂ©nĂ© dans lequel personne n’a ce que je voulais dire ce soir, puisque nous n’aurons pas d’explications de vote. Je regrette que nous n’ayons pas saisi cette chance unique, notamment pour les 3,8 millions de Français les plus dĂ©munis. Nous retiendrons de ces dĂ©bats leur nĂ©cessaire appropriation par la ou le prochain PrĂ©sident de la RĂ©publique, qui considĂ©rera que la justice sociale est nĂ©cessaire dans notre pays. Applaudissements sur les bancs des groupes LT et GDR. Notre prĂ©sident est un visionnaire ! La parole est Ă  M. Philippe Chassaing. À mon tour de remercier M. de Courson et le groupe LibertĂ©s et territoires de nous avoir permis de discuter de ces sujets. Sortons de la caricature nous ne croyons pas aux libres forces du marchĂ©, ni Ă  la libre concurrence, bien au contraire. Sinon, nous ne serions pas intervenus dĂšs 2018 pour essayer d’apporter une rĂ©gulation Ă  celles et ceux qui Ă©taient touchĂ©s par des frais d’incidents bancaires. Nous avons instaurĂ© un plafonnement Ă  20 et 25 euros, afin que les plus vulnĂ©rables soient partageons l’importance de l’enjeu ; nous divergeons sur la mĂ©thode. Nous sommes d’accord pour considĂ©rer qu’il y a eu des avancĂ©es pendant la lĂ©gislature. Les efforts doivent dĂ©sormais porter sur l’offre spĂ©cifique ; probablement faudra-t-il en amĂ©liorer le menu et le contenu. Il y a lieu de porter nos efforts sur ce point 4 millions de personnes sont dĂ©tectĂ©es comme Ă©tant fragiles financiĂšrement ; seulement 700 000 sont dĂ©tentrices de l’offre spĂ©cifique. Il y a lĂ  un vĂ©hicule pour essayer de mieux protĂ©ger les a Ă©tĂ© dit tout Ă  l’heure la question des autoentrepreneurs et des indĂ©pendants est une vraie question. Le coĂ»t bancaire pour ceux qui ont ces statuts doit ĂȘtre mieux connu et mieux maĂźtrisĂ©. Je partage votre combat il faudrait progresser au cours de la prochaine lĂ©gislature, en documentant mieux et plus amplement ce sujet, qui fait l’objet d’informations encore fond, la question posĂ©e a Ă©tĂ© celle du modĂšle bancaire. Est-ce qu’il repose sur les incidents bancaires ou sur autre chose ? Je partage votre questionnement Ă  ce sujet. Il y aurait lieu de mieux comprendre le modĂšle bancaire. À l’occasion d’un prochain mandat, il faudrait Ă©tudier ce sur quoi repose le modĂšle bancaire et vers quoi il se dirige. La parole est Ă  M. Bruno Questel. La question qui se pose Ă  nous ce soir, Ă  travers ces dĂ©bats, est celle du modĂšle de sociĂ©tĂ© que nous voulons. Lorsque j’étais avocat dans une commune rurale, j’ai souvenir d’avoir eu Ă  gĂ©rer des dossiers oĂč des personnes se mettaient dans des difficultĂ©s abyssales elles sollicitaient des emprunts Ă©normes, par internet, au moyen parfois de documents d’identitĂ© falsifiĂ©s. Devant le juge aux affaires familiales, elles dĂ©taillaient des logiques visant Ă  embĂȘter l’autre la dĂ©structuration des rapports humains et sociaux, concernant notamment les questions bancaires – tout Ă  l’heure a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© le rĂŽle essentiel des bureaux de poste dans les villages –, a Ă©tĂ© perdu le fil qui doit guider chacun de nous par rapport aux engagements qu’il prend. L’État et la RĂ©publique doivent aussi rĂ©tablir les conditions de ce lien essentiel, pour Ă©viter que l’on accompagne inconsciemment – je parle de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble – des gens Ă  se mettre en trĂšs grande difficultĂ©. Ce n’est pas possible de dire ça ! Je ne vous ai pas interrompu. Je vous interromps ! Tout le monde sait que vous ĂȘtes malpoli, cher collĂšgue ! Quand vous mĂ©prisez les pauvres gens, oui ! Je dis simplement que des personnes peuvent se laisser prendre dans un systĂšme qui les dĂ©passe. Faire accroire que tout un chacun est maĂźtre de son destin lorsqu’il entreprend des dĂ©marches est illusoire, angĂ©lique ou dĂ©magogique je vous laisse cocher la case que vous souhaitez. Le systĂšme bancaire dans son ensemble est un monstre, qui peut parfois broyer certains de nos concitoyens. Je tenais Ă  le rappeler. La parole est Ă  M. Alexis CorbiĂšre. Dans ces Ă©changes qui font office de conclusion aux dĂ©bats, je remercie le collĂšgue de Courson et le groupe LibertĂ©s et territoires
 Merci ! 
d’avoir proposĂ© ce sujet, qui concerne plusieurs millions de nos concitoyens entre 3,8 et 6 millions. PremiĂšrement, l’opacitĂ© entretenue sur ce chiffre est un problĂšme politique qu’il faudrait rĂ©gler. Nous devrions, je le rĂ©pĂšte, imposer aux Ă©tablissements bancaires de communiquer les profits M. François-Michel Lambert applaudit qu’ils rĂ©alisent chaque annĂ©e avec les frais bancaires, afin que l’on puisse discuter sur la base d’élĂ©ments rationnels, y compris avec eux puisqu’ils contestent les quoi que vous pensiez du comportement de certains de nos concitoyens – j’ai entendu parler d’éducation financiĂšre –, rien ne justifie que ce qui ne coĂ»te quasiment rien Ă  une banque, comme l’envoi d’un courriel, soit tarifĂ© 15, 18 ou 20 euros. Rien du tout, aucune logique. C’est du banditisme ! C’est du vol ! Je suis d’accord ! On vous vend quelque chose qui fait dĂ©jĂ  partie du service. Comme le bonneteau sur les marchĂ©s, qui est interdit, c’est de l’entourloupe ! Nous sommes passĂ©s Ă  cĂŽtĂ© de ce sujet. J’ai entendu M. le ministre dire que c’était normal, que cela avait un coĂ»t pour les banques. Ce coĂ»t est surfacturĂ©, Ă  un point qui est choquant et qui touche au scandale ! Il a pour consĂ©quence d’accumuler les difficultĂ©s pour des gens qui sont dĂ©jĂ  en difficultĂ©. Le problĂšme ne concerne pas simplement le nombre de nos concitoyens qui glissent dans les difficultĂ©s financiĂšres ; le problĂšme, c’est que les Ă©tablissements bancaires en rajoutent
 Bien sĂ»r ! 
de maniĂšre Ă©hontĂ©e ! Le systĂšme de sanction est trĂšs faible. Sans vouloir dĂ©former ses propos, M. le ministre a Ă©voquĂ© tout Ă  l’heure quatre procĂšs-verbaux qui ont Ă©tĂ© dressĂ©s, si j’ai bien compris. Je ne suis pas un service de contrĂŽle financier, mais nous avons tous eu dans nos permanences des personnes venues nous montrer des choses choquantes. On a peine Ă  croire qu’à l’arrivĂ©e, il y ait aussi peu de sanctions, alors que des gens se retrouvent avec 800 euros de plus Ă  payer Ă  la fin du mois, en raison des frais bancaires qui se sont accumulĂ©s de diffĂ©rentes il faudra reprendre cette tĂąche, puisque nous n’y sommes pas arrivĂ©s aujourd’hui. Une fois de plus, nous avons entendu le discours consistant Ă  dire Faisons confiance aux diffĂ©rentes rĂ©glementations en place », qui passe Ă  cĂŽtĂ© du fait qu’il faut lĂ©gifĂ©rer, car les Ă©tablissements bancaires ne comprennent que ça. La situation perdurera et c’est bien dommage. La parole est Ă  M. StĂ©phane Peu. En guise de conclusion Ă  ce dĂ©bat, je veux moi aussi remercier le groupe LibertĂ©s et territoires et Charles de Courson d’avoir dĂ©posĂ© la proposition de loi. Pendant la pause, j’ai envoyĂ© plusieurs courriels, parce qu’il y a un grand problĂšme dans ma circonscription. C’est trĂšs simple le principal bailleur HLM a fait des rappels de charges, qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©s erronĂ©s. ConcrĂštement, cela signifie que l’essentiel des locataires, qu’on a invitĂ©s Ă  autoriser les prĂ©lĂšvements bancaires pour leurs loyers et leurs charges, se retrouvent avec des sommes de 300, 400 ou 500 euros prĂ©levĂ©es sur leur compte. Bien sĂ»r ! Elles seront sans doute restituĂ©es dans deux ou trois mois par le bailleur, qui commence Ă  reconnaĂźtre son erreur. Mais les personnes au SMIC, aux minima sociaux ou au chĂŽmage, auront pendant trois mois un dĂ©couvert sur leur compte qui leur sera facturĂ© au prix fort. Tout Ă  fait ! C’est une spirale infernale plus vous ĂȘtes dans la difficultĂ©, plus les banques vous sont 6,5 milliards d’euros de pactole pour les banques ! Il y a lĂ  quelque chose d’indigne et d’assez scandaleux. La proposition de loi Ă©tait relativement modeste, puisqu’elle ne visait pas Ă  supprimer les frais, mais d’une part Ă  les plafonner pour qu’il n’y ait pas d’exagĂ©ration, et d’autre part Ă  garantir le droit au compte. C’était une proposition raisonnable. Je ne comprends pas l’obstination Ă  refuser cette avancĂ©e visant Ă  protĂ©ger les plus fragiles de nos font les banques avec ce systĂšme ? Quand une personne est en difficultĂ©, en train de se noyer, plutĂŽt que de lui tendre la main, elles lui mettent le pied sur la tĂȘte pour l’enfoncer un peu plus. Ce n’est pas correct ! Beaucoup d’accidents ne sont pas dus Ă  de la mauvaise foi ou Ă  de l’irresponsabilitĂ©, mais Ă  des difficultĂ©s de la vie. Je viens de prendre l’exemple des charges locatives appelĂ©es et prĂ©levĂ©es indĂ»ment, mais il peut y en avoir beaucoup d’autres. C’est le principe j’ai bien envie de les emmerder » ! La parole est Ă  Mme Claudia Rouaux. Je tiens Ă©galement Ă  remercier le groupe LibertĂ©s et territoires et Charles de Courson pour la proposition de loi. Applaudissements sur les bancs du groupe LT. Je le disais Ă  Alexis CorbiĂšre, la premiĂšre fois que je suis intervenue dans l’hĂ©micycle, c’était sur ce sujet, lors de l’examen d’une proposition de loi qu’il avait du mal Ă  entendre certaines choses. Pendant dix ans, j’ai prĂ©sidĂ© une commission d’action sociale, oĂč quelquefois les gens se retrouvaient Ă  mi-traitement parce qu’ils Ă©taient en maladie ordinaire. Quand on a 700 euros par mois, on a quand mĂȘme besoin de vivre ; alors quand ils voyaient de la publicitĂ© pour Sofinco ou autre, ils Ă©taient tentĂ©s. Ce n’est pas un problĂšme de gestion, c’est tout simplement qu’on a besoin de nourrir ses enfants, de se dĂ©placer, de se chauffer, de doit ĂȘtre protecteur. Vous avez soulevĂ© ce point il faut que l’on travaille sur ces organismes de crĂ©dit, qui prĂȘtent de l’argent facilement, Ă  des taux de presque 12 %. Ça aussi, c’est un scandale. LĂ  aussi, il faudra lĂ©gifĂ©rer, parce que c’est scandaleux. La proposition de loi ne va pas assez loin, c’est pour ça qu’il vaut mieux ne pas la voter ! Il vaut mieux commencer petit et finir grand que ne rien faire du tout ! S’agissant de l’offre spĂ©cifique, les personnes peuvent y rester trĂšs peu de temps, avant de retourner dans les clients fragiles. Dans les 3,8 millions de clients fragiles, un tiers paie des frais bancaires assez importants. Pourquoi est-ce qu’ils ne bĂ©nĂ©ficient pas de l’offre spĂ©cifique, pour ĂȘtre protĂ©gĂ©s ? Il y avait beaucoup d’autres sujets, nous aurions pu avancer un peu. Merci, chers collĂšgues, d’avoir prĂ©sentĂ© cette proposition de loi. M. François-Michel Lambert applaudit. L’amendement no 17 n’est pas adoptĂ©. L’ensemble des articles et des amendements portant article additionnel ayant Ă©tĂ© rejetĂ©s, la proposition de loi est rejetĂ©e. HĂ©las ! L’ordre du jour appelle la discussion, en application de l’article 34-1 de la Constitution, de la proposition de rĂ©solution invitant le Gouvernement Ă  accorder l’asile politique Ă  Julian Assange et Ă  faciliter l’accĂšs au statut de rĂ©fugiĂ© pour les lanceurs d’alerte Ă©trangers no 4867. Dans la discussion gĂ©nĂ©rale, la parole est Ă  Mme Jennifer De Temmerman. Depuis dix ans, Julian Assange subit un acharnement politico-judiciaire. Pour quel crime ? Celui d’avoir effectuĂ© son travail de journaliste et d’avoir portĂ© haut la libertĂ© d’expression et la libertĂ© d’informer. Pour avoir fait Ɠuvre de vĂ©ritĂ©. EmprisonnĂ©, isolĂ©, traitĂ© comme on ne devrait jamais traiter un individu dans un pays signataire de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme CEDH.Depuis 2019, Julian Assange est incarcĂ©rĂ© en dĂ©tention provisoire Ă  la prison de haute sĂ©curitĂ© de Belmarsh au Royaume-Uni. Le rapporteur spĂ©cial de l’ONU sur la torture a dĂ©noncĂ© ses conditions de dĂ©tention. Cet homme risque d’ĂȘtre condamnĂ© Ă  175 ans de prison. Si ce n’est pas la peine de mort, ça y ressemble Ă©trangement. Comment la France, pays des droits de l’homme, pourrait-elle rester aphone plus longtemps sur cette question de dĂ©fense des libertĂ©s ?Le crĂ©ateur du site WikiLeaks est devenu l’un des plus grands lanceurs d’alerte en diffusant en 2010 des millions de documents confidentiels et compromettants Ă  l’égard de grandes puissances Ă©trangĂšres. Cet homme a rendu service Ă  notre nation, comme Ă  d’autres alliĂ©s. Julian Assange a rĂ©vĂ©lĂ© que plusieurs de nos chefs d’État et de nos ministres de l’économie avaient Ă©tĂ© espionnĂ©s par les États-Unis, tout comme l’ancienne chanceliĂšre proposition de rĂ©solution pose une question celle de la reconnaissance de la nation. Une nation n’est grande et respectĂ©e que lorsqu’elle se montre forte et indĂ©pendante. Applaudissements sur quelques bancs du groupe LT. Rappelons que Barack Obama lui-mĂȘme a pardonnĂ© Ă  Chelsea Manning. Julian Assange dĂ©fend la paix par la vĂ©ritĂ©. Il a Ă©tĂ© nominĂ© neuf fois pour le prix Nobel de la paix, soutenu par plusieurs laurĂ©ats. C’est une question de justice et d’hommage Ă  tous ceux qui luttent Ă  travers le monde et Ă  travers les Ăąges, parfois au pĂ©ril de leur vie, pour informer, dĂ©noncer, dĂ©fendre la paix, les libertĂ©s et des droits dernier, la commission mixte paritaire a Ă©tĂ© conclusive sur les propositions de loi portĂ©es par Sylvain Waserman, inspirĂ©es notamment par le rapport de deux autres dĂ©putĂ©s, RaphaĂ«l Gauvain et Olivier Marleix. Je souhaite saluer, en particulier, l’engagement de notre collĂšgue Sylvain Waserman. De l’hĂ©micycle de l’AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l’Europe APCE au nĂŽtre, il a permis de positionner la France comme un exemple international en matiĂšre de lĂ©gislation sur les lanceurs d’alerte, qui pourrait ĂȘtre confirmĂ© dĂšs aujourd’hui par le geste fort et symbolique de se prononcer en faveur du droit d’asile pour Julian Assange. Tel est l’objet du premier point de la proposition de sĂ»r, Julian Assange ne rĂ©side actuellement pas sur notre territoire. Tel est justement le but du deuxiĂšme point proposer une solution qui permettrait Ă  Julian Assange, mais aussi Ă  d’autres lanceurs d’alerte, d’introduire une demande pour un visa humanitaire ou pour l’asile au moyen du rĂ©seau consulaire, et Ă  l’Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides OFPRA de traiter les demandes Ă  les deux derniers points visent Ă  conforter la position avantageuse de la France, en invitant le Conseil de l’Europe – Ă  l’initiative de tant d’autres conventions, comme la Convention europĂ©enne des droits de l’homme ou la Convention d’Istanbul sur la prĂ©vention et la lutte contre la violence Ă  l’égard des femmes et la violence domestique –, Ă  engager les travaux d’élaboration d’une grande convention, pour dĂ©finir et accorder le statut de rĂ©fugiĂ© aux lanceurs d’alerte, et le Gouvernement Ă  saisir la formidable opportunitĂ© de l’actuelle prĂ©sidence française du Conseil de l’Union europĂ©enne pour faire de cette question une prioritĂ© de travail des institutions chers collĂšgues, quel que soit le sort de la prĂ©sente proposition de rĂ©solution, aujourd’hui est une victoire Applaudissements sur quelques bancs du groupe LT. – M. CĂ©dric Villani applaudit Ă©galement car, en faisant rĂ©sonner le nom de Julian Assange ce soir, nous redonnons une voix Ă  celui qui n’en a plus, Ă  celui qui doit se taire. Nous sommes une soixantaine de dĂ©putĂ©s de tous bords politiques Ă  nous ĂȘtre associĂ©s Ă  cette proposition de rĂ©solution pour dĂ©fendre Julian Assange et, plus largement, tous les lanceurs d’alerte. Je le sais sensible Ă  cette initiative, lui qui a un lien si particulier avec la semaine, par les textes que nous examinons, je vous invite Ă  dĂ©montrer la grandeur de la France, Ă  dĂ©fendre la vĂ©ritĂ©, la paix et leurs combattants, les lanceurs d’alerte. À travers l’Europe et le monde, de nombreuses voix s’élĂšvent en soutien Ă  Julian Assange. Ce soir, nous amplifions un Ă©cho qui ne s’arrĂȘtera pas lĂ . Il y aura d’autres soirs, d’autres jours, oĂč nous continuerons ensemble, en France et au-delĂ  de nos frontiĂšres, cette lutte pour ce qui est conclurai en remerciant les membres de mon groupe pour leur confiance, CĂ©dric Villani, Jean Lassalle et François Ruffin pour le travail commun, et tous les ceux qui, en France et dans le monde, ont apportĂ© et apporteront leur soutien Ă  cette cause. Merci Ă  ses avocats, Ă  toutes les associations et Ă  tous les soldats inconnus de cette grande cause. Pour sa femme, ses enfants, son pĂšre et ses proches. Pour Julian Assange. Applaudissements sur les bancs des groupes LT, SOC, FI et GDR. – M. CĂ©dric Villani applaudit Ă©galement. La parole est Ă  M. Jean Lassalle. L’histoire de Julian Assange nous bouleverse tous, car elle est Ă  la fois celle d’un journaliste passionnĂ© par l’humain, la vĂ©ritĂ© et la justice, celle d’un lanceur d’alerte dĂ©terminĂ© Ă  nous protĂ©ger et celle d’un humain qu’on a brisĂ© et qui s’est arrĂȘtĂ© de suis profondĂ©ment convaincu que Julian Assange est l’un des hĂ©ros de notre temps. Il incarne les valeurs dĂ©mocratiques telles que nous les connaissons depuis la seconde guerre mondiale au service de l’humain et du respect des rĂšgles fixĂ©es par la Convention europĂ©enne des droits de l’homme. De trĂšs nombreux pays – signataires de cette convention comme la France – se rendent Ă  son chevet et tentent de lui apporter tout leur soutien pour le service rendu. Tous ces pays, comme la France, dĂ©fendent la libertĂ© de la presse, la libertĂ© de dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ©, de la rendre publique et ainsi de protĂ©ger les citoyens, leur dignitĂ©, leur santĂ© et l’ensemble de leurs collĂšgues, ce sont aussi ces mĂȘmes valeurs qui nous rĂ©unissent aujourd’hui autour de ce texte, afin d’accorder l’asile politique Ă  Julian Assange. Nous pouvons d’ores et dĂ©jĂ  ĂȘtre fiers de donner toute la place dans cet hĂ©micycle, la maison du peuple, Ă  travers mers, ocĂ©ans et continents, Ă  cette discussion comment pouvons-nous l’aider ? Comment s’unir avec nos partenaires internationaux pour cette mĂȘme cause ? Quelle issue est possible ?HĂ©las, le temps nous presse. Sa compagne Stella Morris et son pĂšre John Shipton, que nous avons reçus Ă  l’AssemblĂ©e nationale le 16 novembre dernier, nous l’ont dit Chaque semaine il est plus faible. Ils sont en train de tuer Julian Assange en ce moment, lentement. Je vous remercie de faire tout ce que vous pouvez pour sauver sa vie. » Nous, dĂ©putĂ©s, le cri du cƓur de la compagne de Julian Assange nous a bouleversĂ©s et nous a rappelĂ© que nous devons avancer au plus collĂšgues, vous ĂȘtes nombreux Ă  avoir cosignĂ© cette proposition de rĂ©solution Applaudissements sur les bancs du groupe LT 
 Lassalle, prĂ©sident ! 
de ma collĂšgue Jennifer De Temmerman, de tous bords, dans une dĂ©marche transpartisane. Nous sommes capables de dĂ©passer nos diffĂ©rences et nos sensibilitĂ©s pour nous unir dans ce combat, pour nos valeurs les plus profondes, dans ce moment historique. Nous sommes, par ailleurs, trois candidats Ă  l’élection prĂ©sidentielle de 2022 Ă  avoir cosignĂ© cette proposition de rĂ©solution. Il est donc de notre devoir de nous emparer de ce dĂ©bat et de le rendre public, en l’ouvrant Ă  nos pouvons trouver un consensus afin d’apporter un cadre lĂ©gal au soutien Ă  Julien Assange. Nous souhaitons le voir libre, demain, pour qu’il puisse poursuivre son engagement pour les libertĂ©s. Ce soir, nous sommes lĂ  pour rappeler et pour voter en sa faveur, dans le long combat qui l’ message est vital pour lui. Il est Ă©galement important de l’envoyer Ă  tous les journalistes et Ă  tous les lanceurs d’alertes menacĂ©s et emprisonnĂ©s un peu partout dans le monde nous ne les oublions pas et nous nous battrons toujours, jusqu’au bout, pour les dĂ©fendre, comme eux se battent pour vous remercie d’ĂȘtre prĂ©sents pour Julian Assange, et je remercie tout particuliĂšrement ma collĂšgue, la dĂ©putĂ©e Jennifer De Temmerman Applaudissements sur les bancs du groupe LT, pour cette proposition de rĂ©solution, mes collĂšgues, les dĂ©putĂ©s CĂ©dric Villani et François Ruffin, pour avoir acceptĂ© cette dĂ©marche transpartisane, et mon groupe, LibertĂ©s et territoires, pour nous avoir permis de porter ce texte dans cet hĂ©micycle. Mes chers collĂšgues, le sort de Julian Assange est entre nos mains ! Applaudissements sur les bancs des groupes LT, SOC et FI. – M. CĂ©dric Villani applaudit Ă©galement. La parole est Ă  M. StĂ©phane Peu. L’action des lanceurs d’alerte est essentielle dans notre dĂ©mocratie, car ils portent Ă  notre connaissance les dĂ©rives et les abus de ceux qui se croient au-dessus des lois. Ces derniĂšres annĂ©es, de nombreuses affaires de fraude fiscale, d’abus de pouvoir, de civils victimes de bavures ou de tortures ont Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©es grĂące Ă  la mobilisation d’hommes et de femmes engagĂ©s pour l’intĂ©rĂȘt Ă  celles et ceux qui utilisent leur position pour enfreindre volontairement les rĂšgles, face Ă  celles et ceux qui se croient assurĂ©s de l’impunitĂ©, ces hommes et ces femmes font preuve d’un grand courage pour oser les dĂ©noncer publiquement. Cela s’inscrit au cƓur d’un processus de moralisation qui touche l’ensemble de notre sociĂ©tĂ©. Les citoyens et les citoyennes exigent une plus grande transparence, aussi bien en ce qui concerne l’action des États qu’envers les hommes et les femmes politiques, les entitĂ©s publiques ou les entreprises lanceurs d’alerte aspirent Ă  ĂȘtre des acteurs au sein de nos dĂ©mocraties, non des spectateurs impuissants face aux dĂ©rives dont ils sont les tĂ©moins. Ils agissent lĂ  oĂč nos systĂšmes de contrĂŽle et de rĂ©gulation sont, le plus souvent, dĂ©faillants. Toutefois, dĂ©noncer ces faits dĂ©lictueux est une dĂ©cision qui peut bouleverser une vie entiĂšre. Le risque de reprĂ©sailles se rĂ©vĂšle un frein, tant elles peuvent ĂȘtre violentes et destructrices pour soi et pour son entourage. Pour les lanceurs d’alerte, il y a souvent une vie avant et une vie aprĂšs l’ ce que vit Julian Assange. Depuis dix ans, Julian Assange est un homme traquĂ©, Ă©piĂ©, espionnĂ©. Depuis dix ans, Julian Assange est privĂ© de libertĂ© d’abord Ă  l’ambassade de l’Équateur Ă  Londres, qu’il ne pouvait quitter sous peine d’ĂȘtre arrĂȘtĂ© par la police britannique, et, depuis 2019, dans une prison londonienne de haute sĂ©curitĂ©, dans un cadre de dĂ©tention particuliĂšrement Julian Assange est un prisonnier politique. À ce titre, le rapporteur spĂ©cial de l’ONU sur la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants a dĂ©clarĂ© que Julian Assange prĂ©sente tous les symptĂŽmes typiques d’une exposition prolongĂ©e Ă  la torture psychologique, une anxiĂ©tĂ© chronique et des traumatismes psychologiques intenses ».Aux yeux des États-Unis, Julian Assange est coupable d’espionnage il risque pour cela 175 annĂ©es de prison. À nos yeux, Julian Assange a dĂ©noncĂ© des agissements barbares et des bavures inqualifiables, qu’il fallait rendre publics. Je rappelle d’ailleurs que c’est grĂące aux informations de Julian Assange que nous avons appris que trois prĂ©sidents de la RĂ©publique française et deux ministres français ont Ă©tĂ© espionnĂ©s par l’État est temps de mettre fin Ă  l’acharnement subi par Julian Assange. Il est temps de mettre fin Ă  ces dix longues annĂ©es d’une vie volĂ©e. Ceux qui veulent l’emprisonner se servent de lui comme d’un exemple. À travers son expĂ©rience, ce sont tous les futurs lanceurs d’alerte que l’on tente de dissuader d’agir. Aussi, face au chantage, Ă  la rĂ©pression, Ă  l’intimidation, la France doit se distinguer par un soutien indĂ©fectible Ă  ces hommes et Ă  ces femmes menacĂ©s. MM. Jean Lassalle et CĂ©dric Villani applaudissent. Lorsqu’un lanceur d’alerte est en danger Ă  cause des informations qu’il a divulguĂ©es, et qu’il n’a commis aucun acte illĂ©gal aux yeux de notre loi, notre pays doit se tenir Ă  ses cĂŽtĂ©s, en lui apportant appui et protection. Comme la France le fait dĂ©jĂ  pour les personnes menacĂ©es en Afghanistan, par exemple, il faut faciliter les demandes d’asile pour les lanceurs d’alerte Ă©trangers. Lorsque des circonstances exceptionnelles empĂȘchent le lanceur d’alerte de se dĂ©placer, il doit ĂȘtre autorisĂ© Ă  formuler une demande d’asile, oĂč qu’il se trouve, et celle-ci doit ĂȘtre traitĂ©e sans novembre dernier, notre assemblĂ©e a adoptĂ© une proposition de loi bien plus protectrice pour les lanceurs d’alerte que notre lĂ©gislation actuelle. Si j’ai saluĂ© – ainsi que mon groupe – les avancĂ©es que ce texte apporte, je regrette nĂ©anmoins que nous n’ayons pas saisi cette occasion pour mieux protĂ©ger les lanceurs d’alerte en dehors de nos frontiĂšres. Ainsi, le groupe de la Gauche dĂ©mocrate et rĂ©publicaine apporte son soutien Ă  Julian Assange et Ă  tous les lanceurs d’alerte. Le contrĂŽle qu’ils exercent est prĂ©cieux pour nos dĂ©mocraties, car portĂ© par une exigence d’éthique et de probitĂ©. En consĂ©quence, nous soutenons pleinement cette proposition de rĂ©solution. Applaudissements sur les bancs des groupes LT, SOC et FI. – M. CĂ©dric Villani applaudit Ă©galement. La parole est Ă  M. Jean François Mbaye. La proposition de rĂ©solution du groupe LibertĂ©s et territoires soulĂšve opportunĂ©ment la question de la protection des lanceurs d’alerte en gĂ©nĂ©ral et, plus singuliĂšrement, de la situation de Julian Assange, figure incarcĂ©rĂ© en Grande-Bretagne aprĂšs avoir Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  l’exil et avoir subi des traitements inhumains, sa libertĂ© demeure compromise et son avenir incertain. Aucun dĂ©fenseur des droits de l’homme ne saurait supporter une situation si disproportionnĂ©e. Le rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants nous le rappelle d’ailleurs dans son travaux rĂ©cents ont prouvĂ© que, parmi l’ensemble des groupes politiques prĂ©sents dans l’hĂ©micycle, aucun n’était insensible au sort des lanceurs d’alerte. Si notre assemblĂ©e ne saurait rester indiffĂ©rente, il convient nĂ©anmoins qu’elle s’exprime, afin de faire Ă©voluer de maniĂšre tangible la situation de Julien Assange et de tous les autres lanceurs d’alerte. Or la prĂ©sente proposition de rĂ©solution comporte un certain nombre de points litigieux qu’il est difficile d’ignorer, eu Ă©gard aux enjeux qu’elle entend premier point tient Ă  ce qu’elle prĂ©sente la dĂ©cision d’accorder le statut de rĂ©fugiĂ© comme relevant de la seule volontĂ© politique de l’exĂ©cutif. Or le droit d’asile rĂ©pond Ă  un cadre juridique qui suppose la rĂ©union de conditions et le respect de procĂ©dures objectivement Ă©tablies. Aussi, ce n’est pas le gouvernement français qui accorde le statut de rĂ©fugiĂ©, mais bien l’Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides, dont les dĂ©cisions sont prises Ă  la lumiĂšre de la jurisprudence de la Cour nationale du droit d’asile – CNDA. Rappelons, par ailleurs, qu’en vertu de l’article L. 121-7 du code de l’entrĂ©e et du sĂ©jour des Ă©trangers et du droit d’asile – CESEDA –, l’Office statue en toute indĂ©pendance et de maniĂšre impartiale. Il en ressort que l’obtention du statut de rĂ©fugiĂ© repose sur des rĂšgles assurant la sĂ©curitĂ© juridique et l’égalitĂ© de traitement des demandes, ce qui, vous en conviendrez, peut difficilement ĂȘtre dĂ©plorĂ© par le lors et quelle que soit l’apprĂ©ciation que chacun est libre de porter sur les actions de Julian Assange, l’asile ne saurait en aucun cas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une contrepartie Ă  un service rendu, qu’il soit avĂ©rĂ© ou supposĂ©, car cela risquerait de dĂ©stabiliser tout un pan de notre droit et, avec lui, notre politique d’asile. NĂ©anmoins, une rĂ©forme n’est-elle pas envisageable, voire souhaitable ? Sans doute. Toutefois, une telle entreprise nĂ©cessiterait un minutieux travail de fond afin d’apprĂ©cier les consĂ©quences qu’elle pourrait directement avoir pour les surplus, madame la rapporteure, vous avez vous-mĂȘme concĂ©dĂ© dans un article de presse publiĂ© mercredi dernier que l’adoption de votre proposition de rĂ©solution ne permettrait pas Ă  Julian Assange de recouvrer la est noble et nous devons adopter une position qui nous permette de faire avancer concrĂštement la ailleurs, cette proposition de rĂ©solution contient deux citations de membres de l’exĂ©cutif, l’une du PrĂ©sident de la RĂ©publique et l’autre de l’actuel garde des sceaux. Toutes deux ont Ă©tĂ© sorties de leur contexte et desservent la pertinence du propos. Celle du chef de l’État est tirĂ©e d’un entretien donnĂ© au vidĂ©aste Hugo Travers en 2019 et concerne une situation sans rapport avec celle de Julian Assange. En Ă©voquant la libertĂ© des individus », le prĂ©sident faisait en fait rĂ©fĂ©rence Ă  un membre des forces spĂ©ciales, dont le nom avait Ă©tĂ© divulguĂ© dans la presse et qui avait agi en justice en son nom propre contre une journaliste. Lorsque Éric Dupond-Moretti a tenu les propos citĂ©s, il n’était pas encore garde des sceaux, mais, effectivement, l’avocat de Julian l’aurez compris, telle qu’elle est rĂ©digĂ©e, nous ne pouvons pas souscrire Ă  cette proposition de rĂ©solution. En revanche, dans le prolongement de la proposition de loi de notre collĂšgue Sylvain Waserman dont nous examinerons la semaine prochaine le texte issu de la commission mixte paritaire conclusive, nous sommes intimement convaincus qu’il est nĂ©cessaire et pertinent de poursuivre le travail entrepris en faveur de la protection des lanceurs d’ que le suggĂšre la proposition de rĂ©solution, nous devons nous tourner vers l’Union europĂ©enne et le Conseil de l’Europe, afin d’élaborer avec nos partenaires un rĂ©gime Ă  mĂȘme de rĂ©pondre aux insuffisances systĂ©miques prĂ©judiciables Ă  tous les lanceurs d’alerte, sans exception. À l’aune de ce point de convergence, nous sommes donc dĂ©terminĂ©s et prĂȘts Ă  entreprendre Ă  vos cĂŽtĂ©s, madame la rapporteure, toutes les dĂ©marches nĂ©cessaires pour Ɠuvrer effectivement au renforcement des mesures de protection de l’ensemble des lanceurs d’alerte. Pour l’ensemble de ces raisons, et convaincu qu’il est pertinent d’avancer collectivement sur ces questions, le groupe La RĂ©publique en marche invite la rapporteure Ă  retirer sa proposition de rĂ©solution. Le cas Ă©chĂ©ant, nous serions donc amenĂ©s Ă  la rejeter. Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. Mais ils ne font que ça ! La parole est Ă  M. Nicolas Turquois. Les lanceurs d’alerte sont aujourd’hui des garants importants de nos libertĂ©s et de notre dĂ©mocratie. Au service de la vĂ©ritĂ©, leur engagement nous permet de lutter efficacement contre des crimes tels que la corruption, l’évasion fiscale, la surveillance de masse ou encore l’espionnage industriel. Pourtant, ces personnes se retrouvent bien souvent face Ă  un dilemme dire la vĂ©ritĂ© au grand jour ou sacrifier une carriĂšre, un quotidien ou une vie de famille. En effet, les consĂ©quences juridiques et financiĂšres sont des risques rĂ©els et majeurs auxquels s’exposent aujourd’hui les lanceurs d’ de l’importance de protĂ©ger ces derniers afin de faciliter l’alerte, j’ai moi-mĂȘme souhaitĂ© apporter ma signature Ă  la proposition de rĂ©solution que nous examinons. Mmes StĂ©phanie Kerbarh et Jennifer De Temmerman applaudissent. Je veux dire sans ambiguĂŻtĂ© qu’un homme ne peut pas et ne doit pas risquer un siĂšcle de prison pour avoir Ă©tĂ© lanceur d’alerte. C’est une atteinte insupportable aux droits de l’homme. Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et FI. – Mmes StĂ©phanie Kerbarh et Jennifer De Temmerman, ainsi que M. CĂ©dric Villani, applaudissent Ă©galement. Le cas de Julian Assange pose Ă  nos dĂ©mocraties un vĂ©ritable dĂ©fi. C’est probablement au niveau europĂ©en que nous pourrions le plus utilement imaginer un vĂ©ritable droit d’asile pour des lanceurs d’alerte notoires. Je lui dis – et nous devons lui dire – notre total soutien. Nous devons Ă©galement nous mobiliser sur le sujet parce que c’est le sens de nos valeurs humanistes et aujourd’hui ce que la France s’attache Ă  faire. Notre pays, conscient de la nĂ©cessitĂ© absolue des lanceurs d’alerte et de leur intĂ©rĂȘt pour la dĂ©mocratie, est pleinement engagĂ© Ă  leurs cĂŽtĂ©s pour assurer leur protection et la transparence de nos sociĂ©tĂ©s. La proposition de loi de mon collĂšgue Sylvain Waserman, rĂ©cemment adoptĂ©e successivement au sein des deux assemblĂ©es, fait des lanceurs d’alerte des piliers de nos dĂ©mocraties. Elle vient ainsi renforcer la loi Sapin 2 de 2016, faisant de la France un pays Ă  la pointe en Europe et dans le monde sur la question des lanceurs d’ revenir Ă  Julian Assange, la situation du lanceur d’alerte soulĂšve cependant plusieurs questions. M. Assange est soumis aux dĂ©cisions de la justice anglaise. Il se trouve ainsi dans un État qui garantit les libertĂ©s individuelles et oĂč la justice est indĂ©pendante. La France n’a pas vocation Ă  interfĂ©rer dans les dĂ©cisions juridiques souveraines de ses alliĂ©s. Oui ! Ainsi, il revient au Royaume-Uni de dĂ©cider du cas de M. Assange, d’autant qu’à notre connaissance et Ă  l’heure oĂč je vous parle, il n’a pas demandĂ© l’asile politique ni un visa en France. Or, si tel Ă©tait le cas, je rappelle qu’il reviendrait Ă  l’OFPRA de traiter sa demande. En effet, ni le Gouvernement ni les parlementaires ne peuvent interfĂ©rer dans les procĂ©dures de demandes d’ plus, il ne s’agit pas uniquement du cas de M. Assange. Vous le savez, le fait de voter en faveur de cette rĂ©solution constituerait une ingĂ©rence française dans les affaires juridiques de ses voisins et mettrait la France en porte-Ă -faux par rapport au droit international. C’est pour cela que le groupe Mouvement dĂ©mocrate MODEM et dĂ©mocrates apparentĂ©s ne soutiendra pas ce texte, malgrĂ© l’idĂ©al qu’il dĂ©fend et le soutien indĂ©fectible que nous devons Ă  M. Assange et Ă  son combat. On soutient, mais on s’en lave les mains ! Mme Natalia Pouzyreff proteste. La parole est Ă  Mme Claudia Rouaux. Je tiens Ă  remercier le groupe LibertĂ©s et territoires d’avoir inscrit cette proposition de rĂ©solution Ă  l’ordre du jour de sa niche parlementaire pour nous permettre de dĂ©battre et d’avancer, je l’espĂšre, sur ce sujet Ă©minemment politique. Il s’agit de protĂ©ger Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, qui a rĂ©vĂ©lĂ© l’espionnage de l’ÉlysĂ©e par nos alliĂ©s amĂ©ricains, mais aussi tous les lanceurs d’alerte poursuivis Ă  ce titre. Il s’agit de dĂ©fendre les libertĂ©s et la dĂ©mocratie, il s’agit de renouer avec une tradition chĂšre Ă  la France, celle d’ĂȘtre le pays des droits de l’ connaissons toutes et tous l’histoire de Julian Assange, qui mĂ©rite d’ĂȘtre rappelĂ©e. Pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© des informations d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral au moyen de son site WikiLeaks, notamment l’espionnage par les services secrets amĂ©ricains du PrĂ©sident de la RĂ©publique française et de chefs de gouvernement Ă©trangers, Julian Assange est persĂ©cutĂ© depuis douze ans, mis sur Ă©coute, espionnĂ©, surveillĂ© en permanence. Pendant sept annĂ©es, il s’est rĂ©fugiĂ© dans une piĂšce de 10 mĂštres carrĂ©s Ă  l’ambassade d’Équateur Ă  Londres. Depuis 2019, il est dĂ©tenu dans une prison anglaise de haute sĂ©curitĂ©, dans l’attente du dĂ©libĂ©rĂ© concernant son extradition aux États-Unis oĂč il risque 175 ans de Assange n’a pas simplement fourni des informations d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour le monde, il a donnĂ© des informations concernant particuliĂšrement la France. Julian Assange est donc un alliĂ© de la France, mais il n’est pas protĂ©gĂ©. Pourtant, l’ONU, le Conseil de l’Europe, Amnesty International, Human Rights Watch et des journalistes rĂ©clament sa libĂ©ration. Cette situation dĂ©passe les clivages politiques ; les principes fondamentaux de la dĂ©mocratie sont en raison de son combat fondamentalement politique, il est nĂ©cessaire de protĂ©ger Julian Assange en lui accordant le droit d’asile. Plus gĂ©nĂ©ralement, il est essentiel de permettre Ă  tout lanceur d’alerte de nationalitĂ© Ă©trangĂšre, poursuivi en raison de son combat en faveur de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie, de demander une protection Ă  la France. Nous rappelons que le droit d’asile est un droit Ă  valeur constitutionnelle en France. La Commission nationale consultative des droits de l’homme – CNCDH – recommande de permettre aux lanceurs d’alerte de bĂ©nĂ©ficier de ce droit. Le groupe Socialistes et apparentĂ©s, avec d’autres groupes politiques, avait d’ailleurs dĂ©posĂ© un amendement en ce sens sur la proposition de loi de notre collĂšgue Waserman visant Ă  amĂ©liorer la protection des lanceurs d’alerte, mais il n’a pas Ă©tĂ© entendu par la que cette question ne se conjugue pas au passĂ© et que nous connaĂźtrons certainement d’autres Julian Assange, peut-ĂȘtre dĂšs demain, il est urgent de garantir une rĂ©elle protection aux lanceurs d’alerte. Ainsi, pour que toutes celles et tous ceux qui s’engagent au nom de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, parfois au pĂ©ril de leur vie, puissent compter sur le soutien de la France et bĂ©nĂ©ficier de sa protection, nous voterons cette proposition de rĂ©solution. Applaudissements sur quelques bancs du groupe LT. La parole est Ă  Mme Patricia Lemoine. Nous sommes rĂ©unis aujourd’hui pour dĂ©battre, il faut en convenir, d’un sujet sensible. En effet, personne ne peut rester insensible Ă  la situation de Julien Assange qui, rappelons-le, encourt une peine d’emprisonnement de 175 ans pour avoir commis le crime d’ĂȘtre lanceur d’alerte. Bien entendu, c’est inacceptable sur le principe et contraire Ă  nos valeurs humanistes et europĂ©ennes. Je tiens donc Ă  indiquer que je m’exprimerai au nom d’une large majoritĂ© des dĂ©putĂ©s du groupe Agir ensemble qui ne peuvent soutenir ce texte, uniquement pour des raisons fondĂ©es sur le droit interne et le droit premier lieu, vous nous invitez Ă  accorder l’asile politique Ă  Julian Assange. Selon l’OFPRA, l’asile est la protection qu’accorde un État d’accueil Ă  un Ă©tranger qui ne peut, contre la persĂ©cution, bĂ©nĂ©ficier de celle des autoritĂ©s de son pays d’origine ». Or Julian Assange est dĂ©tenu en Grande-Bretagne. Le risque qu’il encourt actuellement est l’extradition vers les États-Unis. Le droit Ă  un procĂšs Ă©quitable garanti par les droits britannique et europĂ©en Ă  l’article 6 de la CEDH d’une part, et le due process of law amĂ©ricain protĂ©gĂ© par le Bill of Rights d’autre part, sont certes diffĂ©rents, mais assurent objectivement une procĂ©dure judiciaire digne de grands pays dĂ©mocratiques. Accorder le statut de rĂ©fugiĂ© politique Ă  Julian Assange reviendrait Ă  ne pas reconnaĂźtre l’impartialitĂ© de ces deux systĂšmes deuxiĂšme lieu, vous nous invitez Ă  faciliter l’accĂšs au statut de rĂ©fugiĂ© pour les lanceurs d’alerte Ă©trangers et Ă  leur accorder l’asile politique. L’OFPRA n’est aujourd’hui compĂ©tent que pour traiter les demandes d’asile dĂ©posĂ©es sur le territoire français. Il ne peut ĂȘtre saisi par une personne se trouvant Ă  l’étranger. Toutefois, un ressortissant Ă©tranger peut d’ores et dĂ©jĂ  solliciter un visa au titre de l’asile auprĂšs des autoritĂ©s françaises sur son lieu de rĂ©sidence. Un ressortissant Ă©tranger qui l’obtient pourra venir en France de maniĂšre rĂ©guliĂšre et poursuivre la procĂ©dure de demande d’asile. DĂšs lors, cette demande est largement troisiĂšme lieu, vous nous invitez Ă  saisir le Conseil de l’Europe en vue d’engager les travaux d’élaboration d’une convention spĂ©cifique visant Ă  confĂ©rer le statut de rĂ©fugiĂ© aux lanceurs d’alerte. Au mois d’aoĂ»t 2019 dĂ©jĂ , la commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l’Europe, par la voix du rapporteur Sylvain Waserman, a invitĂ© le comitĂ© des ministres Ă  lancer le processus de nĂ©gociation d’une convention sur la protection des lanceurs d’alerte. Cette recommandation a d’ailleurs Ă©tĂ© votĂ©e par les dĂ©putĂ©s de notre groupe, Alexandra Louis et Dimitri viens Ă  la quatriĂšme invitation, appelant Ă  faire des lanceurs d’alerte une prioritĂ© de travail des institutions communautaires. Il faut rappeler ici que le 23 octobre 2019 a Ă©tĂ© adoptĂ©e une directive europĂ©enne sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union or une directive europĂ©enne a un effet direct dans le droit des pays de l’ France, la proposition de loi visant Ă  amĂ©liorer la protection des lanceurs d’alerte et la proposition de loi organique visant Ă  renforcer le rĂŽle du DĂ©fenseur des droits en matiĂšre de signalement d’alerte ont Ă©tĂ© rĂ©cemment votĂ©es par notre Parlement. La commission mixte paritaire a Ă©tĂ© conclusive mardi dernier ces lois une fois promulguĂ©es feront de la France un pays Ă  la pointe en Europe et dans le monde sur la question des lanceurs d’alerte », selon les mots du rapporteur Sylvain Waserman, auxquels je souscris. Par ces textes, notre pays est allĂ© encore plus loin que les exigences posĂ©es dans la loi Sapin 2 et dans la directive europĂ©enne, ce dont nous nous fĂ©licitons. Il faut toutefois souligner que, mĂȘme dans ce cadre, Julian Assange n’aurait pu bĂ©nĂ©ficier de ce statut car il a rĂ©vĂ©lĂ© des informations couvertes par le secret de la dĂ©fense nationale, lesquelles sont exclues du champ de l’alerte permettant la reconnaissance du statut de lanceur d’ membres du groupe Agir ensemble voteront librement. Pour ma part, afin de respecter la volontĂ© de la majoritĂ© de mes collĂšgues, je voterai contre en formant le vƓu, monsieur le ministre dĂ©lĂ©guĂ©, que tous les moyens soient mis en Ɠuvre pour que Julien Assange recouvre la libertĂ©. La parole est Ă  M. François Ruffin. Quand la France se grandit-elle ? Quand sommes-nous fiers de notre pays ? La France se grandit quand elle fait rĂ©sonner son non face Ă  l’ordre mondial, face Ă  un ordre injuste. Nous sommes fiers d’elle, fiers de nous, quand elle fait entendre sa voix, sa voix d’indĂ©pendance et de rĂ©sistance, mĂȘme face aux superpuissances. Nous sommes fiers de la France de 1789, notre fondation, qui affronta toutes les monarchies, toutes les tyrannies rassemblĂ©es. Nous sommes fiers du non opposĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, un certain 18 juin, Ă  une Europe nazie ; nous sommes fiers du non de Dominique de Villepin, du non de Jacques Chirac Ă  la guerre en Irak ; nous sommes fiers encore du non, lancĂ© par le peuple français, un 29 mai, contre la concurrence libre et non faussĂ©e. Mme StĂ©phanie Kerbarh applaudit. VoilĂ  ma France !Quand, en revanche, avons-nous honte ? Quand la France se courbe, quand elle s’aplatit, quand elle se rĂ©trĂ©cit mĂȘme, quand on la fait cocue et qu’elle dit merci. Mme StĂ©phanie Kerbarh applaudit. Il y a dix ans prĂ©cisĂ©ment, nous apprenions grĂące Ă  Edward Snowden et Ă  Julian Assange que la NSA, la National Security Agency, les grandes oreilles amĂ©ricaines, avaient espionnĂ© durant des annĂ©es trois prĂ©sidents de la RĂ©publique française, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que des ministres de l’économie, et exercĂ© une surveillance massive Ă  travers 70 millions d’enregistrements Paris a-t-il rĂ©agi ? En ne rĂ©agissant pas. Il faut qu’on garde la mesure de tout cela », dĂ©clare StĂ©phane Le Foll, alors porte-parole du Gouvernement. On n’est pas lĂ  pour dĂ©clencher des ruptures diplomatiques. Il y a trop de liens », poursuit-il avant de s’envoler vers Washington, pour y discuter du grand marchĂ© transatlantique. Et François Hollande se montre presque content Le prĂ©sident Obama, dans le coup de tĂ©lĂ©phone que j’ai eu avec lui, m’a confirmĂ© que la prĂ©sidence de la RĂ©publique ne faisait plus l’objet de ciblage. » Le Monde conclut alors L’avenir dira peut-ĂȘtre un jour pourquoi Paris est restĂ© si discret. »L’avenir a juste confirmĂ© notre lĂąchetĂ©. Car, quoi ? La France est surveillĂ©e par un alliĂ© jusqu’à l’ÉlysĂ©e et nous ne prenons aucune mesure de rĂ©torsion ! Nous n’avons aucun sursaut d’orgueil, de fiertĂ©. Nous ne faisons rien pour imposer le respect. Cette France, oui, cette France qui se laisse piĂ©tiner, elle me fait honte ! Et pire encore quel secours, quelle protection apporte notre pays Ă  Edward Snowden et Julian Assange quand ils sont poursuivis, pourchassĂ©s, traquĂ©s par nos amis amĂ©ricains ? Aucun ! Aucun secours ! Aucune protection ! Jusqu’à la 3 juillet 2013, jour de honte, la France refuse qu’Evo Morales, le prĂ©sident bolivien, survole notre territoire. Pourquoi ? Parce que son avion Ă©tait soupçonnĂ© de transporter Edward Snowden. Mesure-t-on notre lĂąchetĂ© ? Et pour Julian Assange, donc, pour Julian Assange enfermĂ© depuis dix ans, quelle main avons-nous tendue ? Aucune. Rien. Pas un geste envers l’homme qui a rĂ©vĂ©lĂ© que notre pays avait Ă©tĂ© victime d’un espionnage gĂ©nĂ©ralisĂ©. Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LT. On peut, on doit accueillir Julian Assange au nom des droits de l’homme, au nom des droits d’un homme jamais jugĂ©, jamais condamnĂ© et pourtant emprisonnĂ©. Le rapporteur spĂ©cial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer a pourtant Ă©crit Julian Assange doit Ă  prĂ©sent ĂȘtre libĂ©rĂ© immĂ©diatement, rĂ©habilitĂ© et indemnisĂ© pour les abus et l’arbitraire auxquels il a Ă©tĂ© exposĂ©. » Applaudissements sur les bancs du groupe LT. Bravo ! On peut, on doit accueillir Julian Assange au nom des droits de la presse, auxquels le reporter que je suis est attachĂ©. Quel est le seul crime qu’il ait commis ? Avoir divulguĂ© des vĂ©ritĂ©s, notamment sur les guerres amĂ©ricaines en Irak et en Afghanistan. C’est en tant que journaliste qu’il a suscitĂ© la colĂšre de Washington, c’est en tant que lanceur d’alerte qu’il risque une extradition, avec Ă  la clef 175 annĂ©es de un autre motif devrait nous pousser, nous, l’AssemblĂ©e nationale, Ă  accueillir Julian Assange, un motif qui nous tient Ă  cƓur, Ă  nous, Français, puisqu’il est patriotique nous devons l’accueillir pour nous, ne serait-ce que par orgueil, pour services rendus Ă  notre nation. Nous devons l’accueillir pour la France, pour notre pays, en choisissant le chemin de la fiertĂ© plutĂŽt que celui de la honte, en choisissant la libertĂ© plutĂŽt que la servilitĂ©. C’est vrai ! Comme l’énonçait AndrĂ© Malraux Le mot "non", fermement opposĂ© Ă  la force, possĂšde une puissance mystĂ©rieuse qui vient du fond des siĂšcles. Toutes les plus hautes figures spirituelles de l’humanitĂ© ont dit non Ă  CĂ©sar. L’esclave dit toujours oui. » Et vous, vous allez encore dire oui, vous cacher derriĂšre de grands principes, derriĂšre des motifs techniques, derriĂšre des prĂ©textes juridiques, derriĂšre de belles phrases dans lesquelles vous dĂ©clarerez apporter tout votre soutien, puis vous allez vous en laver les mains, tel Ponce Pilate. Vous n’allez signifier au Royaume-Uni et aux États-Unis ni dĂ©saccord ni refus. Vous allez choisir la voie de la honte, le chemin de la servilitĂ© ! Applaudissements sur les bancs des groupes FI et LT. Bravo Ruffin tu as parlĂ© clair ! La parole est Ă  M. CĂ©dric Villani. Avant de commencer, je tiens Ă  remercier AurĂ©lien TachĂ© de m’avoir laissĂ© sa place pour m’exprimer dans la discussion gĂ©nĂ©rale. Avez-vous quelque chose Ă  dire ? » c’était la question que l’on pouvait lire, le 1er mai 2015, sur un Ă©criteau placĂ© Ă  cĂŽtĂ© de trois statues grandeur nature de Julian Assange, Bradley Chelsea Manning et Edward Snowden sur l’Alexanderplatz Ă  Berlin, trois personnes qui ont rĂ©volutionnĂ© le journalisme et qui incarnent aujourd’hui, plus peut-ĂȘtre que quiconque, les lanceurs d’alerte. Les rĂ©vĂ©lations divulguĂ©es par Manning et publiĂ©es par WikiLeaks concernaient des crimes de guerre en Afghanistan et en Irak. Celles de Snowden, qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien actif de Assange, portaient sur des opĂ©rations d’espionnage numĂ©rique d’une ampleur sans prĂ©cĂ©dent dans l’histoire de l’humanitĂ©. Elles ont fait voler en Ă©clats la statue des États-Unis, protecteurs des libertĂ©s individuelles. Elles ont fait entrer le journalisme et le monde dans une nouvelle Ăšre. Sans elles, nous n’aurions toujours pas de rĂšglement gĂ©nĂ©ral de protection des donnĂ©es en tant d’autres lanceurs d’alerte aux États-Unis, ils ont payĂ© un lourd tribut, mais plus lourd que leurs homologues et bien plus encore que les criminels de guerre qu’ils ont dĂ©noncĂ©s Manning, aprĂšs neuf mois de cachot, a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  trente-cinq ans de prison, puis graciĂ©e in extremis par le prĂ©sident Obama ; Snowden est exilĂ© Ă  vie ; Assange, pour sa part, a dĂ©jĂ  subi dix ans de rĂ©clusion au sein de l’ambassade d’Équateur Ă  Londres, puis dans une prison haute sĂ©curitĂ© de la mĂȘme ville. Pour quel maigre chef d’accusation officiel ? Avoir brisĂ© sa pĂ©riode de libertĂ© sous caution, dans le cadre d’une pseudo-enquĂȘte sur une accusation de mƓurs, de toute façon abandonnĂ©e depuis longtemps. Personne n’est dupe le seul crime d’Assange est d’avoir Ă©tĂ© trop bon Ă©diteur, d’avoir si bien fait son travail que le Time Magazine lui a dĂ©cernĂ© le titre de personnalitĂ© de l’annĂ©e 2010. Et c’est pour cela qu’il serait passible de 175 ans de prison ?Qu’il s’agisse de Manning, de Snowden ou d’Assange, ils savaient tous, quand ils se sont dĂ©cidĂ©s Ă  passer Ă  l’acte, qu’ils pouvaient recevoir une balle perdue. Des personnalitĂ©s publiques amĂ©ricaines ne se sont pas privĂ©es d’appeler au meurtre d’Assange, scĂ©nario qui a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© puis abandonnĂ© par la CIA. S’ils n’avaient pas eu autant de force de caractĂšre, ils auraient aussi pu finir comme Aaron Swartz, activiste de la libertĂ© d’internet, persĂ©cutĂ© jusqu’au suicide avant ses 27 ans. Sous la menace, emprisonnĂ©s, isolĂ©s, ils sont restĂ©s solidaires envers et contre tout – un Ă©pisode hĂ©roĂŻque dans un feuilleton dramatique d’une immense confusion, parsemĂ© de mensonges d’État, de dĂ©nigrements, d’attaques insidieuses et d’une procĂ©dure judiciaire d’une complexitĂ© ce serait un piĂšge, ce soir, d’explorer l’aspect technique du dossier. Des experts indĂ©pendants sur la dĂ©tention arbitraire l’ont dĂ©jĂ  fait aux Nations unies. Mme StĂ©phanie Kerbarh applaudit. AprĂšs un travail rigoureux, dans un processus auquel la SuĂšde et la Grande-Bretagne Ă©taient parties prenantes, ils ont rendu leur verdict Assange est un prisonnier politique, soumis depuis plus d’une dĂ©cennie Ă  une torture psychologique qui rendrait fou n’importe qui. Le gouvernement britannique, face Ă  ce verdict dĂ©rangeant, n’a trouvĂ© d’autre rĂ©ponse que de dĂ©noncer un travail d’amateur ! C’est pourtant bien un avis Ă©tayĂ©, Ă©mis aprĂšs un travail de plusieurs annĂ©es, fouillĂ© et appuyĂ© sur les droits nationaux et internationaux. Nils Melzer, rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la torture, l’a dit on ne peut plus clairement M. Assange doit maintenant ĂȘtre immĂ©diatement libĂ©rĂ©, rĂ©habilitĂ© et indemnisĂ© pour les abus et l’arbitraire auxquels il a Ă©tĂ© exposĂ©. » MĂȘmes mouvements. Le droit a parlĂ© mais rien ne bougera sans le rapport de force politique. Assange est soutenu par les reprĂ©sentants de la presse du monde entier, qui lui ont dĂ©cernĂ© des dizaines de prix pour l’action de WikiLeaks. D’Amnesty International Ă  Reporters sans FrontiĂšres, en passant par la Freedom of the Press Foundation, l’Union amĂ©ricaine pour les libertĂ©s civiles et le ComitĂ© pour la protection des journalistes, ils ont tous pris parti. Ils ne s’y trompent pas l’attaque contre Assange, commencĂ©e par l’administration Obama, renforcĂ©e sous Trump, maintenue sous Biden, est une attaque contre tout le journalisme d’investigation que dire des mĂ©thodes employĂ©es par cette administration qui foule aux pieds les libertĂ©s individuelles jusqu’à enregistrer les conversations d’Assange avec ses avocats et rĂ©cupĂ©rer toutes les donnĂ©es Google des membres de WikiLeaks – une administration si arrogante qu’elle a la prĂ©tention de juger un journaliste australien pour des actions qu’il a effectuĂ©es depuis la SuĂšde ou la France ?Moi qui ai tant admirĂ©, pour en avoir bĂ©nĂ©ficiĂ©, les talents d’accueil de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, moi dont la carriĂšre scientifique doit tant aux campus vibrants et ouverts d’Atlanta, de Berkeley ou de Princeton, je reste sidĂ©rĂ© devant un tel dĂ©voiement des valeurs aux valeurs historiques de la nation française, voici venu le moment de les honorer. Avez-vous quelque chose Ă  dire ? » Oui, ce soir nous avons quelque chose Ă  dire, grĂące au groupe LibertĂ©s et territoires et Ă  cette proposition de rĂ©solution prĂ©sentĂ©e par nos collĂšgues Jennifer De Temmerman, Jean Lassalle, François Ruffin et d’autres encore, tous trĂšs impliquĂ©s. Ce soir, c’est le moment, chers collĂšgues, par vos dĂ©clarations et vos votes, de porter la voix de la France qui ne saura se faire respecter que si elle parle haut, c’est le moment d’affirmer votre attachement Ă  la libertĂ© et aux valeurs universelles qui fondent notre dĂ©mocratie, c’est le moment de clamer tant notre indignation devant la force arbitraire qui broie Julian Assange que notre volontĂ© de le protĂ©ger. Applaudissements sur les bancs du groupe LT. Bravo ! La discussion gĂ©nĂ©rale est parole est Ă  M. le ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© du commerce extĂ©rieur et de l’attractivitĂ©. Le commerce l’emporte sur le droit ! Est-ce le message que l’on envoie depuis la tribune ? Comment se fait-il que ce ne soit pas le ministre chargĂ© des affaires Ă©trangĂšres qui s’exprime ? Mais tais-toi ! Laissez-moi d’abord rappeler les faits. M. Julian Assange, qui est un ressortissant australien, s’est rĂ©fugiĂ© pendant sept ans au sein de l’ambassade de l’Équateur Ă  Londres, jusqu’en avril 2019, date Ă  laquelle il a Ă©tĂ© remis aux autoritĂ©s britanniques. Les États-Unis ont alors lancĂ© une procĂ©dure d’extradition en mai 2019, dont l’examen par les autoritĂ©s britanniques a commencĂ© en fĂ©vrier justice britannique s’est prononcĂ©e en premiĂšre instance, le 4 janvier 2021, contre la demande d’extradition formulĂ©e par les États-Unis, en prenant en considĂ©ration les risques que celle-ci ferait peser sur la santĂ© mentale de M. Assange. Cette dĂ©cision a fait l’objet d’un appel par l’autoritĂ© de poursuite britannique pour le compte des États-Unis. Dans une dĂ©cision du 10 dĂ©cembre 2021, la Haute Cour de justice britannique a estimĂ© que les garanties donnĂ©es par les autoritĂ©s amĂ©ricaines en matiĂšre de conditions de dĂ©tention Ă©taient suffisantes pour autoriser l’extradition de M. Assange vers les États-Unis. Le 24 janvier 2022, la Haute Cour de justice britannique a autorisĂ© M. Assange Ă  faire appel de cette dĂ©cision devant la Cour suprĂȘme du le voyez, cette situation juridique concerne au premier chef les autoritĂ©s judiciaires du Royaume-Uni. Nous considĂ©rons que le Royaume-Uni est un État de droit et nous faisons confiance Ă  sa la proposition de rĂ©solution qui vous est soumise prĂ©voit l’éventualitĂ© d’une demande d’asile politique en France de M. Assange. Avant toute chose, permettez-moi de vous rappeler le cadre juridique d’une telle demande en application du code de l’entrĂ©e et du sĂ©jour des Ă©trangers et du droit d’asile, il appartient exclusivement Ă  l’Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides, sous le contrĂŽle juridictionnel de la Cour nationale du droit d’asile, de se prononcer en matiĂšre d’éligibilitĂ© Ă  la protection internationale et de reconnaĂźtre la qualitĂ© de rĂ©fugiĂ© Ă  une personne qui invoque la crainte de la loi, l’OFPRA n’est compĂ©tent pour connaĂźtre d’une demande d’asile qu’autant qu’elle a prĂ©alablement Ă©tĂ© enregistrĂ©e par l’autoritĂ© administrative compĂ©tente il ne traite donc que les demandes dĂ©posĂ©es sur le sol français et ne peut ĂȘtre saisi depuis l’étranger. Pour demander asile en France, un ressortissant Ă©tranger qui se trouve en dehors de notre territoire doit solliciter auprĂšs des autoritĂ©s consulaires françaises un visa dont la dĂ©livrance relĂšve in fine du ministĂšre de l’intĂ©rieur. En 2015, M. Assange avait exprimĂ© par voie de presse son intention de demander asile en France ; cependant, Ă  ce jour, le Gouvernement n’a eu connaissance, de sa part, ni d’une telle demande formelle, ni d’une demande de visa – puisqu’il rĂ©side Ă  l’étranger – aux fins de demander l’ vous le voyez, cette question n’est pas nouvelle. InterrogĂ©es au sujet de leur dĂ©cision au cas oĂč M. Assange demanderait effectivement l’asile politique, les autoritĂ©s françaises avaient alors estimĂ© qu’il n’y aurait pas lieu de rĂ©pondre favorablement Ă  cette demande, compte tenu d’élĂ©ments liĂ©s Ă  la situation de fait comme Ă  la situation juridique de l’intĂ©ressĂ© or il n’apparaĂźt pas que ces Ă©lĂ©ments aient Ă©voluĂ© depuis. Toutefois, la situation de droit et de fait de M. Assange ne remet aucunement en cause notre engagement constant en faveur de la libertĂ© d’expression et de la protection des lanceurs d’ part, en effet, la loi française consacre la libertĂ© d’expression comme l’un des piliers de la dĂ©mocratie. Elle n’est pas absolue le corpus juridique qui l’encadre depuis la loi du 29 juillet 1881 a progressivement Ă©tĂ© Ă©toffĂ© par l’adjonction de rĂšgles concernant le respect de la personne, la protection des mineurs et la rĂ©pression de l’injure, de la diffamation ou de l’atteinte Ă  la vie privĂ©e. ConformĂ©ment Ă  notre tradition libĂ©rale et aux prescriptions de la loi de 1881, les abus de la libertĂ© d’expression ne peuvent ĂȘtre sanctionnĂ©s que par le juge judiciaire, gardien des libertĂ©s, sans intervention du pouvoir part, avec la loi Sapin 2 du 9 dĂ©cembre 2016, la France a fait partie des dix premiers États membres de l’Union europĂ©enne Ă  s’ĂȘtre dotĂ©s d’un texte protĂ©geant les lanceurs d’alerte – il en rĂ©sulte ce statut juridique du lanceur d’alerte que vous Ă©voquiez, entourĂ© de conditions protectrices pour les diffĂ©rentes parties prenantes. La proposition de rĂ©solution mentionne en outre la dimension europĂ©enne de notre action sur ce point la France a ainsi jouĂ© un rĂŽle moteur en vue de faire aboutir les nĂ©gociations concernant la directive adoptĂ©e le 7 octobre 2019 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union europĂ©enne. Nous avons dĂ©fendu une approche Ă©quilibrĂ©e, permettant de prĂ©server un instrument unique au champ d’application large, Ă  mĂȘme de protĂ©ger le plus largement possible les lanceurs d’alerte contre le risque de reprĂ©sailles tout en garantissant un dispositif juridique proportionnĂ© aux diffĂ©rents niveaux de gravitĂ©. La directive prĂ©voit la possibilitĂ© d’un signalement externe, soit directement, soit Ă  l’issue d’un signalement interne restĂ© vain, ainsi qu’une protection, sous certaines rĂ©serves, en cas de divulgation au le savez, mesdames et messieurs les dĂ©putĂ©s, Sylvain Waserman – que je remercie – a dĂ©posĂ© le 21 juillet 2021 une proposition de loi visant Ă  transposer cette directive et qui, en rĂ©alitĂ©, va plus loin que les dispositions europĂ©ennes. Elle remĂ©die Ă  plusieurs limites de la loi Sapin 2, notamment en renforçant l’accessibilitĂ© aux dispositifs d’alerte par la suppression de l’obligation de lancer l’alerte en interne avant de les faire connaĂźtre Ă  des interlocuteurs externes Ă  l’organisation concernĂ©e. Elle Ă©tend Ă©galement la protection des lanceurs d’alerte Ă  ceux qui facilitent leur tĂąche et qui peuvent ĂȘtre des personnes morales Ă  but non lucratif. Le Gouvernement ayant engagĂ© la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e le 25 octobre 2021, le texte a Ă©tĂ© adoptĂ©, aprĂšs modifications, Ă  l’unanimitĂ© par l’AssemblĂ©e nationale le 17 novembre je me rĂ©jouis que les dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs qui se sont rĂ©unis en commission mixte paritaire le 1er fĂ©vrier dernier soient parvenus Ă  un compromis, si bien que le nouveau cadre de protection des lanceurs d’alerte entrera en vigueur dans les tout prochains ce thĂšme, la France est un bon Ă©lĂšve Ă  ce stade, aucun État membre de l’Union europĂ©enne n’a respectĂ© le dĂ©lai de transposition de deux ans fixĂ© pour la directive. Ainsi que l’évoquait M. Mbaye, nous pourrions poursuivre nos efforts en vue d’inciter nos partenaires europĂ©ens Ă  la transposer Ă©galement, amĂ©liorant la protection des lanceurs d’alerte en Europe. Je tiens toutefois Ă  rappeler que le cadre juridique de cette protection reste tout Ă  fait distinct de celui de l’asile politique des lanceurs d’alerte peuvent certes, s’ils remplissent les conditions requises, bĂ©nĂ©ficier de la protection des demandeurs d’asile ou de la protection subsidiaire, mais ce sont lĂ , je le rĂ©pĂšte, deux sujets et deux statuts la proposition de rĂ©solution fait rĂ©fĂ©rence aux travaux du Conseil de l’Europe, oĂč ont Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©s plusieurs instruments visant Ă  instaurer des normes en matiĂšre de signalement et en matiĂšre de protection des lanceurs d’alerte. La Convention civile sur la corruption et la Convention pĂ©nale sur la corruption, adoptĂ©es en 1999, incitent notamment les États parties, dont la France, Ă  prendre des mesures de protection des personnes qui divulguent des informations dans l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. En 2014, le comitĂ© des ministres du Conseil de l’Europe a adoptĂ© une recommandation traitant spĂ©cifiquement de la protection des lanceurs d’ comme vous le souhaitez et comme le recommande l’APCE, un instrument gĂ©nĂ©ral et juridiquement contraignant relatif aux lanceurs d’alerte ? Le comitĂ© des ministres a clairement exprimĂ© sa position Ă  cet Ă©gard le 29 avril 2020 La nĂ©gociation d’un instrument contraignant, telle une convention, reprĂ©senterait un processus long et au rĂ©sultat incertain compte tenu de la complexitĂ© du sujet et de la diversitĂ© des solutions adoptĂ©es par les États membres pour protĂ©ger les lanceurs d’alerte. » Il estime plus opportun Ă  ce stade d’encourager les États Ă  appliquer pleinement les recommandations existantes, au besoin avec l’assistance technique des comitĂ©s et organes compĂ©tents du Conseil de l’ l’ensemble des raisons que je viens d’évoquer, vous comprendrez
 Non, on ne comprend pas ! 
que le Gouvernement soit dĂ©favorable Ă  la proposition de rĂ©solution. Vous aurez nĂ©anmoins pu constater, mesdames et messieurs les dĂ©putĂ©s, qu’il demeure pleinement conscient de l’importance de la protection nationale et internationale des lanceurs d’alerte. La France continuera d’ĂȘtre exemplaire Ă  cet Ă©gard, suivant une approche Ă©quilibrĂ©e protĂ©geant toutes les parties concernĂ©es. M. Bruno Questel applaudit. Sur l’ensemble de la proposition de rĂ©solution, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentĂ©s et par le groupe La RĂ©publique en marche d’une demande de scrutin public. Le scrutin est annoncĂ© dans l’enceinte de l’AssemblĂ©e nationale. À la demande du groupe La RĂ©publique en marche, la sĂ©ance est suspendue. La sĂ©ance, suspendue Ă  vingt-trois heures dix, est reprise Ă  vingt-trois heures quinze. La sĂ©ance est reprise. Dans les explications de vote, la parole est Ă  M. Alexis CorbiĂšre. Je me permets de monter Ă  la tribune car c’est peut-ĂȘtre tout ce qu’il reste finalement. Exclamations sur quelques bancs du groupe LaREM. Soyez Ă©lĂ©gants, chers collĂšgues. Le sujet est grave nous pouvons lui accorder une certaine homme a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort, en rĂ©alitĂ©, en Ă©tant condamnĂ© Ă  l’enfermement. Je vais citer quelqu’un On va tout de mĂȘme rappeler ce qu’il a permis de rĂ©vĂ©ler. Il a permis de rĂ©vĂ©ler en France que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient Ă©tĂ© espionnĂ©s par les AmĂ©ricains, ça n’est pas rien. Il a permis de rĂ©vĂ©ler Ă©galement que Pierre Moscovici et François Baroin, deux ministres français de l’économie, avaient fait l’objet d’une opĂ©ration d’espionnage Ă©conomique conduite par les États-Unis. » Celui qui parlait ainsi s’appelait Éric Dupond-Moretti il Ă©tait alors avocat de M. Julian Assange. Excellent ministre ! Il parlait vrai, et vous le jugez aujourd’hui excellent ministre. Oui ! Avant d’ĂȘtre ministre, il n’était dĂ©jĂ  pas mauvais, notamment lorsqu’il s’exprimait vous le jugez excellent, soyez fidĂšles Ă  sa parole. Comment un homme, dont le dĂ©lit est prĂ©cisĂ©ment d’avoir permis Ă  la France de faire face Ă  ceux qui veulent mettre en cause son indĂ©pendance, ne devrait-il pas bĂ©nĂ©ficier de l’aide de la France ? À quoi se juge une grande nation libre et indĂ©pendante ? Au fait que, prĂ©cisĂ©ment, mĂȘme si vous jugez les États-Unis d’AmĂ©rique comme un pays ami, nous devons leur dire que le sort qu’ils ont rĂ©servĂ© Ă  Julian Assange est intolĂ©rable. Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LT. Notre indĂ©pendance se jugera Ă  notre capacitĂ© Ă  dire, sur ce dossier trĂšs clair, qu’il est hors de question que cet homme, qui est un lanceur d’alerte, un journaliste, soit mis aux fers. Un dĂ©putĂ© du groupe LaREM agite les bras. Vous levez les mains en faisant le marionnettiste, collĂšgue. Mais qui est la marionnette de qui dans cette histoire ? Le dossier est clair ! Monsieur le ministre dĂ©lĂ©guĂ©, je vous ferai un reproche, si vous me le permettez vous n’avez jamais Ă©voquĂ© le cas de Julian Assange Ă  cette tribune. Jamais ! M. François Ruffin applaudit. Vous avez fait un cadrage juridique, mais jamais vous ne vous ĂȘtes prononcĂ© comme citoyen, comme ministre, comme responsable politique, sur un dossier qui est limpide – c’est ce que montre notamment le rapport rĂ©alisĂ© par tous ceux qui y ont travaillĂ© au sein de l’ONU. Julian Assange est parfaitement innocent, et vous le savez ! Tout le monde le sait ! Monsieur Dupond-Moretti le sait ! Et que faisons-nous ? Nous ne prenons pas position ? Il s’agit de notre honneur en tant que nation ! Ceux qui ont pris la parole ici sans soutenir Julian Assange ont manifestĂ© une marque de servitude et d’avilissement face aux États-Unis d’AmĂ©rique. Ce n’est pas sĂ©rieux ! Au-delĂ  du cas de Julian Assange, il s’agit d’envoyer un message clair Ă  une puissance fĂ»t-elle amie nous n’acceptons pas le sort qui est fait Ă  cet homme !Cette proposition de rĂ©solution parle vrai, parle juste. Il est tard envoyons un signal de lumiĂšre dans la nuit que traverse cet homme. MM. François Ruffin et Jean Lassalle applaudissent. Cela ne permettra peut-ĂȘtre pas de l’arracher aux griffes de ceux qui l’ont enfermĂ©, mais le fait qu’une grande nation comme la France, attachĂ©e Ă  la libertĂ©, envoie ce signal, quel rĂ©confort pour lui et pour tous ceux qui, comme lui, sont des lanceurs d’alerte ! Chers collĂšgues, faisons preuve de courage. Soyons Français, tout simplement fidĂšles Ă  notre histoire votons cette proposition de rĂ©solution. Applaudissements sur les bancs du groupe LT. – M. François Ruffin applaudit Ă©galement. La parole est Ă  Mme Jennifer De Temmerman. La majoritĂ© va s’exprimer, tout de mĂȘme ? Exclamations sur les bancs du groupe LaREM. Ce soir finalement, quoi qu’il arrive, nous aurons rĂ©ussi. Julian Assange aura reçu le soutien de ceux qui, en France, accordent un prix Ă  la vĂ©ritĂ©, Ă  la libertĂ© et aux droits humains. Nous ne sommes pas naĂŻfs, nous savons aussi que sa situation n’aurait pas Ă©tĂ© rĂ©glĂ©e ce soir nous n’avons jamais prĂ©tendu le contraire. Nous avons entendu vos arguments, chers collĂšgues, mais il s’agit d’une proposition de rĂ©solution, c’est-Ă -dire avant tout d’un geste symbolique, qui dit de nous ce que nous sommes et ce que nous dĂ©fendons. Comme tant d’autres gestes symboliques dans cet hĂ©micycle, il s’oppose Ă  une situation que vous-mĂȘme jugez j’entends que l’OFPRA est seul habilitĂ© Ă  traiter la demande que Julian Assange pourrait dĂ©poser, mais il est des cas oĂč l’exĂ©cutif a su intervenir pour faire obtenir la nationalitĂ© française Ă  des hĂ©ros du quotidien. TrĂšs bien ! » et applaudissements sur les bancs du groupe LT. Elle a su le faire aussi dans des situations plus graves, par exemple pour Lassana Bathily, qui est intervenu lors de la prise d’otages de l’Hyper pourrais dĂ©ployer tous vos arguments, chers collĂšgues, et les dĂ©monter un par un. Mais ce qui compte ce soir, finalement, ce n’est pas que nous demandions d’accorder l’asile Ă  Julian Assange c’est que nous assurions de notre soutien un homme Ă©puisĂ© et diminuĂ©, moralement et physiquement – jusqu’au point de ne plus y voir faute de lumiĂšre du jour, nous disaient ses proches –, un homme qui n’a jamais mĂ©ritĂ© un tel sort mais qui a mĂ©ritĂ©, au contraire, notre respect et notre reconnaissance. Les convictions demandent des actes. Je vous en prie ce soir, nous pouvons voter pour lui dĂ©clarer simplement notre soutien. Nous travaillerons ensemble, ensuite, aux meilleures solutions, mais nous aurons au moins envoyĂ© un message clair et fort. Applaudissements sur quelques bancs du groupe LT. Monsieur le ministre dĂ©lĂ©guĂ©, nous aurions aimĂ© vous entendre soutenir Julian Assange ; nous aurions aimĂ© vous entendre soutenir l’idĂ©e d’une grande convention, qui a Ă©tĂ© dĂ©fendue par ceux qui ont pris la parole sur les bancs de la majoritĂ© – je les en remercie. Mais nous n’avons pas entendu cela. Alors, dans un esprit de responsabilitĂ©, nous prenons la dĂ©cision de soutenir jusqu’au bout Julian Assange et de lui assurer que nous sommes avec lui. Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe LT. – M. François Ruffin applaudit Ă©galement. Je mets aux voix l’article unique de la proposition de rĂ©solution. Il est procĂ©dĂ© au scrutin. Voici le rĂ©sultat du scrutin Nombre de votants 50 Nombre de suffrages exprimĂ©s 48 MajoritĂ© absolue 25 Pour l’adoption 17 Contre 31 La proposition de rĂ©solution n’est pas adoptĂ©e. Honteux ! ZĂ©ro valeur ! L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi constitutionnelle relative Ă  la reconnaissance du vote blanc pour l’élection prĂ©sidentielle nos 3896, 4039. La parole est Ă  M. Jean-FĂ©lix Acquaviva, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la lĂ©gislation et de l’administration gĂ©nĂ©rale de la RĂ©publique. Les annĂ©es d’élections prĂ©sidentielle et lĂ©gislatives, comme cette annĂ©e 2022, sont toujours des moments importants de la vie politique d’un pays. Aussi est-il heureux que nous ayons aujourd’hui l’occasion de dĂ©battre d’un sujet aussi crucial et dĂ©terminant que la crise dĂ©mocratique et les moyens qui sont en notre possession pour y rĂ©pondre. J’ai la conviction que nous touchons ici au cƓur de notre rĂŽle de parlementaires. En effet, nous le savons tous dans cet hĂ©micycle, nos dĂ©mocraties reprĂ©sentatives traversent de sĂ©rieuses turbulences. L’augmentation constante du taux d’abstention en constitue un signal alarmant, qui rĂ©vĂšle la dĂ©saffection croissante des citoyens Ă  l’égard des Ă©lus. Elle doit nous interroger et nous conduire Ă  une rĂ©flexion collective sur le fonctionnement de la dĂ©mocratie en gĂ©nĂ©ral et du suffrage universel en proposition de loi constitutionnelle soumise Ă  notre examen a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par notre collĂšgue Jean Lassalle, que je salue. Son contenu dĂ©coule d’une croyance forte, celle qu’une meilleure prise en compte du vote blanc lors de l’élection prĂ©sidentielle constituerait un premier pas dans le sens d’une rĂ©conciliation des Français avec la droit Ă©lectoral, le vote blanc a longtemps Ă©tĂ© rendu invisible. Le Conseil d’État a prĂ©cisĂ© dĂšs 1806 que les bulletins blancs devaient ĂȘtre retranchĂ©s des votes Ă©mis et assimilĂ©s aux votes nuls. Ce double principe de l’exclusion des votes blancs des suffrages exprimĂ©s et de leur assimilation aux votes nuls a perdurĂ© jusqu’à une loi du 21 fĂ©vrier 2014. Il s’inscrivait dans une tradition historique, celle d’une conception utilitariste du droit de vote. Dans ce cadre, le suffrage a pour unique finalitĂ© d’arrĂȘter une dĂ©signation en cas d’élection ou une dĂ©cision en cas de rĂ©fĂ©rendum. Dans cette optique, la prise en compte du vote blanc est perçue comme premiĂšre rupture avec cette tradition historique est apparue, comme je l’indiquais, avec la loi du 21 fĂ©vrier 2014 visant Ă  reconnaĂźtre le vote blanc aux Ă©lections, qui a eu pour objet de le distinguer du vote nul. DĂ©sormais, les bulletins blancs sont dĂ©comptĂ©s sĂ©parĂ©ment et annexĂ©s aux procĂšs-verbaux des Ă©lections. Cette Ă©volution lĂ©gislative a permis d’atteindre un premier degrĂ© de reconnaissance juridique du vote blanc qui est ainsi mesurĂ©, et dont la visibilitĂ© est ainsi accrue. Nous savons dĂ©sormais, par exemple, que, lors du second tour de l’élection prĂ©sidentielle de 2017, plus de 3 millions d’électeurs ont fait le choix d’un bulletin blanc, soit 6,4 % des inscrits et 8,5 % des l’avancĂ©e permise par la loi de 2014 est avant tout symbolique. Le vote blanc est en effet mieux reconnu mais il reste sans incidence sur le scrutin. La prĂ©sente proposition de loi constitutionnelle suggĂšre en consĂ©quence d’aller plus loin. En rupture avec la conception strictement utilitariste du droit de vote, elle revient Ă  affirmer que le suffrage universel peut et doit permettre aux citoyens d’exprimer leurs opinions, fussent-elles 1er a ainsi pour objet d’intĂ©grer les votes blancs dans les suffrages exprimĂ©s lors de l’élection prĂ©sidentielle. Il s’agit d’une avancĂ©e importante. Cette question est en effet un serpent de mer de notre vie politique. Au sein de notre assemblĂ©e, elle a fait l’objet de trente-cinq propositions de loi dĂ©posĂ©es depuis 1993. Elle figurait Ă©galement dans le programme de sept des onze candidats Ă  l’élection prĂ©sidentielle de 2017. Enfin et surtout, elle bĂ©nĂ©ficie d’une adhĂ©sion trĂšs forte des Français en 2017, ils Ă©taient 86 % Ă  se dire favorables Ă  ce que le vote blanc soit comptabilisĂ© dans les suffrages exprimĂ©s lors de l’élection prĂ©sidentielle, quitte Ă  ce que cela conduise Ă  l’invalidation de l’élection au cas oĂč aucun candidat ne parviendrait Ă  obtenir la majoritĂ© absolue des suffrages plus de rĂ©pondre Ă  la volontĂ© des Français, l’évolution proposĂ©e par la prĂ©sente proposition de loi constitutionnelle permettra de lutter contre l’abstention. Au premier tour de l’élection prĂ©sidentielle, celle-ci reprĂ©sentait 16,2 % des inscrits en 2007, 20,5 % en 2012 et 22,2 % en 2017. Au second tour, elle s’élevait Ă  16 % des inscrits en 2007, 19,7 % en 2012 et 25,4 % en 2017. Ces chiffres doivent nous alerter. ReconnaĂźtre que le vote blanc a une vĂ©ritable signification politique et lui donner le pouvoir de changer le cours de l’élection constitue une premiĂšre Ă©tape pour rĂ©concilier les citoyens avec les urnes. En 2017, 78 % des abstentionnistes dĂ©claraient qu’ils auraient votĂ© blanc si cette option avait Ă©tĂ© officiellement des bulletins blancs dans les suffrages exprimĂ©s emporte naturellement des consĂ©quences sur le mode de scrutin prĂ©sidentiel. L’article 2 de la proposition de loi constitutionnelle anticipe la situation dans laquelle aucun candidat n’obtiendrait la majoritĂ© absolue des suffrages exprimĂ©s au second tour. Il met en place un dispositif permettant d’éviter tout blocage dispositif initial de la proposition de loi prĂ©voyait que le Conseil constitutionnel invaliderait l’élection si aucun candidat n’obtenait la majoritĂ© absolue des suffrages exprimĂ©s et qu’il Ă©tait procĂ©dĂ© Ă  un second scrutin. Par un amendement que je soutiens, notre collĂšgue Jean Lassalle propose de prĂ©ciser que, lors de ce second scrutin, le candidat ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages au second tour est Ă©lu. Le dispositif ainsi amendĂ© permettrait un juste Ă©quilibre entre, d’une part, la nĂ©cessitĂ© dĂ©mocratique de donner Ă  ceux qui souhaitent manifester leur refus de faire un choix parmi l’offre politique une incidence sur le scrutin, et, d’autre part, l’impĂ©ratif de stabilitĂ© institutionnelle en limitant Ă  deux le nombre maximum de est donc le sens de cette proposition de loi constitutionnelle, circonscrite par son objet mais profondĂ©ment inspirĂ©e par la vision qu’elle porte de notre dĂ©mocratie et du suffrage universel. MM. Alexis CorbiĂšre et Jean Lassalle applaudissent. La parole est Ă  Mme la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e chargĂ©e de la citoyennetĂ©. La proposition de loi constitutionnelle que nous examinons aujourd’hui vise Ă  inclure les votes blancs dans la dĂ©termination des suffrages exprimĂ©s lors de l’élection prĂ©sidentielle. Le texte propose par ailleurs de permettre au Conseil constitutionnel d’annuler une Ă©lection prĂ©sidentielle dans le cas oĂč aucun des candidats ne recueillerait la majoritĂ© absolue des suffrages exprimĂ©s et de procĂ©der ainsi Ă  une nouvelle tiens Ă  vous dire que le Gouvernement sera dĂ©favorable Ă  cette Ă©volution, pour plusieurs raisons. D’abord la modification constitutionnelle que vous proposez reprĂ©sente un bouleversement d’ordre juridique majeur Ă  l’égard duquel le Conseil constitutionnel a souhaitĂ© nous mettre en garde. Il reprĂ©sente aussi et surtout un risque pour la soliditĂ© et pour la stabilitĂ© de notre systĂšme institutionnel. C’est pourquoi il nous semble que nous ne pouvons pas y tiens nĂ©anmoins Ă  saluer l’occasion qui nous est donnĂ©e aujourd’hui de dĂ©battre de la signification du vote blanc, de cette non-expression d’un choix qui tĂ©moigne, dans la plupart des cas, d’une forme d’insatisfaction vis-Ă -vis de l’offre politique existante, ainsi que de l’éloignement de beaucoup de nos concitoyens de la sphĂšre publique. Ce dĂ©bat devrait nous permettre de nous poser davantage la question de savoir comment nous pouvons, nous, responsables politiques, intĂ©resser de nouveau nos concitoyens au dĂ©bat dĂ©mocratique, rĂ©enchanter la politique, pour que chacun puisse vouloir exprimer sa prĂ©fĂ©rence, au lieu de se mettre en retrait, soit en s’abstenant, soit mĂȘme en refusant de procĂ©der Ă  un choix lors de l’ c’est cela qui devrait ĂȘtre le cƓur de notre dĂ©bat. Nous devons entendre les raisons qui amĂšnent nos concitoyens Ă  s’exprimer Ă  travers un bulletin de vote blanc et nous donner collectivement les moyens de faire revenir les Français vers la politique, de redonner envie aux Français de choisir leurs Ă©lus, car c’est Ă  travers cet acte de choix que les Françaises et les Français peuvent orienter l’avenir du pays, de nos rĂ©gions, de nos dĂ©partements, de nos communes. Refuser de choisir, refuser d’élire, c’est aussi exposer la collectivitĂ© Ă  ne pas ĂȘtre gouvernĂ©e. Et la question se poserait alors, puisque, comme vous le savez, la loi du 21 fĂ©vrier 2014 visant Ă  reconnaĂźtre le vote blanc aux Ă©lections permet d’ores et dĂ©jĂ  de dĂ©compter sĂ©parĂ©ment les bulletins de vote blancs des bulletins nuls. La loi organique du 25 avril 2016 de modernisation des rĂšgles applicables Ă  l’élection prĂ©sidentielle a introduit cette disposition dans le cadre de l’élection le dĂ©bat autour du vote blanc ne date pas des annĂ©es 2000. Le 18 ventĂŽse an VI, soit le 6 mars 1798, une loi fut votĂ©e autorisant le vote blanc, au moment oĂč le vote par bulletin s’insĂ©rait durablement dans la vie politique française. Tout au long du XIXe siĂšcle, sous la monarchie de Juillet puis sous le Second Empire, nous avons assistĂ© Ă  un vif dĂ©bat autour de la reconnaissance du vote blanc et ce jusqu’à la IIIe RĂ©publique. Sous l’Empire, on ne votait pas beaucoup ! Je vous donne le point !C’est au moment mĂȘme oĂč on a vu s’enraciner le suffrage universel direct et une dĂ©mocratie libĂ©rale fondĂ©e sur l’idĂ©e que le suffrage doit conduire Ă  sĂ©lectionner les responsables politiques, que le vote blanc fut l’acte de vote sert aussi Ă  exprimer une opinion. Certes, le vote blanc peut nous dire quelque chose une dĂ©fiance, une indiffĂ©rence, une forme de mĂ©contentement peut-ĂȘtre. Toutefois, je crois que les opinions politiques devraient s’exprimer avant tout en renforçant le pluralisme politique, en permettant Ă  tous les courants de pensĂ©e de trouver une expression politique et dĂ©mocratique, et donc Ă  travers un choix exprimĂ© dans l’ avons eu hier dans cet hĂ©micycle un dĂ©bat riche autour de la mise en place d’une dose de proportionnelle aux Ă©lections lĂ©gislatives, sur la recherche d’un mode d’élection plus lisible et plus cohĂ©rent pour les Ă©lections rĂ©gionales et dĂ©partementales, ainsi d’ailleurs que sur la paritĂ© dans les conseils municipaux. C’était une promesse du PrĂ©sident ! C’est en allant dans cette direction que nous pourrons, je crois, redonner envie aux Français de choisir leurs dĂ©putĂ©s, leur maire, leurs conseillers rĂ©gionaux et dĂ©partementaux et, bien sĂ»r, leur PrĂ©sident de la RĂ©publique. Que se passerait-il en effet une fois que les votes blancs, pris en compte dans les suffrages exprimĂ©s, seraient validĂ©s ? Je vais revenir sur les inconvĂ©nients techniques et juridiques d’une telle mesure, mais, sur le fond, je vous pose la question, mesdames et messieurs les dĂ©putĂ©s souhaitons-nous voir grossir cette part de la population qui, au lieu de donner une orientation politique par son vote, va choisir de voter blanc et donc de ne pas choisir ? Je crois que ce serait reconnaĂźtre pour nous, responsables politiques, un Ă©chec rĂ©alitĂ©, ce n’est pas cela que les citoyens attendent. Ce qu’ils attendent, ce sont des Ă©lus qui se mobilisent pour les Ă©couter, pour rĂ©pondre Ă  leurs besoins, pour apporter des rĂ©ponses aux grands enjeux d’avenir et aux problĂšmes du quotidien or le vote blanc ne rĂ©pondra pas Ă  ces consĂ©quences de la reconnaissance du vote blanc en tant que suffrages exprimĂ©s pour l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique seraient, par ailleurs, potentiellement graves puisque prendre en compte les votes blancs dans les suffrages, ce serait, par exemple, porter atteinte Ă  la lĂ©gitimitĂ© de l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique et donc Ă  l’ensemble de notre systĂšme dĂ©mocratique. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique est Ă©lu Ă  la majoritĂ© absolue des suffrages exprimĂ©s. Ce que vous proposez reviendrait donc Ă  mettre en cause ce principe cardinal pour cette Ă©lection. Par ailleurs, le systĂšme que vous proposez prĂ©sente un risque considĂ©rable celui de l’incapacitĂ© potentielle d’élire un prĂ©sident de la RĂ©publique puisque, thĂ©oriquement, en l’absence de majoritĂ© absolue, il nous faudra recommencer autant de fois que nĂ©cessaire l’organisation d’un nouveau situation crĂ©erait une instabilitĂ© importante au sommet de l’État, difficilement acceptable pour nos concitoyens. M. Bruno Questel applaudit. Elle a raison ! Le risque non seulement de paralysie Ă©lectorale, mais surtout de paralysie du pays s’accompagnerait d’une atteinte Ă  la lĂ©gitimitĂ© de celui ou de celle qui, au terme de ce trĂšs long et rĂ©pĂ©titif processus dĂ©mocratique, serait finalement Ă©lu. On peut en effet douter qu’un candidat ayant eu besoin de nombreux tours de scrutin pour ĂȘtre Ă©lu puisse avoir la lĂ©gitimitĂ© suffisante que confĂšre l’élection en temps normal. Cette fragilitĂ© serait d’autant plus problĂ©matique pour une Ă©lection aussi importante que celle du PrĂ©sident de la RĂ©publique dans notre systĂšme institutionnel. Évidemment ! Il nous est donc proposĂ© un systĂšme oĂč le choix d’une petite minoritĂ© bloquante d’électeurs pourrait mettre en pĂ©ril l’expression de la grande majoritĂ© des complĂ©ter l’analyse concernant l’instabilitĂ© que cette disposition introduirait dans l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique, tenons compte des enseignements tirĂ©s des scrutins passĂ©s. En 2017, ce sont 3,21499 millions de bulletins blancs qui ont Ă©tĂ© recensĂ©s. Si la disposition aujourd’hui proposĂ©e avait Ă©tĂ© en vigueur, le score du prĂ©sident Ă©lu au second tour aurait Ă©tĂ© de 60 %, au lieu de 66 %. Alors que les bulletins blancs n’étaient pas encore dĂ©comptĂ©s Ă  part, en 2012 les bulletins blancs et nuls ont reprĂ©sentĂ© 2,154956 millions de voix. Le prĂ©sident Ă©lu en 2012 n’aurait alors obtenu que 49 % des suffrages au lieu de 52 %. Le Conseil constitutionnel aurait dĂ» procĂ©der Ă  l’invalidation du scrutin malgrĂ© les plus de 18 millions de voix rĂ©unies en 2012 et les plus de 16 millions de voix portĂ©es sur le second sans compter, mesdames et messieurs, sur l’effet d’entraĂźnement qu’aurait cette disposition introduite dans les rĂšgles de l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Des demandes Ă©mergeraient rapidement pour que les nouvelles modalitĂ©s de prise en compte du vote blanc soient Ă©tendues Ă  toutes les autres Ă©lections de notre systĂšme dĂ©mocratique. La prise en compte dans une Ă©lection au scrutin de liste des bulletins blancs en tant que suffrages exprimĂ©s implique des Ă©volutions notables et premier lieu, la prise en compte du vote blanc augmente mĂ©caniquement le nombre de suffrages exprimĂ©s. Par consĂ©quent le pourcentage de suffrages recueillis diminue pour chaque liste, quand bien mĂȘme le nombre de suffrages qu’elles obtiennent en valeur absolue resterait constant – c’est mathĂ©matique. L’effet obtenu serait donc contraire Ă  l’effet escomptĂ©, puisqu’une telle Ă©volution pĂ©naliserait les formations politiques modestes qui atteindraient plus difficilement les seuils de pourcentage fixĂ©s par le code Ă©lectoral pour la rĂ©partition des siĂšges, l’accĂšs Ă  un Ă©ventuel second tour et mĂȘme la fusion des en va de mĂȘme pour les seuils qui permettent d’accĂ©der au remboursement des frais de campagne. Compter le vote blanc dans les suffrages exprimĂ©s sans modifier les seuils Ă©lectoraux porterait atteinte Ă  l’exigence constitutionnelle de participation Ă©quitable des partis et des groupements politiques Ă  la vie politique et de garantie de l’expression pluraliste des opinions, consacrĂ©e par l’article 4 de la ailleurs, cette Ă©volution prĂ©senterait le risque plus global de multiplier les seconds tours, tout en rendant plus difficile l’obtention de la majoritĂ© absolue dĂšs le premier tour. Il faudrait alors Ă©valuer trĂšs finement l’impact du vote blanc sur la rĂ©partition des siĂšges, la possibilitĂ© ou non d’attribuer au vote blanc des siĂšges qui demeureraient vacants. DĂšs lors, pour les scrutins proportionnels, deux hypothĂšses seraient envisageables soit la reconnaissance du vote blanc pourrait ĂȘtre sans effet sur la rĂ©partition des siĂšges, ce qui viderait de son sens sa prise en compte, soit les votes blancs seraient attribuĂ©s Ă  des siĂšges qui demeureraient donc vacants pendant toute la durĂ©e du mandat on frĂŽlerait alors l’ les scrutins majoritaires, oĂč la loi impose la majoritĂ© absolue de suffrages exprimĂ©s pour ĂȘtre Ă©lu dĂšs le premier tour, l’intĂ©gration des votes blancs rendrait plus difficile l’élection dĂšs le premier tour, comme je l’évoquais le cas spĂ©cifique des rĂ©fĂ©rendums, dĂšs lors que les bulletins blancs seraient assimilĂ©s Ă  des suffrages exprimĂ©s, le vote blanc deviendrait-il une troisiĂšme option, en plus des bulletins oui »et non » ? Dans cette hypothĂšse, les rĂšgles d’adoption des dispositions soumises Ă  rĂ©fĂ©rendum devraient ĂȘtre elles aussi trĂšs largement modifiĂ©es dans la loi, pour envisager en premiĂšre hypothĂšse l’adoption de la disposition soumise Ă  rĂ©fĂ©rendum, Ă  condition que le oui l’emporte Ă  la majoritĂ© absolue. Cela reviendrait Ă  assimiler les votes blancs Ă  des votes non » et cette option pourrait donner lieu Ă  des manipulations kafkaĂŻennes. J’illustrerai mon propos d’un exemple. Si la question posĂ©e est Êtes-vous favorable au projet consistant Ă  rĂ©duire Ă  cinq ans le mandat prĂ©sidentiel ? », le vote blanc sera assimilĂ© au non et donc au vote en faveur du maintien du septennat, alors que si la question est Êtes-vous favorable au maintien du septennat ? », le vote blanc est assimilĂ© Ă  un vote favorable au deuxiĂšme hypothĂšse concernant les rĂ©fĂ©rendums serait de modifier la rĂšgle d’adoption des dispositions soumises Ă  rĂ©fĂ©rendum, de maniĂšre que l’adoption de la disposition soumise Ă  rĂ©fĂ©rendum le soit Ă  la condition que le oui l’emporte Ă  la majoritĂ© relative. Cette option poserait alors la question des consĂ©quences Ă  tirer d’une majoritĂ© relative de votes blancs par rapport au vote oui et au vote le constatez, mesdames et messieurs les dĂ©putĂ©s, la prise en compte du vote blanc nous obligerait Ă  modifier substantiellement le droit Ă©lectoral et les effets de telles modifications sont considĂ©rables. L’examen dans cette assemblĂ©e du texte qui devait devenir la loi du 21 fĂ©vrier 2014 visant Ă  reconnaĂźtre le vote blanc avait dĂ©jĂ  permis de pointer les obstacles insurmontables qui naĂźtraient de la prise en compte des bulletins blancs dans les suffrages exprimĂ©s, qu’il s’agisse d’élections au scrutin uninominal majoritaire ou au scrutin de liste proportionnelle, ou de et cela a bien Ă©tĂ© notĂ© lors des dĂ©bats de 2014, abstentions et votes blancs ne peuvent pas ĂȘtre mis sur le mĂȘme plan, car en dĂ©posant un bulletin dans l’urne, mĂȘme un bulletin blanc, le citoyen participe Ă  l’élection. Le vote blanc doit donc alors ĂȘtre considĂ©rĂ© diffĂ©remment. C’est ce qui a conduit le Parlement Ă  faire en sorte que les votes blancs soient dĂ©comptĂ©s et distinguĂ©s des votes loi de 2014 est allĂ©e plus loin en Ă©largissant la dĂ©finition du vote blanc alors qu’il Ă©tait auparavant limitĂ© au cas de l’enveloppe contenant une feuille de papier blanc vierge, reconnue comme telle au moment du dĂ©pouillement, c’est-Ă -dire exempte de tout signe et de toute annotation, le vote blanc est, Ă  compter de ladite loi, Ă©tendu Ă  l’enveloppe rĂ©glementaire trouvĂ©e vide, ce qui donne Ă  l’électeur la possibilitĂ© de dĂ©cider de son vote blanc dans le secret de l’isoloir, mĂȘme sans avoir pensĂ© au prĂ©alable Ă  apporter sa feuille de papier blanc l’explique le rapport d’information visant Ă  identifier les ressorts de l’abstention, que je souhaite Ă  nouveau saluer pour la qualitĂ© de ses propositions et des analyses effectuĂ©es Le vote blanc est un non-choix il ne permet la dĂ©signation d’aucun candidat, ce qui est pourtant la fonction de l’élection. » M. Bruno Questel applaudit. En consĂ©quence, le vote blanc ne devrait pas ĂȘtre Ă  mĂȘme de mettre en pĂ©ril l’élection d’un candidat qui a obtenu la majoritĂ© des suffrages. ExprimĂ©s ! Vous le savez, le Gouvernement s’est engagĂ© Ă  enrayer l’abstention et Ă  rapprocher les Français de la vie politique. À cet effet, de nombreuses mesures ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es chaque Ă©lecteur recevra une nouvelle carte Ă©lectorale comportant un QR code lui permettant d’accĂ©der Ă  toutes les informations utiles pour aller voter ; j’ai rĂ©uni ce matin place Beauvau l’ensemble des plateformes – Twitter, Snapchat, Tiktok, Google, etc. – pour leur demander de communiquer auprĂšs des jeunes les adresses des bureaux de vote ou encore de les informer sur la maniĂšre de s’inscrire ; je rappelle Ă©galement le dispositif ; j’ajoute qu’il n’est pas trop tard pour s’inscrire sur les listes Ă©lectorales, puisque nous avons allongĂ© les dĂ©lais permettant de le faire. M. François-Michel Lambert s’exclame. Ces dispositions sont de nature Ă  traiter le sujet dont nous dĂ©battons aujourd’hui celui de l’abstention. Le sujet, c’est que l’offre politique ne correspond pas toujours Ă  la demande Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM et que des gens se dĂ©sintĂ©ressent de la politique, peut-ĂȘtre aussi parce qu’ils en ont assez d’entendre, comme dans des cirques, hurler sur les personnes en train de parler ou de voir Ă  quel point les Ă©lus et les personnalitĂ©s politiques sont parfois menacĂ©s. Cela contribue aussi Ă  Ă©loigner nos concitoyens du vote. Toutes ces questions sont intimement liĂ©es et nous devons y apporter des rĂ©ponses cohĂ©rentes et coordonnĂ©es entre elles. C’est en tout cas ce Ă  quoi travaille actuellement le Gouvernement. Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. Dans la discussion gĂ©nĂ©rale, la parole est Ă  M. Jean Lassalle. Je tiens tout d’abord Ă  remercier mon collĂšgue et ami Jean-FĂ©lix Acquaviva qui a bien voulu rapporter la proposition de loi constitutionnelle dont je suis l’auteur. Je remercie Ă©galement le groupe LibertĂ©s et territoires de m’avoir donnĂ© la chance de prĂ©senter ce texte, de dĂ©fendre les idĂ©es et les valeurs que nous partageons avec un trĂšs grand nombre d’entre vous et avec de trĂšs nombreux Français. Je remercie enfin tous les groupes qui ont bien voulu jouer le jeu aujourd’hui pour que l’ensemble des textes inscrits dans le cadre de la niche de notre groupe puissent ĂȘtre examinĂ©s, mĂȘme s’ils ont connu des fortunes nous l’avons rappelĂ© lors de l’examen de ce texte en commission, la dĂ©mocratie reprĂ©sentative Ă  laquelle nous sommes tous tant attachĂ©s est, ces derniĂšres annĂ©es, contestĂ©e. D’ailleurs, la longue intervention de Mme la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e illustre Ă  elle seule l’extrĂȘme inquiĂ©tude qui habite le Gouvernement et le PrĂ©sident de la RĂ©publique. J’y reviendrai atteint des niveaux sans prĂ©cĂ©dent ; la dĂ©fiance envers les Ă©lus et, plus encore, envers les partis politiques illustre le fossĂ© qui se creuse entre le peuple et ses reprĂ©sentants. Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LT. Les Français ont perdu confiance dans leurs Ă©lites, dans les Ă©lus notamment et dans les partis politiques, je le rĂ©pĂšte – ainsi que dans la presse, mais ce n’est pas l’objet de nos dĂ©bats de ce soir. L’abstention augmente de maniĂšre massive depuis les annĂ©es 1980, toutes Ă©lections confondues. En s’abstenant, le peuple signifie qu’il n’a plus ni la voix pour se rĂ©volter dĂ©mocratiquement ni le pouvoir suffisant pour changer fondamentalement le cours de son Emmanuel Macron a Ă©tĂ© Ă©lu en 2017 par seulement 43,6 % des Ă©lecteurs inscrits 12 millions de Français se sont abstenus et plus de 3 millions ont votĂ© blanc. Il s’agit du record absolu sous la Ve RĂ©publique. Comment un prĂ©sident Ă©lu avec les voix d’une minoritĂ© d’inscrits peut-il reprĂ©senter les Français dans toute leur diversitĂ© ?Depuis la loi de 2014, dont mes collĂšgues du groupe UDI-I Ă©taient Ă  l’origine – je les en remercie – les votes blancs sont dĂ©sormais dĂ©comptĂ©s sĂ©parĂ©ment. Toutefois, ils n’entrent toujours pas dans la prise en compte des suffrages exprimĂ©s. Ainsi, ils ne sont que trĂšs insuffisamment portĂ©s Ă  la connaissance du grand vote blanc est pourtant, dans son principe, trĂšs diffĂ©rent de l’abstention. Vous avez longuement parlĂ© de l’abstention, madame la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e, mais je parle, quant Ă  moi, du vote blanc, qui est l’expression d’une pensĂ©e affirmĂ©e. En votant blanc, les citoyens nous disent Je participe au vote mais aucun des candidats, » – vous comprendrez que je ne parle pas de moi – aucun des projets ne correspond Ă  mes attentes ». Cela signifie que, s’ils se sentent concernĂ©s par la vie dĂ©mocratique, ils ne se sentent ni compris ni reconnaissance du vote blanc pour l’élection prĂ©sidentielle poursuit donc plusieurs objectifs. Tout d’abord, il s’agit de reconnaĂźtre une volontĂ© populaire maintes fois exprimĂ©e les citoyens français y sont favorables dans leur immense majoritĂ©, comme le montrent l’ensemble des sondages rĂ©alisĂ©s sur le sujet. Un sondage effectuĂ© par l’IFOP en 2017 rĂ©vĂ©lait que 86 % des Français sont favorables Ă  la reconnaissance du vote blanc en tant que suffrage exprimĂ© pour l’élection prĂ©sidentielle. Applaudissements sur les bancs du groupe LT. Ils ne parlent pas d’abstention mais bien de vote blanc ! C’est prĂ©cisĂ©ment le contenu de la proposition de loi constitutionnelle dont je suis l’auteur et que nous examinons aujourd’ plus, reconnaĂźtre le vote blanc est de nature Ă  entraĂźner une baisse de l’abstention – nous le constaterons trĂšs vite. Les Ă©lecteurs qui ne se reconnaissent pas dans l’offre proposĂ©e, mais souhaitent exprimer leur attachement Ă  la dĂ©mocratie, se rendront de nouveau aux la baisse de l’abstention redonnerait au PrĂ©sident de la RĂ©publique un socle Ă©lectoral solide et lui assurerait une vraie que je ne sache pas combien de temps de parole il me reste, je suis obligĂ© de rĂ©pondre Ă  votre argumentaire, madame la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e, car je n’aurais sans doute pas d’autre occasion de le faire. Vous avez dit que, tout au long du XIXe siĂšcle, la reconnaissance du vote blanc avait fait l’objet de vifs dĂ©bats. Sauf qu’au XIXe siĂšcle, cela ne vous aura pas Ă©chappĂ©, le rĂ©gime changeait tous les vingt ans, ce qui, fort heureusement, n’est plus le cas de nos jours. La France sortait de la RĂ©volution et elle apprenait la RĂ©publique et la dĂ©mocratie. TrĂšs bien ! Vous avez Ă©galement Ă©voquĂ© la situation dans laquelle nous nous trouverions si le vote blanc arrivait en tĂȘte des suffrages. Toutefois, qui vous dit, madame, ce qui se passera lors de la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle ? Avez-vous senti le climat de colĂšre qui rĂšgne dans notre pays ? Avez-vous vu comment un candidat qui utilise des termes que je n’aurais jamais cru entendre dans le langage public actuel sur les plateaux de tĂ©lĂ©visions nationales – poussĂ© aux fesses d’ailleurs par l’ensemble des mĂ©dias – a pu monter Ă  15 % des intentions de vote en trois semaines ? Ne pensez-vous pas qu’il y a lĂ  de quoi ĂȘtre prĂ©occupĂ© ? Vous avez raison mais vous nous opposez une rĂ©ponse technique. Elle est trĂšs chouette, votre rĂ©ponse technique, mais moi, je vous parle de politique, madame ! Ce n’est pas la peine de crier ! Je sais que vous n’ĂȘtes pas sourde, mais vous ĂȘtes quand mĂȘme trĂšs sourde lorsque vous rĂ©pondez ce que vous venez de nous rĂ©pondre. Ce n’est pas la peine de m’insulter ! Vous ĂȘtes membre du Gouvernement depuis cinq ans et vous n’avez tenu aucun compte
 Ne m’insultez pas, s’il vous plaĂźt ! Je vous ai laissĂ© parler, laissez-moi aller au bout de mon propos, car nous n’aurons pas l’occasion de dĂ©battre d’un sujet d’une telle gravitĂ© tous les jours. Votre inquiĂ©tude perce dans votre regard et dans celui du Gouvernement. C’est une attaque personnelle pour la deuxiĂšme fois ! On se calme ! Nous avons encore la possibilitĂ© de parler tranquillement de ce sujet mais, d’ici peu de temps, nous n’en aurons plus le loisir, surtout si vous campez sur des positions aussi rigides et aussi Ă©loignĂ©es des demandes du peuple souverain – vous voyez que je peux m’exprimer calmement. C’est mieux ! Mais l’AssemblĂ©e nationale, c’est aussi la passion, madame
 Tout Ă  fait ! 
et c’est le murmure
 Sans crier ! 
de ceux qui croient Ă  la paix, Ă  la dĂ©mocratie, Ă  la libertĂ© de notre grand pays, ce peuple souverain qui est devenu universaliste Ă  travers mers et montagnes, et qui est en train de perdre ce qu’il Ă©tait. Applaudissements sur les bancs du groupe LT. C’est beau, ça ! Il vous restait deux minutes, monsieur parole est Ă  M. Alexis CorbiĂšre. Le dĂ©bat s’achĂšvera aprĂšs ma prise de parole mais je veux remercier les membres du groupe LibertĂ©s et territoires – ils ont beaucoup Ă©tĂ© remerciĂ©s tout au long de cette journĂ©e et je ne voudrais pas qu’ils en prennent l’habitude – d’avoir engagĂ© une discussion politique sur un aussi beau et grand sujet, celui de la reconnaissance du vote blanc, que le groupe la France insoumise avait Ă©galement alimentĂ© en proposant un dĂ©bat sur le droit de rĂ©voquer les Ă©lus. Pour ce qui nous concerne, nous englobons ces rĂ©flexions dans une volontĂ© de convocation d’une assemblĂ©e constituante, afin que ces grands sujets soient examinĂ©s par l’ensemble du peuple qui dĂ©signerait des reprĂ©sentants pour en le savez, madame la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e, le PrĂ©sident de la RĂ©publique a Ă©tĂ© Ă©lu dans des conditions qu’il avait lui-mĂȘme qualifiĂ©es avec humour de hold-up » c’est dire combien la derniĂšre Ă©lection avait Ă©tĂ© bouleversante ! Il sait trĂšs bien que les conditions de ce volcan politique rĂ©unies en 2017 sont encore d’ quoi parlons-nous ? Du fait que, encore rĂ©cemment, Ă  l’occasion des Ă©lections dĂ©partementales et rĂ©gionales, 70 % des Ă©lecteurs ne se sont pas rendus aux urnes. Vous avez dit que, si nous instaurions le dispositif proposĂ© dans ce texte, la stabilitĂ© institutionnelle serait remise en cause. J’affirme qu’elle l’est dĂ©jĂ . Applaudissements sur les bancs du groupe LT. Lorsqu’un prĂ©sident de rĂ©gion est dĂ©signĂ© par seulement 15 % des Ă©lecteurs inscrits, nous pouvons bien parler d’instabilitĂ©. François Hollande, avec son humour, disait Ce qu’il y a de bien dans les institutions de la Ve RĂ©publique, c’est que mĂȘme un gouvernement et un prĂ©sident impopulaires peuvent continuer Ă  agir. » J’estime que cette phrase est profondĂ©ment antirĂ©publicaine. Lorsqu’on est impopulaire, qu’on n’a plus le peuple avec soi, qu’un segment seulement du peuple vous Ă©lit – 15 % –, il n’y a plus de RĂ©publique. M. Jean Lassalle applaudit. J’applique d’ailleurs ce principe Ă  moi-mĂȘme j’ai Ă©tĂ© Ă©lu dans la 7e circonscription de la Seine-Saint-Denis avec, au second tour, 60 % des suffrages exprimĂ©s, mais, en rĂ©alitĂ©, cela reprĂ©sentait 20 % seulement des Ă©lecteurs inscrits, ce qui signifie que 80 % des Ă©lecteurs de ma circonscription n’ont pas votĂ© pour le dĂ©putĂ© qui les reprĂ©sente – c’est le cas de nous tous. Que ceux qui forment la reprĂ©sentation nationale ne reprĂ©sentent en vĂ©ritĂ© que 20 % des Ă©lecteurs inscrits dans leur circonscription dĂ©montre bien la faiblesse du socle Ă©lectoral politique et pose le problĂšme du consentement Ă  l’ Ă  la question essentielle celle de la souverainetĂ© du corps Ă©lectoral » pour reprendre cette magnifique expression. Un corps doit s’exprimer dans son entitĂ©, sans jamais ĂȘtre amputĂ©. M. Jean Lassalle applaudit. Voter individuellement n’a pas de sens l’intĂ©rĂȘt du vote est que tout le monde s’exprime. Or ce n’est plus le cas. Que devons-nous faire ? Il faut donner des droits nouveaux la prise en considĂ©ration du vote blanc permettrait aux citoyens qui ne se reconnaissent pas dans l’offre politique – au second tour, voire dĂšs le premier tour – d’ĂȘtre entendus. Ils veulent d’ailleurs ĂȘtre entendus pour dire prĂ©cisĂ©ment cela Je ne me reconnais pas dans l’offre politique. » En leur accordant des droits nouveaux, nous leur donnons une nouvelle motivation de vous Ă©voquiez les consĂ©quences d’un tel dispositif s’il Ă©tait appliquĂ© lors du second tour. C’est intĂ©ressant ! Si celui qui sera amenĂ© Ă  concentrer tous les pouvoirs d’un prĂ©sident sous la Ve RĂ©publique n’arrive mĂȘme pas Ă  rĂ©unir 50 % des suffrages exprimĂ©s au second tour, cela rĂ©vĂšle un problĂšme politique de fond ! C’est d’ailleurs pourquoi, dans cette hypothĂšse, il serait prĂ©fĂ©rable de recommencer le vote. Il y a donc un intĂ©rĂȘt indiscutable Ă  ce que les millions de nos concitoyens qui, au second tour, ne se reconnaĂźtraient dans aucun des deux candidats en prĂ©sence, puissent se faire entendre au moyen de leur vote blanc et provoquer, Ă©ventuellement, une nouvelle devons inlassablement donner des droits qui permettent Ă  nos concitoyens de se faire entendre. C’est un enjeu fondamental. Nous ne durerons pas longtemps dans le cadre des institutions actuelles si nous n’engageons pas une rĂ©forme significative, et si nous continuons Ă  tourner autour de cette question. Je suis favorable Ă  la prise en compte du vote blanc et au vote obligatoire les deux vont de pair. On ne peut instaurer le vote obligatoire que si on permet aux citoyens de s’exprimer Ă  tout moment, mĂȘme quand les circonstances ne prĂ©sentent pas des candidats qui les satisfont. Ce seraient des avancĂ©es vos arguments contre la proposition de loi de nos collĂšgues, madame la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e, vous avez Ă©voquĂ© la question du rĂ©fĂ©rendum sous la Ve RĂ©publique. Vos propos Ă©taient pertinents, mais ils rĂ©vĂ©laient surtout l’arme que reprĂ©sente le plĂ©biscite pour la Ve RĂ©publique mĂȘme Ă  l’heure actuelle, la formulation de la question contient la perversitĂ© que vous avez justement dĂ©noncĂ©e. Les citoyens sont convoquĂ©s pour se prononcer sur une question, mais s’ils votent non, la situation est maintenue en l’état, alors qu’ils ne sont pas nĂ©cessairement favorables au oui. Prenons le rĂ©fĂ©rendum sur le passage au quinquennat un citoyen qui n’est favorable ni au septennat ni au quinquennat ne peut pas se faire entendre, puisque la question est aurait donc fallu voter la prĂ©sente proposition de loi, qui est vĂ©ritablement passionnante elle bouleverserait notre systĂšme Ă©lectoral, mais redonnerait la parole au peuple. Il faut toujours redonner la parole au peuple, sans jamais avoir peur de lui, ni considĂ©rer que lorsqu’il ne vote pas, on peut continuer Ă  agir. Interrogeons-nous pour ĂȘtre Ă  la hauteur de cette grave prĂ©occupation. Si nous ne le faisons pas, la tentative autoritaire pourrait l’emporter – et alors, ce sera tout autre chose. Applaudissements sur les bancs des groupes FI et LT. En application du quatriĂšme alinĂ©a de l’article 50 du rĂšglement, qui prĂ©voit que la derniĂšre sĂ©ance de la journĂ©e doit ĂȘtre levĂ©e Ă  minuit, je vais lever la sĂ©ance. Prochaine sĂ©ance, mardi 8 fĂ©vrier 2022, Ă  quinze heures Questions au Gouvernement ;Discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, du projet de loi relatif Ă  la diffĂ©renciation, la dĂ©centralisation, la dĂ©concentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale ;Lecture dĂ©finitive de la proposition de loi visant Ă  rĂ©former l’adoption ;Discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, du projet de loi en faveur de l’activitĂ© professionnelle indĂ©pendante ;Discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, de la proposition de loi visant Ă  amĂ©liorer la protection des lanceurs d’alerte ;Discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, de la proposition de loi organique visant Ă  renforcer le rĂŽle du DĂ©fenseur des droits en matiĂšre de signalement d’ sĂ©ance est levĂ©e. La sĂ©ance est levĂ©e Ă  minuit. Le directeur des comptes rendusSerge Ezdra
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AnaĂŻs PaulayLire tout l'article
Retrouvezen avance le résumé des épisodes de Demain nous appartient pour la semaine du 21 au 25 février. A suivre sur TF1, du lundi
La sĂ©ance est ouverte. La sĂ©ance est ouverte Ă  seize heures. L’ordre du jour appelle la discussion, en nouvelle lecture, de la proposition de loi relative au choix du nom issu de la filiation nos 5036, 5057. La parole est Ă  M. le garde des sceaux, ministre de la justice. Nous nous retrouvons aujourd’hui parce que la commission mixte paritaire CMP n’a pu aboutir Ă  un accord, ce que, croyez bien, je regrette amĂšrement. Une fois de plus, la majoritĂ© et le Gouvernement se retrouvent seuls, avec toutefois un certain nombre de groupes de l’opposition
 Ah oui ! 
que je veux saluer, respectueusement, chaleureusement, qui nous aident Ă  donner vie Ă  une nouvelle loi de libertĂ© et d’égalitĂ© pour chacun de nos loi vise aussi Ă  simplifier la vie de milliers de Français qui vivent au quotidien des difficultĂ©s, voire des souffrances qu’il ne tient qu’à nous, Gouvernement et Parlement, d’allĂ©ger, voire d’apaiser, par une rĂ©forme qui est au fond de grand bon sens. Oui, il est de notre devoir d’adapter les rĂšgles Ă  notre sociĂ©tĂ©, car ce n’est pas le droit qui façonne celle-ci mais bien l’inverse. Je le redis sans dĂ©tour et avec force j’approuve cette cette rĂ©forme car, j’en suis convaincu, elle va amĂ©liorer la vie de nombre de nos concitoyennes et concitoyens. Je l’approuve car elle rĂ©pond Ă  des attentes fortes de simplification. Je l’approuve car il n’est pas normal d’obliger, par exemple, nos compatriotes Ă  porter le nom de leur bourreau. Porter son nom, oui ; le supporter comme on supporte un fardeau, non. J’approuve enfin cette rĂ©forme car elle va faciliter la vie des mĂšres qui doivent prĂ©senter leur livret de famille Ă  tout bout de champ parce que leurs enfants ne portent pas leur nom. Vous l’aurez compris, j’approuve cette rĂ©forme parce qu’elle est je l’ai entendu aussi, cette rĂ©forme a suscitĂ© des inquiĂ©tudes. Certaines sont lĂ©gitimes et je me suis efforcĂ© et m’efforcerai d’y rĂ©pondre jusqu’au dernier moment. D’autres semblent un peu plus politiciennes. D’aucuns ont parlĂ© de grand chambardement ». D’autres, dans une espĂšce de surenchĂšre rĂ©actionnaire de mauvais aloi, ont parlĂ© de dĂ©construction de la famille » – rien que ça. Je souhaite devant vous insister encore une fois cette proposition de loi n’a pas pour ambition de changer notre sociĂ©tĂ© mais bien de rĂ©soudre des problĂšmes concrets auxquels nos concitoyennes et concitoyens sont confrontĂ©s dans leur me permettrez donc de revenir quelques instants sur ce qui s’est passĂ© au SĂ©nat, que l’on peut rĂ©sumer en un mot dĂ©tricotage en bonne et due du nom d’usage, tout d’abord, vous aviez souhaitĂ© en premiĂšre lecture que le parent dont le nom n’a pas Ă©tĂ© transmis puisse unilatĂ©ralement adjoindre son nom Ă  celui de l’enfant, Ă  condition d’en avoir prĂ©alablement informĂ© l’autre parent. C’était une demande forte des mĂšres cĂ©libataires, prĂŽnĂ©e haut et fort par le collectif Porte mon SĂ©nat a supprimĂ© ce dispositif. À la place, il voulait que le juge soit saisi par le parent qui souhaitait ajouter son nom, c’est-Ă -dire que l’on revienne purement et simplement au droit actuel. C’est contraire Ă  l’esprit mĂȘme de cette proposition de loi de libertĂ© et d’égalitĂ©. Mais, au-delĂ , c’est surtout trĂšs injuste puisque cela revient Ă  faire peser sur la mĂšre la responsabilitĂ© de saisir le juge. Car, oui, il faut le dire, c’est bien des mĂšres qu’il s’agit la plupart du me fĂ©licite donc que votre commission ait rĂ©tabli la possibilitĂ© d’adjoindre unilatĂ©ralement au nom de l’enfant le nom d’usage du parent qui ne l’a pas transmis. C’est trĂšs bien ainsi. Cette facultĂ©, en effet, ne retire rien au parent dont l’enfant porte le nom puisqu’on ajoute simplement le nom de l’autre parent. C’est une question d’égalitĂ© qui rĂ©pond Ă  des attentes concrĂštes et fortes d’hommes et de femmes, mais surtout de femmes. Il Ă©tait temps de changer les choses en la ce qui est du changement de nom de famille pour les majeurs, enfin, le SĂ©nat a refusĂ© purement et simplement la rĂ©forme proposĂ©e et renvoyĂ© Ă  un amĂ©nagement inutilement lourd et bureaucratique qui aurait alliĂ© tous les inconvĂ©nients des deux systĂšmes sans en prĂ©senter aucun des avantages. C’était assurĂ©ment une fausse bonne idĂ©e. Pour choisir entre le nom du pĂšre et le nom de la mĂšre ou l’adjonction des deux noms, une procĂ©dure passant par une instruction des services de la Chancellerie et un arrĂȘtĂ© du ministre n’est pas justifiĂ©e. En tout cas, Ă  nos yeux, elle ne l’est plus. Il Ă©tait donc indispensable de rĂ©tablir la procĂ©dure simplifiĂ©e de changement de nom, ce que votre commission a fait dĂšs jeudi. Je m’en fĂ©licite et l’en texte est bien trop important pour en faire une proie de certaines considĂ©rations bassement politiciennes que j’ai lues ici et lĂ  dans la voudrais prendre un instant pour remercier les parlementaires qui se sont saisis de mon invitation Ă  travailler ensemble en bonne intelligence et dans une logique transpartisane. Je pense bien sĂ»r aux parlementaires Ă  ma gauche, qui ont accompagnĂ© l’élan progressiste de cette proposition de loi. Mais je pense aussi Ă  certains Ă  ma droite qui ont compris que nul ici ne voulait dĂ©structurer quoi que ce soit mais plutĂŽt apaiser les douleurs et simplifier la vie de ces hommes et femmes pour qui le nom de famille est synonyme de souffrance ou de difficultĂ©s ne sais s’il votera in fine le texte mais je veux saluer le dĂ©putĂ© Schellenberger – vous lui transmettrez, si vous voulez bien – qui nous a accompagnĂ©s pour intĂ©grer Ă  cette loi un dĂ©lai de rĂ©flexion, sur lequel je reviendrai dans un instant. C’est lĂ  une amĂ©lioration concrĂšte du voudrais Ă©galement remercier le rapporteur Vignal qui n’a pas mĂ©nagĂ© sa peine pour parvenir Ă  la rĂ©daction qui vous est prĂ©sentĂ©e. Il a pu compter sur le soutien des dĂ©putĂ©es Camille Galliard-Minier – et sa maĂźtrise fine des enjeux juridiques –, Aude Luquet et Alexandra Louis, qui nous accompagnent depuis longtemps sur tous les sujets d’ veux conclure en Ă©voquant trĂšs rapidement le principal ajustement apportĂ© au texte par rapport Ă  la premiĂšre version issue de l’AssemblĂ©e je parle du dĂ©lai de rĂ©flexion. Votre commission a fait le choix judicieux d’introduire un dĂ©lai de rĂ©flexion pour le changement de nom dans le cadre de la procĂ©dure simplifiĂ©e. Vous vous souvenez que nous avions Ă©voquĂ© cette question lors des dĂ©bats en premiĂšre est raisonnable, plus mĂȘme, il est responsable d’empĂȘcher que le changement de nom se fasse sur un coup de tĂȘte car, oui, si cette loi a autant de force, c’est parce que changer de nom n’est pas une broutille. Tout en le simplifiant, il est donc important de donner Ă  cet acte toute la solennitĂ© qui convient. DĂ©sormais, il faudra donc confirmer devant l’officier de l’état civil, aprĂšs un dĂ©lai qui ne pourra ĂȘtre infĂ©rieur Ă  un mois, la volontĂ© de changer de nom. Ce dĂ©lai et cette confirmation soulignent l’importance et la solennitĂ© de la dĂ©marche de changement de nom. Avec cette modification, je crois que le texte a dĂ©sormais atteint un Ă©quilibre presque le savez maintenant, je crois en cette rĂ©forme avec vigueur, avec enthousiasme. Elle simplifie la vie de nos concitoyens, elle est logique et surtout elle est juste. Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem, Agir ens et LT. – M. Jean-Paul Lecoq applaudit Ă©galement. La parole est Ă  M. Patrick Vignal, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la lĂ©gislation et de l’administration gĂ©nĂ©rale de la RĂ©publique. Le garde des sceaux l’a dit, la commission mixte paritaire des deux chambres, la semaine derniĂšre, n’est pas parvenue Ă  un accord. Je le regrette. Nous sommes donc rĂ©unis aujourd’hui afin d’examiner en nouvelle lecture la proposition de loi dont j’ai la fiertĂ© d’ĂȘtre le est fort probable que nous devrons nous retrouver pour un vote dĂ©finitif le jeudi 24 fĂ©vrier, et la loi entrera alors en vigueur le 1er juillet 2022. Ce sera un moment de cĂ©lĂ©bration collective pour des milliers d’hommes et de femmes pris dans l’embarras des tracasseries quotidiennes, comme celui de devoir supporter une identitĂ© civile qu’ils abhorrent. Ils pourront enfin changer de nous dit que nous n’avons pas conduit d’étude d’impact. Les nombreux tĂ©moignages reçus et le caractĂšre long, difficile, incertain et coĂ»teux de la procĂ©dure de changement de nom constituent Ă  nos yeux la meilleure justification de la nĂ©cessitĂ© de lĂ©gifĂ©rer. Les auditions successives que nous avons menĂ©es, l’étude du collectif Porte mon nom, mais aussi les dĂ©bats que nous conduisons successivement Ă  l’AssemblĂ©e et au SĂ©nat nous Ă©clairent suffisamment sur la est la genĂšse de cette proposition de loi ? Un matin, j’ai reçu dans ma permanence la porte-parole du collectif Porte mon nom, Marine Gatineau DuprĂ©, qui m’a fait part des difficultĂ©s rencontrĂ©es par les parents sĂ©parĂ©s pour prendre un avion ou conduire leur enfant Ă  l’hĂŽpital. Au dĂ©part, je me suis demandĂ© s’il n’y avait pas de sujets plus importants – Ă©conomie, sĂ©curitĂ©, immigration, grand remplacement » pour certains –, puis je me suis rendu compte que ces prĂ©occupations du quotidien concernaient beaucoup de monde autour de moi. D’ailleurs, je sais, monsieur le garde des sceaux, que votre boĂźte aux lettres Ă©lectronique est, comme la mienne, tous les jours pleine de point de dĂ©part est donc la proposition de ce collectif et je m’en fĂ©licite. Il serait temps que les lois partent aussi du terrain et soient non seulement discutĂ©es et amendĂ©es de maniĂšre juridique avec des cabinets parisiens, mais aussi votĂ©es avec des collectifs. C’est peut-ĂȘtre comme cela que les Français retrouveront le chemin des urnes, en nous faisant demande du collectif portait uniquement sur le nom d’usage Ă  ajouter quand un des deux parents n’a pas transmis le nom Ă  son enfant, il doit pouvoir ajouter le nom d’usage, et uniquement ce dernier. Mais qu’avons-nous dĂ©couvert, avec la puissance citoyenne ? Nous avons dĂ©couvert des tĂ©moignages glaçants, oĂč une personne de soixante-dix ans vous dit qu’elle ne veut pas que sur sa tombe il y ait le nom de son bourreau. Rien que pour cette personne cette loi mĂ©rite d’exister. Imaginez aussi quand des personnes ont des noms comme Abdeslam ou Fourniret, des noms trĂšs compliquĂ©s qu’elles n’ont pas demandĂ© de porter mais qui leur ont Ă©tĂ© imposĂ©s. Sur l’article 2, nous sommes donc allĂ©s plus loin, en permettant la substitution ou l’ajout d’un nom, et tant voudrais remercier deux personnes le prĂ©sident du groupe La RĂ©publique en marche, Christophe Castaner, et Richard Ferrand, le prĂ©sident de notre assemblĂ©e. Monsieur le garde des sceaux, nous avons travaillĂ© avec vos services, et je dois dire que nous avons bĂ©nĂ©ficiĂ© de votre soutien inoxydable. Tout Ă  l’heure, je disais que pour connaĂźtre les rĂ©ponses, il faut vivre les questions, et c’est votre cas. VoilĂ  ce qui nous a sensibilisĂ©s, et c’est ainsi qu’on parviendra Ă  retrouver de la prestance aux yeux de nos concitoyens. Les lois peuvent ĂȘtre impulsĂ©es dans les cabinets ministĂ©riels – on a besoin des sachants –, mais on a Ă©galement besoin de la force citoyenne, des gens qui vivent les rĂ©alitĂ©s du terrain tous les jours et qui nous Ă©clairent sur les dispositions Ă  ĂȘtre trop long, je voudrais Ă©galement remercier l’opposition. D’ailleurs, dans les dĂ©bats que nous avons eus, ce n’était pas vraiment une opposition. Quand j’ai Ă©coutĂ© mes amis socialistes, ou encore DaniĂšle Obono – avec laquelle je ne partage pourtant rien politiquement –, j’ai constatĂ© qu’il existait une concorde intĂ©ressante entre quasiment tous les groupes. Certains membres des RĂ©publicains se sont mĂȘme contentĂ©s de s’abstenir face Ă  une loi de bon sens, une loi d’équitĂ©, une loi d’égalitĂ©. Au passage, je voudrais aussi saluer le travail d’Emmanuelle MĂ©nard. Madame MĂ©nard, nous ne sommes pas d’accord sur plein de sujets, mais vous avez su nous aider Ă  construire la loi parce que vous avez compris son intĂ©rĂȘt, et je vous en collĂšgues, je ne vous cache pas que lorsque la proposition de loi a quittĂ© l’AssemblĂ©e, elle avait une magnifique robe de mariĂ©e. Je pensais qu’une fois au SĂ©nat, elle serait amendĂ©e dans le mĂȘme esprit. Au SĂ©nat, j’ai entamĂ© la mĂȘme dĂ©marche qu’à l’AssemblĂ©e je suis allĂ© voir Jean-Pierre Grand, sĂ©nateur du groupe Les RĂ©publicains et j’ai demandĂ© son soutien ; j’ai Ă©galement rencontrĂ© les sĂ©nateurs Hussein Bourgi, Henri Cabanel et Christian Bilhac. Je suis allĂ© voir les collĂšgues en leur disant C’est la fin du quinquennat, pensez Ă  ces gamins qui nous regardent dans les tribunes. Quelle fiertĂ© de finir avec une loi qui ne prend rien Ă  personne, une loi qui remet de la justice et de l’équitĂ© ! »Malheureusement, certains en ont fait un objet de politique politicienne. Eh oui ! Comment oser m’accuser de lobbying ? Comment ignorer le combat de l’association Porte mon nom ou encore les plus de 3 000 demandes de changement de nom chaque annĂ©e ? Vous avez la possibilitĂ© de remĂ©dier Ă  des souffrances, et on vous explique que vous faites du lobbying ou que vous dĂ©tricotez la ne sais pas si nous avons tout bien fait au cours de la lĂ©gislature. Je pense que nous avons commis des erreurs,
 On a la liste ! 
mais finir la session parlementaire avec une loi
 
de libertĂ© ! 
de sociĂ©tĂ©, une loi capable de rassembler, main dans la main, la majoritĂ© des Ă©lus, dans une chaĂźne d’union pour l’intĂ©rĂȘt des citoyens, me semble ĂȘtre un beau que la future majoritĂ© – que ce soit nous ou d’autres – sera capable de faire confiance Ă  des collectifs de citoyens et de s’appuyer sur la parole citoyenne. Il faudra se rendre compte un jour qu’il n’y a pas que l’avis des sachants il y a aussi des gens qui ont l’expĂ©rience quotidienne du que nous serons tous prĂ©sents jeudi, dernier jour de sĂ©ance de la session, pour voter en lecture dĂ©finitive cette loi qui ne retire rien Ă  personne, mais qui met du cƓur. Or je le sais bien la justice a du cƓur. Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem, Agir ens et LT. Bravo ! Dans la discussion gĂ©nĂ©rale, la parole est Ă  M. Antoine Savignat. Le choix du nom issu de la filiation tel est le sujet qui nous prĂ©occupe aujourd’hui. Vaste dĂ©bat, vous en conviendrez, compte tenu de l’échec de la CMP – que je regrette Ă©galement, mais que nous n’avons pu que est question du nom, pas simplement celui servant Ă  identifier tel ou tel objet, mais bien le nom de famille, celui dĂ©terminant l’appartenance Ă  une lignĂ©e, Ă  une famille, Ă  une histoire ; celui qui ouvre des droits et comporte des devoirs – succĂ©der mais aussi secourir et protĂ©ger ses descendants ou ses est question de cette identitĂ© qui nous appartient et qui permet d’ĂȘtre en sociĂ©tĂ©. C’est la premiĂšre des choses qui est faite Ă  notre naissance nommer le nouveau-nĂ© est une obligation figurant Ă  l’article 57 du code civil. Il s’agit de nommer pour identifier, pour savoir qui l’on est, pour savoir d’oĂč l’on vient ; pour protĂ©ger le nouveau-nĂ©, pour qu’il dispose d’une filiation et de la protection qui en nom, nous en avons tous un, parfois deux. Ce ou ces noms nous ont Ă©tĂ© attribuĂ©s Ă  la naissance selon les dispositions de l’article 311-21 du code civil. Nous ne les avons pas choisis et nous apprenons avec l’ñge ce qu’ils engendrent. Les alĂ©as et parfois la violence de la vie peuvent rendre insupportable d’avoir Ă  porter le nom de celle ou de celui dont on souhaite se oublier, pour ne plus avoir Ă  subir le regard des autres ou tout simplement pour ĂȘtre soi-mĂȘme, changer de nom est une possibilitĂ© offerte par la loi. Mais Ă  quel prix ? Au moyen de quels efforts, dans quels dĂ©lais et suivant quelles procĂ©dures ? Celui qui n’a jamais lu le dĂ©sarroi dans les yeux d’un candidat au changement de nom, lorsqu’il vient de prendre connaissance du parcours du combattant dans lequel il souhaite s’engager, ne peut pas avons tous une histoire que nous portons, Ă  travers notre filiation, depuis l’enfance – une histoire imposĂ©e. Mais une fois majeurs, nous avons aussi notre histoire, celle que nous avons vĂ©cue et qui, du fait de fautes ou de manquements de l’un ou l’autre des parents, peut nous conduire Ă  vouloir changer de nom, juste pour ĂȘtre soi-mĂȘme aux yeux de la sociĂ©tĂ© et non le prolongement, Ă  travers le nom, des errances d’un pĂšre ou d’une ce dont il est question aujourd’hui ne pas imposer le poids du passĂ©, le poids du vĂ©cu, Ă  ceux qui ne seraient plus en mesure de le supporter et encore moins de l’assumer Ă  travers un nom trop lourd ou trop douloureux Ă  porter. Cela n’enlĂšvera rien Ă  la filiation Ă  l’état civil, mais Ă©vitera Ă  certains d’avoir Ă  supporter, Ă  subir la douleur profonde Ă  l’évocation dudit la loi de 2002, le nom de naissance n’est plus nĂ©cessairement patronymique l’enfant peut porter le nom du pĂšre ou de la mĂšre, ou encore les deux lorsque les parents sont soit d’accord soit, au contraire, en dĂ©saccord. Aujourd’hui, huit enfants sur dix portent le nom de leur pĂšre. C’est souvent le choix assumĂ© d’une pratique traditionnelle dont les familles n’entendent pas se dĂ©partir. Ce choix demeurera non seulement possible, mais restera Ă©galement la rĂšgle aprĂšs l’adoption du prĂ©sent notre sociĂ©tĂ© Ă©volue la famille monoparentale est de plus en plus frĂ©quente et le nombre de mĂšres Ă©levant seules un enfant qui ne porte pas leur nom est de plus en plus important, avec la lĂ©gion de complications administratives que cela entraĂźne, sans compter le possible problĂšme identitaire auquel l’enfant peut ĂȘtre confrontĂ©, souvent douloureux et toujours source de confusion pour les plus convient donc de simplifier la procĂ©dure de changement de nom du mineur, mais Ă©galement de respecter le choix du majeur. Ce choix continuera Ă  respecter la lignĂ©e parentale – le nom ne pouvant qu’ĂȘtre celui de l’un ou l’autre des parents –, pour faciliter le quotidien, mais aussi et surtout – et c’est Ă  eux que je pense en premier – pour dĂ©charger certains du poids d’un passĂ© qu’ils n’ont pas terminerai par cette citation de LĂ©on TolstoĂŻ Toutes les familles heureuses le sont de la mĂȘme maniĂšre, les familles malheureuses le sont chacune Ă  leur façon. » Alors, parce que nous ne pouvons lĂ©gifĂ©rer pour tous ceux qui souffrent individuellement, Ă  leur maniĂšre et pour les raisons qui sont les leurs, offrons-leur tout de mĂȘme la possibilitĂ© de choisir ; pas d’effacer, mais d’oublier un l’aurez compris, ce sujet de sociĂ©tĂ© n’a rien de politique, il relĂšve de la conscience et du vĂ©cu de chacun. Le texte ne changera rien pour ceux qui le rejettent, il ouvrira un nouvel avenir Ă  ceux qui en bĂ©nĂ©ficieront ; la continuitĂ© pour les uns, la paix pour les autres. Nous voterons donc chacun en notre Ăąme et conscience. Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. TrĂšs bien ! La parole est Ă  Mme Aude Luquet. Je ne sais pas si dans cet hĂ©micycle et dans celui du SĂ©nat certains sont de l’ancien monde ou du nouveau monde mais ce qui est sĂ»r, c’est qu’ils sont dans un autre monde, pour ĂȘtre aussi hermĂ©tiques Ă  certaines souffrances et Ă  certaines rĂ©alitĂ©s souffrances de femmes et d’hommes, de mĂšres et de pĂšres, ou d’enfants qui portent leur nom ou l’absence de nom comme un la proposition de loi que nous examinons, on ne parle pas de changer de nom pour le plaisir et encore moins pour choisir un nom farfelu. Non, on pense Ă  la mĂšre qui souhaite ne plus avoir Ă  sortir son livret de famille pour prouver que son enfant est bien le sien dans les dĂ©marches du quotidien. On pense Ă  cette jeune fille ou ce jeune homme, victimes d’un pĂšre ou d’une mĂšre bourreau et qui, une fois devenus adultes, font le choix courageux et salutaire de ne plus vouloir porter un nom qui leur fait si mal. Eh oui ! Vous qui ĂȘtes opposĂ©s Ă  ce texte, que leur rĂ©pondez-vous ? Que ce sera encore Ă  cette mĂšre d’aller devant la justice parce que son ex-mari lui refuse ne serait-ce que l’adjonction de son nom ? Que cette jeune fille ou ce jeune homme victime devra encore supporter une dĂ©marche longue, coĂ»teuse et alĂ©atoire auprĂšs de la Chancellerie pour changer le nom de son bourreau et se reconstruire ? Que d’énergie gaspillĂ©e et de temps perdu !Nous avons une autre ambition que le statu quo . Nous voulons lever ces obstacles inutiles et parfois inhumains. D’autant plus que le texte installe un cadre commun et clair le choix de substituer un nom ou d’adjoindre un autre nom ne peut se faire qu’entre le nom du pĂšre et celui de la mĂšre, dans le respect de la filiation. OĂč est la perte d’identitĂ©, oĂč est la rupture ? Il n’y en a groupe Mouvement dĂ©mocrate MODEM et dĂ©mocrates apparentĂ©s, nous sommes fiers de soutenir une loi qui vient faciliter le quotidien de Françaises et des Français qui souffrent face Ă  une administration qui les freine dans leur reconstruction ou dans leur vie ne devons pas craindre d’avancer, d’entendre les souffrances et les demandes de nos concitoyens. La procĂ©dure simplifiĂ©e de changement de nom Ă  l’état civil que nous avons adoptĂ©e en premiĂšre lecture Ă  l’AssemblĂ©e nationale est une rĂ©ponse Ă  ces attentes. Pour autant, elle ne vient pas remettre en cause nos principes fondamentaux relatifs Ă  la filiation. Le SĂ©nat s’est montrĂ© frileux sur cette procĂ©dure simplifiĂ©e et a souhaitĂ© la recentraliser, remettre du formalisme en gage de garantie. Nous avons entendu les inquiĂ©tudes des sĂ©nateurs il est en effet important de s’assurer que le changement de nom Ă  l’état civil ne se fera pas sur un coup de tĂȘte. C’est la raison pour laquelle, en commission des lois, nous avons adoptĂ© un amendement du rapporteur visant Ă  ajouter Ă  la procĂ©dure un dĂ©lai de rĂ©flexion. Cependant, nous devons rester dans la simplification, avec une dĂ©marche effectuĂ©e auprĂšs de l’officier d’état Ă©tions prĂȘts Ă  Ɠuvrer pour une commission mixte paritaire conclusive, mais ce point Ă©tait pour nous une ligne rouge Ă  ne pas franchir sous peine de dĂ©naturer la proposition de loi. Nous n’avons pas rĂ©ussi Ă  trouver un Ă©quilibre avec les sĂ©nateurs sur cette procĂ©dure, c’est bien collĂšgues, inutile d’ĂȘtre plus longue. Notre groupe votera cette loi pour ajouter un peu plus d’humanitĂ© dans notre monde qui, lui, est bien rĂ©el. Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. La parole est Ă  Mme Marietta Karamanli. Il est des lois qui changent les choses et ouvrent des perspectives ; il est des lois qui accompagnent le changement et rĂ©pondent Ă  des besoins exprimĂ©s et non encore possibles. AssurĂ©ment, ce texte ressortit Ă  la seconde Ă  ce que certaines interventions dans notre assemblĂ©e ou au SĂ©nat ont pu laisser entendre, l’usage du nom de famille prĂ©cĂ©dĂ© du prĂ©nom n’a pendant longtemps Ă©tĂ© ni la rĂšgle ni une Ă©vidence. Jusqu’au XIe siĂšcle, le patronyme n’était pas hĂ©rĂ©ditaire ; le principe de l’immuabilitĂ© du nom n’a Ă©tĂ© consacrĂ© que sept siĂšcles aprĂšs. Dans notre pays, l’enfant lĂ©gitime portait exclusivement le nom de son pĂšre, le nom de la mĂšre pouvait seulement ĂȘtre ajoutĂ© Ă  titre d’usage, mais n’était pas transmissible. On notera de façon complĂ©mentaire que le livret de famille, qui date de 1870, a gelĂ© dĂ©finitivement la façon dont on a Ă©crit les loi du 4 mars 2002, sous le gouvernement Jospin, a supprimĂ© la transmission automatique et exclusive du nom du pĂšre Ă  l’enfant. Elle a permis aux parents de choisir le nom de famille de l’enfant soit le nom du pĂšre, soit celui de la mĂšre, soit leurs deux noms accolĂ©s dans l’ordre choisi par eux. Jusqu’à cette loi, l’enfant lĂ©gitime portait obligatoirement le nom de son pĂšre seulement dans trois pays europĂ©ens la Belgique, la France et l’Italie. Par la suite, la loi du 17 mai 2013 est allĂ©e un peu plus loin en permettant Ă  l’enfant, en cas de dĂ©saccord entre les parents, de porter leurs deux noms accolĂ©s par ordre alphabĂ©tique. Si j’insiste sur ces points d’histoire, c’est pour montrer que l’évolution a Ă©tĂ© longue, mais qu’elle ne s’arrĂȘte pas Ă  ce qui a Ă©tĂ© sociale passe aujourd’hui par le droit au respect de la vie privĂ©e et familiale garanti par l’article 8 de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme et le principe de non-discrimination figurant Ă  l’article 14. La Cour europĂ©enne des droits de l’homme a eu l’occasion d’affirmer que le nom est un Ă©lĂ©ment d’identification de la personne et qu’à ce titre, il se rattache bien Ă  sa vie privĂ©e et familiale. Que l’État soit en mesure d’en rĂ©glementer l’usage ne retire rien au fait que le nom patronymique est d’abord un Ă©lĂ©ment essentiel de la relation de l’individu avec ses texte dont nous discutons ne bouscule pas le cadre existant. Il lui donne une souplesse qui permettra de concilier une potentielle Ă©volution personnelle et la stabilitĂ© que requiert l’identitĂ© des personnes. En ce sens, il modifie la donne de façon raisonnable et 1er donne le droit Ă  toute personne majeure de porter, Ă  titre d’usage, le nom de famille du parent qui ne lui a pas transmis le sien, par substitution ou adjonction Ă  son propre nom et dans l’ordre qu’elle choisit, dans la limite – bien entendu – d’un nom de famille pour chacun des parents. L’article 2 prĂ©voit que toute personne puisse demander Ă  l’officier d’état civil dĂ©positaire de son acte de naissance de changer de nom, par substitution ou adjonction Ă  son propre nom du nom de famille du parent qui ne lui a pas transmis le sien. Quant Ă  l’article 3, il Ă©tablit les conditions dans lesquelles cette capacitĂ© peut ĂȘtre mobilisĂ©e pour les majeurs texte permet donc d’introduire davantage de responsabilitĂ© et de libertĂ©. Il facilitera les changements de nom des enfants qui, malheureux car victimes de violences de la part de leur pĂšre ou ayant fait l’objet d’un abandon, pourront choisir, sans difficultĂ© majeure et en Ă©vitant un parcours qui peut ĂȘtre long, amer et humiliant, de faire correspondre leur identitĂ© patronymique avec celle de parents aimants. Il complĂšte un mouvement lĂ©gislatif auquel les dĂ©putĂ©s du groupe Socialistes et apparentĂ©s ont contribuĂ© et collĂšgues du SĂ©nat se sont majoritairement opposĂ©s Ă  la disposition pivot de la proposition de loi, qui concerne la simplification du changement de nom de famille ; ils ont proposĂ© une procĂ©dure spĂ©cifique, relevant du ministĂšre de la justice. Ils ont par ailleurs repoussĂ© la substitution de nom pour les mineurs. Enfin, ils se sont opposĂ©s Ă  la possibilitĂ© pour un parent de dĂ©cider seul d’adjoindre, Ă  titre d’usage, son nom de famille Ă  celui de l’enfant. Autrement dit, ils ont vidĂ© le texte de sa substance, mus par la volontĂ© de faire comme si le processus d’évolution Ă©tait en la matiĂšre dĂ©jĂ  achevĂ©. Nous le constatons et pour ma part, je le regrette, car il s’agit d’un combat d’ amendements dĂ©posĂ©s et dĂ©fendus par les dĂ©putĂ©s du groupe Socialistes et apparentĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©battus et adoptĂ©s. En l’état, le texte permet donc d’atteindre un nouveau point d’équilibre. Nous le voterons car il se conforme Ă  une Ă©volution sociale – certains diraient sociĂ©tale –, rĂšgle des situations personnelles et familiales difficiles et garantit mieux le droit s’appliquant au nom patronymique, qui constitue un Ă©lĂ©ment majeur de la vie privĂ©e et familiale. Nous sommes heureux d’ĂȘtre rĂ©unis pour travailler en ce sens. Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem et LT. La parole est Ă  Mme Alexandra Louis. Voici un texte qui devrait nous rassembler ; en effet, il a trait Ă  un sujet qui prĂ©occupe au quotidien nombre de nos concitoyens. Malheureusement, nous ne sommes pas parvenus Ă  un accord avec nos collĂšgues sĂ©nateurs en commission mixte paritaire, et je dois dire que je le regrette moi aussi profondĂ©ment, en particulier au nom de ceux qui attendent beaucoup d’une telle proposition de loi. Son objectif est simple elle vise Ă  permettre aux Français de modifier leur nom patronymique ou leur nom d’usage quand la nĂ©cessitĂ© le une question de bon sens, comme l’a rappelĂ© M. le ministre, et c’est d’ailleurs la vocation du code civil que de faciliter la vie de nos concitoyens en s’adaptant Ă  la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous vivons. Ce n’est pas aux Français de s’adapter au code civil – et encore moins au code NapolĂ©on ; c’est l’inverse, et il est important de le l’objectif du texte que nous voterons, je l’espĂšre, aujourd’hui est de clarifier deux types de situation. Tout d’abord, la proposition de loi simplifie la procĂ©dure de changement de nom de famille dans le cas oĂč une personne majeure souhaite porter le nom du parent qui ne lui a pas transmis le sien. Ensuite, elle ouvre la possibilitĂ©, pour le parent qui n’a pas transmis son nom, de l’adjoindre au nom de l’enfant Ă  titre d’usage ; Ă©videmment, le consentement personnel de l’enfant est requis lorsque celui-ci est ĂągĂ© de plus de treize proposition de loi, qui a dĂ©jĂ  Ă©voluĂ© lors de nos nombreux dĂ©bats parlementaires, n’impose donc rien ! Au contraire, elle promeut un nouveau droit et simplifie une procĂ©dure complexe, tout en maintenant un cadre strict qui permet de mĂ©nager le principe de stabilitĂ© de l’état civil. En outre, nous prenons en compte l’intĂ©rĂȘt de l’enfant, notamment en ce qui concerne le nom d’usage, Ă  propos duquel des interrogations Ă  mon sens inutiles ont Ă©tĂ© exprimĂ©es par le SĂ©nat lors de la bien conscience, chers collĂšgues, qu’il existe dans notre droit français une certaine sacralisation du nom de famille. C’est notre identitĂ© administrative qui est en jeu, mais aussi les liens qui nous rattachent Ă  la sociĂ©tĂ© et mĂȘme Ă  notre famille. C’est la raison pour laquelle il est trĂšs difficile d’en changer. L’objectif du texte n’est pas d’autoriser les gens Ă  s’inventer un nouveau nom, mais bien de leur permettre de porter celui de leur autre parent. Rassurons donc nos concitoyens et – sans doute – certains de nos collĂšgues il ne s’agit pas ici d’attaquer la famille mais au contraire de la reconnaĂźtre dans toutes ses dimensions, au plus proche de sa rĂ©alitĂ© individuelle et pourquoi j’aimerais revenir avec vous plus en dĂ©tail sur quelques aspects principaux du texte et sur les modifications que nous avons dĂ©fendues Ă  la suite de l’échec de la CMP. Le premier point – celui qui a suscitĂ© le plus de dĂ©bats – consiste Ă  crĂ©er une procĂ©dure simplifiĂ©e de changement de nom. Il vise Ă  mettre fin Ă  un parcours du combattant qui, chaque annĂ©e, empĂȘche de nombreux Français de changer de nom. Pour certains, porter le nom de famille qu’ils ont reçu Ă  la naissance est un enfer. Nous voulons donc leur simplifier la vie sans qu’ils aient Ă  s’engager dans une procĂ©dure fastidieuse et coĂ»teuse, comme c’est le cas aujourd’ ce texte, nous ouvrons le droit Ă  toute personne majeure de demander, une fois dans sa vie, Ă  l’officier d’état civil dĂ©positaire de son acte de naissance d’adjoindre ou de substituer Ă  son nom de famille celui du parent qui ne lui a pas transmis le sien. Les sĂ©nateurs souhaitaient revenir sur cette mesure phare, mais la commission des lois de l’AssemblĂ©e nationale a fort heureusement rĂ©intĂ©grĂ© la disposition, tout en prenant en compte leurs interrogations. Ainsi, un dĂ©lai de rĂ©flexion d’un mois minimum sera respectĂ© entre le dĂ©pĂŽt du formulaire et la confirmation du changement de nom, ce qui permettra d’éviter par exemple des dĂ©cisions qui, prises sous le coup de l’émotion, pourraient s’avĂ©rer hĂątives – mĂȘme si je pense que cela ne concernerait qu’un nombre de cas trĂšs limitĂ©. Une telle modification est la preuve que notre assemblĂ©e a entendu les remarques de nos collĂšgues sĂ©nateurs et a soutenu jusqu’à l’hĂ©micycle un texte de deuxiĂšme point concerne le nom d’usage. Il s’agit de simplifier le quotidien des familles, et particuliĂšrement celui des mĂšres et de leurs enfants, en indiquant clairement dans le code civil qu’il est possible pour l’enfant d’utiliser le nom d’usage de sa mĂšre en plus de celui de son pĂšre. Nous avions fait adopter un amendement visant Ă  bien prĂ©ciser qu’il revenait au parent s’opposant Ă  l’adjonction de saisir le juge aux affaires familiales JAF, en cas de dĂ©saccord sur le nom d’usage de l’enfant. La rapporteure au SĂ©nat a souhaitĂ© revenir au droit actuel en cas de dĂ©saccord, le JAF peut ĂȘtre saisi par le parent souhaitant adjoindre son nom, pour qu’il statue en fonction de l’intĂ©rĂȘt de l’enfant. Cela ne nous paraĂźt absolument pas opportun. En effet, c’est Ă  celui qui fait obstacle Ă  cette mesure de simplification que doit incomber la charge de la procĂ©dure judiciaire. Je me rĂ©jouis donc qu’une telle logique ait Ă©tĂ© rĂ©tablie dans le texte, en nouvelle lecture Ă  l’AssemblĂ©e malgrĂ© une CMP non conclusive, le groupe Agir ensemble se satisfait de constater que les deux chambres se sont accordĂ©es sans difficultĂ© sur l’article 2 bis . Il a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© en sĂ©ance au moyen d’un amendement dĂ©posĂ© par notre groupe et tous les groupes de la majoritĂ©, afin de faciliter le changement de nom des enfants dont le parent s’est vu retirer l’autoritĂ© conclure, considĂ©rant qu’ainsi amendĂ© il confĂšre enfin Ă  tout Français le droit de porter un nom reflĂ©tant plus fidĂšlement son histoire familiale, le groupe Agir ensemble votera bien Ă©videmment pour le texte, dans sa version adoptĂ©e jeudi soir en commission des lois. Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. Bravo ! La parole est Ă  Mme Sylvia Pinel. Que l’on puisse prendre le nom de son autre parent, c’est-Ă -dire le plus souvent celui de sa mĂšre, ne va pas entraĂźner la destruction de la sociĂ©tĂ© ni de la famille. Cela ne va pas non plus contribuer Ă  la crĂ©ation d’un Ă©tat civil Ă  la carte, ou nuire Ă  l’intĂ©rĂȘt de l’enfant. Tous ces arguments, avancĂ©s pour s’opposer Ă  la prĂ©sente proposition de loi, sont bien loin de la regrette donc que le SĂ©nat n’ait pas su entendre l’aspiration citoyenne Ă  l’origine de ce texte l’échec de la commission mixte paritaire en a rĂ©sultĂ©. Si porter son nom est une fiertĂ© pour beaucoup d’entre nous, cela peut ĂȘtre un lourd fardeau pour certaines et pour certains. Un nom de famille renvoie Ă  l’identitĂ© d’une personne, Ă  son hĂ©ritage. Il suit l’individu toute sa vie ; il est bien plus intime qu’une simple appellation de nombreuses personnes sont condamnĂ©es Ă  porter le nom de quelqu’un qui les a abandonnĂ©es, dĂ©laissĂ©es, maltraitĂ©es ou abusĂ©es sexuellement lorsqu’elles Ă©taient enfants. C’est pour elles qu’une telle loi est nĂ©cessaire. Dans leur cas, changer de nom peut ĂȘtre vĂ©cu comme une ailleurs, porter le nom de la personne qui n’exerce pas l’autoritĂ© parentale est souvent source de lourdes complications administratives. Nous le savons, cette situation se rencontre de plus en plus frĂ©quemment, en particulier dans les familles monoparentales. Il arrive bien souvent qu’une mĂšre Ă©lĂšve seule un enfant ne portant pas son nom mais celui du pĂšre, ce qui complique le – c’est l’hĂ©ritage d’une sociĂ©tĂ© patriarcale –, le code civil de 1804 avait inscrit dans la loi que les enfants prendront le nom de leur pĂšre, d’ailleurs longtemps dĂ©signĂ© sous le terme de patronyme ». Aujourd’hui encore, plus de huit enfants sur dix portent le seul nom de famille de leur pĂšre. Faciliter la possibilitĂ© de changer de nom, c’est aussi faciliter la transmission du nom de la mĂšre. En la matiĂšre, notre droit a dĂ©jĂ  largement Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es, et c’est heureux. Ainsi, depuis la loi de 2003 relative Ă  la dĂ©volution du nom de famille, les parents peuvent choisir le nom de leur enfant, qui peut ĂȘtre celui du pĂšre, celui de la mĂšre ou l’adjonction des deux noms. Depuis la loi de 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de mĂȘme sexe, en cas de dĂ©saccord entre les parents, l’enfant se voit attribuer le nom composĂ© de ceux des deux parents, dans l’ordre prĂ©sente proposition de loi permettra de franchir une Ă©tape supplĂ©mentaire bienvenue, et j’en profite pour remercier et saluer son auteur, Patrick Vignal, pour le travail important qu’il a effectuĂ©. Elle prĂ©voit, pour les personnes qui le souhaitent, la possibilitĂ© de substituer Ă  leur nom d’usage – celui qu’elles utilisent dans la vie quotidienne – le nom du parent qui ne leur a pas transmis le sien. Cette mesure va faciliter la vie de nombreuses personnes, notamment des mĂšres de familles monoparentales, qui pourront donner leur nom aux enfants qu’elles se chargent d’ proposition de loi vise aussi Ă  simplifier considĂ©rablement la procĂ©dure de changement de nom de famille – celui inscrit sur l’acte de naissance –, dans le cas oĂč une personne majeure souhaite porter le nom du parent qui ne lui a pas transmis le sien. Elle rend ainsi possible le changement de nom de famille une fois au cours de la vie, sans avoir Ă  le justifier, par simple dĂ©claration auprĂšs de l’officier d’état civil. Cette nouvelle procĂ©dure simplifiĂ©e, trĂšs attendue, va rendre accessible au plus grand nombre ce qui ressemble aujourd’hui Ă  un parcours du de conclure, je souhaite remercier les nombreuses et nombreux citoyens qui ont ƓuvrĂ© pour porter ce sujet jusqu’au Parlement. Le collectif Porte mon nom a collectĂ© des milliers de tĂ©moignages de personnes souhaitant changer de nom de famille, ce qui illustre l’attente forte ressentie par une partie de la population en la matiĂšre. La lecture de ces tĂ©moignages dresse un constat trĂšs clair trop nombreux sont ceux qui sont contraints de porter un nom qui est pour eux synonyme de souffrance au une pensĂ©e toute particuliĂšre Ă  ces personnes, qui attendent avec impatience le vote de cette loi. Vous l’aurez compris le groupe LibertĂ©s et territoires renouvelle son plein soutien au texte et le votera avec conviction. Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem. La parole est Ă  M. Jean-Paul Lecoq. La proposition de loi relative au choix du nom issu de la filiation n’est pas anodine. Elle constitue une vĂ©ritable avancĂ©e pour des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants qui souffrent de porter un nom de famille ne correspondant pas Ă  leur histoire. Le nom de famille est un des Ă©lĂ©ments constitutifs de notre identitĂ©, de notre hĂ©ritage et ensuite de ce que nous transmettons, lorsque nous avons Ă  notre tour des comment accepter de porter le nom d’un parent qui vous a abandonnĂ©, d’un pĂšre ou d’une mĂšre qui vous a maltraitĂ© ? Comment ne pas entendre la souffrance que reprĂ©sente le fait de transmettre Ă  ses propres enfants un nom synonyme de violences ? Comment justifier l’enfer vĂ©cu par les mĂšres de famille qui Ă©lĂšvent seules leurs enfants et qui ne portent pas le mĂȘme nom de famille qu’eux ? Oui ! Pour mener Ă  bien des procĂ©dures administratives ou de simples actes de la vie courante, elles sont sans cesse obligĂ©es de justifier qu’il s’agit bien de leurs enfants. Eh oui ! Oui, le texte apporte une rĂ©ponse concrĂšte et Ă©quilibrĂ©e Ă  de nombreuses souffrances, qui relĂšvent le plus souvent de l’intime. En effet, la procĂ©dure actuelle est inadaptĂ©e, trop lourde et trop coĂ»teuse. Elle enferme des femmes, des hommes et des enfants dans un nom de famille qui ne reflĂšte en rien leur identitĂ© et les liens d’amour qui les exigeant un motif lĂ©gitime pour procĂ©der au changement de nom, en prĂ©voyant l’obligation d’une instruction par la Chancellerie et en demandant le paiement de 200 euros, les dĂ©marches actuellement en vigueur dĂ©couragent nos concitoyennes et nos concitoyens de se lancer dans ce qui s’apparente parfois Ă  un parcours du dĂ©putĂ©s du groupe de la Gauche dĂ©mocrate et rĂ©publicaine dĂ©noncent l’attitude de la majoritĂ© sĂ©natoriale qui, par peur de dĂ©construire la famille et par refus de lĂ©gifĂ©rer pour une minoritĂ©, a empĂȘchĂ© l’adoption du texte. Nous rejetons ses arguments, Ă  la fois faux et empreints d’une vision patriarcale archaĂŻque, et nous soutenons la proposition de loi issue des travaux de la commission des lois de l’AssemblĂ©e texte marque une nouvelle Ă©volution de notre droit, qui, aprĂšs avoir prescrit l’attribution automatique du nom du pĂšre, a prĂ©vu la possibilitĂ© d’y adjoindre le nom de la mĂšre et, aujourd’hui, celle de changer, substituer ou complĂ©ter le nom de famille sur simple demande Ă  un officier d’état civil. Le droit de changer, et non plus simplement de demander Ă  changer, est une rĂ©elle avancĂ©e, que notre groupe droit doit ĂȘtre en phase avec la sociĂ©tĂ©. Or la souplesse offerte par le texte, qu’il s’agisse du nom d’usage, dĂ©sormais sĂ©curisĂ©, ou du nom inscrit sur l’acte de naissance, traduit la volontĂ© de rendre la mĂšre visible dans la filiation. Si cet objectif n’est pas directement au cƓur de la proposition de loi, il l’inspire fortement, comme il a inspirĂ© les diffĂ©rentes rĂ©formes de l’état civil depuis la loi du 23 dĂ©cembre 1985 relative Ă  l’égalitĂ© des Ă©poux dans les rĂ©gimes matrimoniaux et des parents dans la gestion des biens des enfants 85 % des enfants qui naissent portent le nom de leur pĂšre, ce qui s’explique par le poids des traditions dans notre sociĂ©tĂ©, qui reste profondĂ©ment marquĂ©e par le patriarcat. Nous ne changerons pas cela du jour au lendemain la sociĂ©tĂ© Ă©volue petit Ă  petit, et le droit avec est nĂ©cessaire de mieux informer les parents pour qu’ils sachent qu’ils ont dĂ©sormais la possibilitĂ© de choisir le nom de famille qu’ils donnent Ă  leur enfant, et surtout d’accoler les noms du pĂšre et de la mĂšre. À cet Ă©gard, nous avons une proposition Ă  vous faire, monsieur le garde des sceaux. Dans le cadre de l’évolution des droits de l’enfant, un paragraphe sur l’autoritĂ© parentale et la responsabilitĂ© des parents en matiĂšre d’éducation a Ă©tĂ© ajoutĂ© dans les articles du code civil consacrĂ©s au mariage. Nous proposons de complĂ©ter ces articles par une phrase Ă  l’intention des mariĂ©s et des personnes qui assistent au mariage afin de les informer des dispositions de la prĂ©sente proposition de loi. Le mariage est un moment adĂ©quat pour faire leur Ă  ce qui a Ă©tĂ© dit par la droite sĂ©natoriale, la proposition de loi ne nie pas le rĂŽle du pĂšre et ne dĂ©construit pas la famille, bien au contraire. En permettant Ă  chacune et chacun d’ĂȘtre Ă  l’aise avec son nom de famille, de se reconnaĂźtre dans son identitĂ© et de s’ancrer dans une histoire familiale, tout en se projetant dans le futur par la transmission du nom, nous donnons plus de force aux familles, Ă  toutes les familles, dans leur soutenons la simplification du changement de nom et la possibilitĂ© pour chacun de porter, Ă  titre d’usage, le nom du parent qui n’a pas Ă©tĂ© transmis. À la lecture des centaines de tĂ©moignages prĂ©sentĂ©s par le collectif Porte mon nom, Ă  la lumiĂšre des rĂ©cits que nous avons tous entendus dans nos circonscriptions, nous voulons agir concrĂštement et rapidement, car nous connaissons les souffrances engendrĂ©es par le systĂšme actuel. C’est la raison pour laquelle les dĂ©putĂ©s du groupe de la Gauche dĂ©mocrate et rĂ©publicaine soutiendront une nouvelle fois la proposition de loi. Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. Merci ! La parole est Ă  Mme Camille Galliard-Minier. Le 4 mars prochain, nous fĂȘterons les vingt ans de la loi relative au nom de famille, qui a ouvert aux parents la possibilitĂ© de choisir le nom de leur enfant il s’agissait d’une vĂ©ritable avancĂ©e, alors que le droit antĂ©rieur prĂ©voyait la dĂ©volution automatique du nom du pĂšre. DĂ©sormais, grĂące Ă  cette loi, les parents ont le choix, Ă  la naissance de leur enfant, de lui attribuer l’un de leurs deux noms ou les deux, dans l’ordre qu’ils souhaitent. La proposition de loi prĂ©sentĂ©e par notre collĂšgue Patrick Vignal et soutenue par le groupe La RĂ©publique en marche s’inscrit dans la lignĂ©e de ce texte fondateur et codifie les rĂšgles du choix du nom d’usage, en accordant un choix identique Ă  l’enfant devenu texte est attendu par nos concitoyens et reflĂšte l’évolution et la modernisation de la sociĂ©tĂ©. En premiĂšre lecture, un grand nombre de dĂ©putĂ©s de tous les bancs l’ont d’ailleurs soutenu et l’ont amĂ©liorĂ© par leurs propositions de modification. Je pense, en particulier, Ă  nos collĂšgues du groupe Mouvement dĂ©mocrate MODEM et dĂ©mocrates apparentĂ©s, auxquels nous devons la modification du titre, qui traduit dĂ©sormais parfaitement l’objet du texte, c’est-Ă -dire le choix du nom, mais aussi son champ d’application, le nom issu de la filiation. Je pense Ă©galement Ă  nos collĂšgues du groupe Socialistes et apparentĂ©s, qui ont souhaitĂ© que le choix du nom inclue l’ordre des noms, ce qui Ă©tait en effet utile. Une nouvelle rĂ©daction a Ă©tĂ© adoptĂ©e en commission afin de tenir compte de cette demande et de prĂ©ciser expressĂ©ment l’ensemble des options offertes aux parents Ă  la naissance, telles que visĂ©es par l’article 311-21 du code travail d’échanges et de discussion s’est poursuivi avec nos collĂšgues du SĂ©nat en vue d’une rĂ©daction commune de la proposition de loi emportant l’approbation des deux chambres. Malheureusement, malgrĂ© notre volontĂ© partagĂ©e d’aboutir et les nombreuses propositions qui ont Ă©tĂ© formulĂ©es, nous avons Ă©chouĂ© Ă  nous entendre, ce qui reste une vĂ©ritable dĂ©ception. Nous avons manquĂ© une occasion de nous rĂ©unir autour de ce texte d’égalitĂ©, de libertĂ© et de points nous ont dĂ©finitivement Ă©loignĂ©s. Le premier concerne le nom d’usage. La disposition adoptĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale en premiĂšre lecture prĂ©voyait la possibilitĂ© d’adjoindre Ă  titre d’usage, sans l’autorisation de l’autre parent, le nom du parent qui n’a pas transmis le sien Ă  la naissance, rĂ©servant la double autorisation Ă  la substitution du nom. Le SĂ©nat a souhaitĂ© rĂ©tablir cette double autorisation, y compris pour l’ compromis n’était possible dĂšs lors que cette nouvelle disposition Ă©tait considĂ©rĂ©e par nos collĂšgues sĂ©nateurs comme ne rĂ©pondant qu’à l’intĂ©rĂȘt des parents, et non Ă  celui de l’enfant. La disposition sera effectivement conforme Ă  l’intĂ©rĂȘt du parent qui ne porte pas le mĂȘme nom que celui de son enfant, puisque son quotidien, notamment ses relations avec les Ă©coles, les clubs de sport et les hĂŽpitaux, sera grandement facilitĂ©, mais elle ne sera pas pour autant contraire Ă  l’intĂ©rĂȘt de l’enfant. Une disposition qui n’est pas prise en fonction de l’intĂ©rĂȘt de l’enfant, c’est-Ă -dire qui n’est pas guidĂ©e par cet intĂ©rĂȘt, n’est pas forcĂ©ment en contradiction avec aux sĂ©nateurs, nous sommes convaincus que cette disposition apaisera les tensions entre les parents sĂ©parĂ©s et sera donc bĂ©nĂ©fique Ă  leurs enfants. En effet, cette nouvelle rĂšgle aura pour effet de sortir la question de l’adjonction du nom d’usage du champ des discussions, et donc d’éviter de possibles dissensions. Le contentieux sera ainsi rĂ©servĂ© aux hypothĂšses dans lesquelles l’autre parent serait fondĂ© Ă  s’opposer Ă  cette alors mĂȘme que nous nous accordons tous sur la nĂ©cessitĂ© de simplifier la vie des Français, notamment dans leurs rapports avec l’administration, les sĂ©nateurs souhaitaient Ă  tout prix maintenir, dans la procĂ©dure de choix du nom, l’intervention des services du ministĂšre de la justice. À quelle fin ? Pour Ă©viter une prĂ©tendue surcharge des officiers d’état civil, qui seraient amenĂ©s, avec le texte, Ă  supporter de nouvelles missions. Cet argument est parfaitement irrecevable. En effet, que sera-t-il demandĂ© demain aux officiers d’état civil dans le cadre de la procĂ©dure de choix du nom de famille ? Ils auront Ă  reporter le nom de famille mentionnĂ© sur le document CERFA sur l’acte d’état civil du demandeur, soit l’exacte mission dont ils sont chargĂ©s aujourd’hui, que ce soit Ă  la naissance de l’enfant, en inscrivant le nom choisi par les parents, ou aprĂšs la procĂ©dure de changement de nom actuellement prĂ©vue par le code civil. Cette procĂ©dure est dĂ©centralisĂ©e auprĂšs des mairies, auxquelles il appartient de tenir les registres des actes d’état civil. Imposer une autre boucle administrative, avec un passage obligĂ© par une administration centrale, n’a aucun sens et serait contraire Ă  l’esprit de simplification qui guide la proposition de bout du compte, nous conserverons tout de mĂȘme une avancĂ©e des Ă©changes avec nos collĂšgues sĂ©nateurs – notre collĂšgue RaphaĂ«l Schellenberger l’a Ă©voquĂ©e lors de la premiĂšre lecture. En effet, malgrĂ© l’échec de la commission mixte paritaire, le principe d’une confirmation du choix du nom Ă  l’état civil aprĂšs le dĂ©pĂŽt de la demande a Ă©tĂ© introduit par un amendement de notre rapporteur, assortie d’un dĂ©lai d’un groupe La RĂ©publique en Marche est convaincu de la nĂ©cessitĂ© de soutenir la proposition de loi dans sa version adoptĂ©e en premiĂšre lecture par l’AssemblĂ©e et amendĂ©e en nouvelle lecture par la commission des lois. Il votera en faveur de ce texte avec fiertĂ© et enthousiasme ! Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard. Changer de nom, c’est changer de destin » a dit Marek Halter. Le nom, c’est quelque chose qui vous appartient et qui, en mĂȘme temps, est offert Ă  la sociĂ©tĂ© pour vous faire connaĂźtre. Sylviane Agacinski le dit d’ailleurs trĂšs bien L’état civil, c’est l’institution de la personne dans son identitĂ© sociale, son inscription symbolique dans une gĂ©nĂ©alogie, un ordre qui ne dĂ©pend pas d’elle. » Selon elle, chacun ne peut pas dĂ©cider de la loi nom de famille » – quelle belle expression ! – est aujourd’hui l’objet de toute notre attention. Selon l’exposĂ© des motifs de la proposition de loi initiale, l’égalitĂ© entre les parents et la libertĂ© dans le choix du nom mĂ©ritent d’ĂȘtre encore mieux garanties tout en conservant un objectif de stabilitĂ© de l’état civil. » DĂšs lors, le nom devient un sujet de revendication il s’agit de changer de modĂšle de sociĂ©tĂ© et de passer d’une sociĂ©tĂ© patriarcale, nous dit-on, Ă  une sociĂ©tĂ© de l’égalitĂ© – Ă©galitĂ© entre les hommes et les femmes, lesquelles, victimes du patriarcat, seraient aujourd’hui, grĂące Ă  vous, libĂ©rĂ©es une nouvelle fois par une loi de progrĂšs
Dans sa premiĂšre version, le texte permettait Ă  un fils ou Ă  une fille d’abandonner le nom de son pĂšre par dĂ©sir personnel il autorisait non seulement la juxtaposition des noms de famille du pĂšre et de la mĂšre, mais aussi la substitution du nom du pĂšre par celui de la mĂšre. Cette possibilitĂ© a suscitĂ© de nombreuses rĂ©actions. Car s’il Ă©tait permis Ă  une personne de porter le nom de sa mĂšre Ă  la place du nom de son pĂšre, cela revenait in fine Ă  lui permettre de porter le nom de son grand-pĂšre maternel. On en revenait donc au patriarcat, pourtant pris pour cible par la proposition de loi ! Vous en conviendrez, la revendication Ă©galitariste Ă©tait mal embarquĂ©e
Cette faille dans la version initiale du texte n’était pas la seule, puisque celui-ci ouvrait Ă©galement droit Ă  une identitĂ© Ă  la carte qui permettait l’effacement d’une partie de l’identitĂ©. Comme je l’ai soulignĂ© en commission et en sĂ©ance publique, cette possibilitĂ© soulĂšve plusieurs questions. Qu’en est-il, par exemple, des dĂ©biteurs, qui pourraient se soustraire plus facilement Ă  leurs obligations grĂące Ă  un changement de nom, ou des dĂ©linquants, Ă  qui une telle possibilitĂ© permettrait d’échapper Ă  des poursuites judiciaires – nous l’avons dĂ©jĂ  vu ? Je me suis Ă©galement interrogĂ©e sur les consĂ©quences de la proposition de loi sur l’organisation de l’État si les Français dĂ©cidaient massivement de changer de nom de famille. Rappelons que celui-ci constitue un outil de police le garde des sceaux, vous m’avez en partie rĂ©pondu au sujet des dĂ©linquants en m’assurant qu’ils feront l’objet d’un suivi particulier. Quand une modification de nom est adoptĂ©e Ă  la Chancellerie, le service du casier judiciaire national, dĂ©sormais totalement informatisĂ©, est tout de suite informĂ©, m’avez-vous assurĂ© en premiĂšre lecture. Vous avez d’ailleurs soulignĂ© que s’il suffisait de changer de nom pour passer sous les radars de la justice », vous n’auriez jamais dĂ©fendu le texte, et je veux bien vous croire. NĂ©anmoins, il reste quelques zones d’ sous-directeur des libertĂ©s publiques, auditionnĂ© par le SĂ©nat, a expliquĂ©, en effet, que ni le ministĂšre de l’intĂ©rieur ni le ministĂšre de la justice ne disposent aujourd’hui de la possibilitĂ© de s’interconnecter avec le rĂ©pertoire national d’identification des personnes physiques RNIPP [
] alimentĂ© par les communes qui doivent retransmettre au fil de l’eau les modifications apportĂ©es Ă  l’état civil. » Avouez, monsieur le garde des sceaux, que cela affaiblit quelque peu votre dĂ©monstration !Il est regrettable que la proposition de loi n’ait pas fait l’objet d’une Ă©tude d’impact, car elle est guidĂ©e par de bonnes intentions. Faciliter la vie d’une femme divorcĂ©e, qui doit prouver en permanence qu’elle est bien la mĂšre de ses enfants, dont elle ne porte plus le nom ; permettre Ă  une personne de ne pas porter le nom de son bourreau lorsqu’elle a Ă©tĂ© victime de violences intrafamiliales Ă©videmment, ces demandes sont lĂ©gitimes. Mais pourquoi ne pas avoir choisi de prĂ©ciser et de simplifier l’article 61 du code civil, qui impose un motif lĂ©gitime pour tout changement de nom ? Cela aurait permis d’apporter des rĂ©ponses rapides Ă  ces cas le texte prĂ©sentĂ© aujourd’hui a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ© et il n’est plus question de substituer tel nom par un autre. Seule l’adjonction est libĂ©ralisĂ©e. De mĂȘme, le caractĂšre dĂ©finitif du changement est rappelĂ©, ainsi que le changement de nom automatique des mineurs dont les parents choisissent de modifier leur nom. Je salue ces avancĂ©es, en espĂ©rant qu’elles ne seront pas le prĂ©lude Ă  un nouveau modĂšle de sociĂ©tĂ© dans lequel le pĂšre serait encore un peu plus Ă©cartĂ© ou congĂ©dié  La discussion gĂ©nĂ©rale est close. J’appelle maintenant, dans le texte de la commission, les articles de la proposition de loi sur lesquels les deux assemblĂ©es n’ont pu parvenir Ă  un texte identique. La parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour soutenir l’amendement no 1. Cet amendement a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© Ă  l’initiative de Xavier Breton, qui, vous le savez, est – avec de nombreux autres dĂ©putĂ©s – un grand dĂ©fenseur des valeurs de la 1er modifie les rĂšgles relatives au nom d’usage et au changement de nom. La proposition de loi consacrerait la dĂ©composition des familles si chacun pouvait dĂ©sormais choisir une combinaison de noms diffĂ©rente. Elle consacrerait Ă©galement l’effritement du rapport au collectif, en prĂ©tendant soumettre l’état civil Ă  des critĂšres affectifs, et l’irruption dĂ©finitive du sentimentalisme, du subjectif et du relatif dans la loi et dans l’identitĂ© française. Loin d’apporter une solution Ă  des situations affectives ou familiales difficiles, la libĂ©ralisation de l’état civil conduirait Ă  exporter sur la scĂšne publique ce qui relĂšve de l’ outre, l’article 1er est dĂ©jĂ  satisfait par l’article 61 du code civil, qui permet Ă  toute personne de changer de nom si elle justifie d’un intĂ©rĂȘt lĂ©gitime Ă  le avons bien compris que cette proposition de loi vise Ă  rĂ©pondre Ă  certains problĂšmes de sociĂ©tĂ©, mais un changement de nom ne peut suffire Ă  lui seul Ă  rĂ©soudre tous les problĂšmes d’une personne. Il ne paraĂźt pas raisonnable d’adopter, en fin de lĂ©gislature, une modification aussi importante que celle-ci sans Ă©tude d’impact et sans avis du Conseil d’État. D’oĂč cet amendement de suppression de l’article 1er. Quel est l’avis de la commission ? Cet article, qui ne porte que sur le nom d’usage, est au cƓur de la rĂ©forme proposĂ©e. Nous ne comptons pas y renoncer, pour deux raisons il donne plus de visibilitĂ© au nom d’usage Ă  raison de la filiation en l’inscrivant dans le code civil ; il simplifie les dĂ©marches du parent qui n’a pas transmis son nom Ă  l’enfant et qui veut l’ajouter au nom d’usage de l’ collĂšgue, vous irez dire Ă  des gens qui ont subi des souffrances physiques ou sexuelles que le fait de changer de nom ne compte pas pour eux. Avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? J’émets Ă©videmment un avis dĂ©favorable sur cet amendement dont, en rĂ©alitĂ©, je ne comprends pas le sens. L’amendement no 1 n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 27. Il s’agit de complĂ©ter l’alinĂ©a 2 de cet article 1er, en prĂ©cisant que l’adjonction de nom doit se faire selon un ordre choisi ».Si cette proposition de loi vise Ă  assouplir la modification du nom de famille, en l’occurrence le nom d’usage, il convient de rappeler que ce nom de famille est une donnĂ©e structurante de notre identitĂ© et doit donc garder une certaine une fratrie, les frĂšres et sƓurs issus d’un mĂȘme pĂšre et d’une mĂȘme mĂšre biologiques ne porteront plus nĂ©cessairement le mĂȘme nom de famille, mĂȘme si c’est un nom d’usage ils pourront avoir un seul nom ou deux noms dans un ordre diffĂ©rent. Ne parlons pas de la gĂ©nĂ©alogie, qui pourrait devenir de plus en plus un souci d’unitĂ© et de protection des fratries, je propose donc d’apporter cette prĂ©cision. Quel est l’avis de la commission ? Cette prĂ©cision est inutile l’article 225-1 du code civil permet dĂ©jĂ  Ă  la personne qui dĂ©cide d’ajouter le nom de son conjoint Ă  son nom d’usage de choisir l’ordre des deux noms. L’amendement Ă©tant satisfait, j’émets un avis dĂ©favorable. L’amendement no 27, repoussĂ© par le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour soutenir les amendements nos 3 et 4, qui peuvent faire l’objet d’une prĂ©sentation groupĂ©e. L’amendement no 3 vise Ă  supprimer les alinĂ©as 5 Ă  9, qui permettraient Ă  toute personne majeure de porter, Ă  titre d’usage, le nom de famille du parent qui ne lui a pas transmis le sien. Une telle disposition, signe de l’essor croissant de l’individualisme, marquerait un bouleversement dans la construction de l’identitĂ© et risquerait de faire Ă©clater des fratries, des frĂšres et sƓurs ne portant parfois plus le mĂȘme nom de no 4, amendement de repli, se concentre sur la suppression de l’alinĂ©a 7 de cet article. On ne peut exclure qu’un enfant soit pris dans un conflit familial qui le conduise Ă  accepter un changement de nom, puis Ă  le regretter et Ă  le reprocher Ă  ses parents une fois devenu adulte. Aussi les mineurs doivent-ils ĂȘtre exclus du champ d’application de cette mesure. Quel est l’avis de la commission ? L’amendement no 3 ne vise pas seulement Ă  en rester Ă  l’état du droit il tend purement et simplement Ă  supprimer le nom d’usage Ă  raison de la filiation. Avis dĂ©favorable, car un tel recul est absolument Ă  l’amendement no 4, il ne conduirait pas Ă  la suppression du nom d’usage pour les enfants mineurs, mais Ă  celle d’une prĂ©cision apportĂ©e par l’alinĂ©a 7 le choix du nom d’usage d’un enfant mineur est fait conjointement par les parents exerçant l’autoritĂ© parentale. Pour ma part, je pense qu’il faut au contraire conserver cet alinĂ©a et faire en sorte que les parents essaient de trouver un accord sur ce nom d’usage. Avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? Monsieur le dĂ©putĂ©, c’est une chose que vous ne vouliez pas aller de l’avant et faire Ă©voluer le droit pour tenir compte des Ă©volutions rĂ©centes de la sociĂ©tĂ© parce que vous ne voulez voir ni le prĂ©sent ni l’avenir. C’en est une autre de chercher Ă  retourner vers le passĂ©, ce que vous nous proposez avec ces deux amendements. C’est mĂȘme de nature Ă  m’inquiĂ©ter un la faveur de cette intervention, j’aimerais saluer des citoyens prĂ©sents dans les tribunes qui attendent ce texte, qu’ils ont appelĂ© de leurs vƓux. Cette proposition de loi vient du terrain, des vrais gens. Oui, des vrais gens ! Vous avez eu raison de rappeler, monsieur le rapporteur, qu’il y a ceux qui savent le droit et ceux qui vivent les aussi saluer le conseil municipal des jeunes, nos futurs citoyens qu’il est trĂšs touchant de voir ici, au cƓur du dĂ©bat dĂ©mocratique. Dans un tel dĂ©bat, on peut ne pas ĂȘtre tous d’accord. Pour ma part, je ne suis pas d’accord avec vos propositions, monsieur le dĂ©putĂ©. Avis dĂ©favorable pour les deux amendements. On a le droit de dĂ©battre ! C’est prĂ©cisĂ©ment ce que je viens de dire ! La parole est Ă  Mme ValĂ©rie Bazin-Malgras. À mon tour, je voudrais saluer les membres du conseil municipal des enfants de Troyes, comme vous l’avez fait trĂšs gentiment, monsieur le en revenir au texte, sans ĂȘtre rĂ©trograde, je trouve que vous allez faire courir un vrai risque aux fratries. L’existence de diffĂ©rents noms est perturbante. Si nous voulons protĂ©ger la famille et les enfants, attendons que ceux-ci soient majeurs avant de leur ouvrir une telle possibilitĂ©. TrĂšs bien ! Avant de donner la parole Ă  M. le garde des sceaux, je rappelle que les parlementaires et les membres du Gouvernement n’ont pas Ă  solliciter le public. Comme nous sommes en fin de session, je ne vais pas en faire un drame si d’aucuns l’ont oubliĂ©. Sourires. Monsieur le prĂ©sident, je n’ai pas sollicitĂ© le public je l’ai saluĂ©, ce qui est singuliĂšrement diffĂ©rent. D’ailleurs, j’ai dĂ©jĂ  entendu des prĂ©sidents saluer
 Le prĂ©sident peut le faire, en application d’un usage local assez ancien. Mais tout ce qui est ancien est peut-ĂȘtre condamnable
 Exclamations et sourires sur divers bancs. Vous ĂȘtes-vous adressĂ© au garde des sceaux, Ă  Mme la dĂ©putĂ©e ou aux deux, monsieur le prĂ©sident ? Aux deux ! Je m’adressais aux deux. Je les ai saluĂ©s puisque c’est fait, je ne vais pas recommencer, monsieur le en revenir au dĂ©bat, je vous poserai une question quand une femme se marie et dĂ©cide de prendre le nom de son Ă©poux comme nom d’usage, pensez-vous que cela bouscule les fratries ? Cela existe dĂ©jĂ . Cela n’a rien Ă  voir ! Les amendements nos 3 et 4, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptĂ©s. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 22. Il s’agit de complĂ©ter l’alinĂ©a 7 par les mots pour tous les enfants communs ».Le SĂ©nat avait souhaitĂ© imposer l’adjonction de nom Ă  tous les enfants communs du couple, pour des raisons d’unitĂ© des fratries issues d’une mĂȘme n’est pas question ici de nier la rĂ©alitĂ© et l’existence de familles constituĂ©es d’enfants qui ne portent pas le mĂȘme nom parce que leurs parents biologiques ne sont pas les mĂȘmes une mĂšre peut avoir des enfants issus de plusieurs revanche, quand il s’agit de changer le nom de famille de son enfant par l’adjonction de son propre nom, il convient d’effectuer ce changement pour tous les enfants de la fratrie issus de la mĂȘme union. Étant biologiquement frĂšres et sƓurs, ils partagent un hĂ©ritage qu’il convient de rappeler dans leur nom de famille. Par cohĂ©rence, les enfants issus d’une mĂȘme union doivent partager ce allez me dire, monsieur le rapporteur, que c’est impossible il faut l’accord des mineurs de plus de 13 ans et ceux-ci peuvent donc refuser. Il me semble que cet ordre identique est nĂ©anmoins souhaitable. Si le port de deux noms adjoints a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©, il devrait s’appliquer Ă  tous. Quel est l’avis de la commission ? Madame MĂ©nard, je partage votre objectif il est Ă©videmment souhaitable que les parents choisissent un mĂȘme nom d’usage pour tous les enfants communs. Toutefois, l’adoption de votre amendement poserait plusieurs problĂšmes. Sur le plan pratique, elle conduirait Ă  complexifier l’émission des titres d’identitĂ© lorsqu’ils sont demandĂ©s pour un seul enfant au sein d’une fratrie. En outre, elle ne permettrait pas de garantir que tous les membres d’une fratrie aient le mĂȘme nom, puisque le consentement des enfants de plus de 13 ans est requis. Nous devons et pouvons faire confiance aux Français. Avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? MĂȘme avis, pour les mĂȘmes raisons. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard. Je comprends votre argument concernant les mineurs de plus de 13 ans – je vous ai dit moi-mĂȘme que je savais d’avance que vous alliez me l’opposer. En revanche, je ne comprends pas votre propos sur la complexitĂ© de l’état civil et des cartes d’identitĂ©. S’il s’agit de ne pas compliquer la tĂąche des services de l’état civil, restons-en Ă  la loi actuelle on ne compliquera rien du tout ! Exactement ! Cet argument ne me semble donc pas recevable. L’amendement no 22 n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 23. Il vise Ă  complĂ©ter l’alinĂ©a 7 par la phrase suivante Elle est dĂ©finitive. »Un changement de nom n’est jamais anodin. Il convient de ne pas l’autoriser Ă  plusieurs reprises, pour Ă©viter un nom Ă  la carte » qui ne voudrait plus rien dire. Une fois encore, monsieur le rapporteur, je sais ce que vous allez m’objecter vous allez me dire que c’est impossible puisque, par dĂ©finition, un nom d’usage n’est pas rĂ©alitĂ©, il ne s’agit pas de rendre un nom d’usage dĂ©finitif ou non, mais d’éviter aux services de l’état civil – je vais ici dans votre sens – une surcharge de travail qui ne manquerait pas de se produire si l’on autorisait des changements de nom d’usage Ă  tout bout de champ au grĂ© des changements de s’il n’est que d’usage, un nom participe Ă  la construction de l’identitĂ© d’un individu. Pour que l’on ne puisse pas en changer Ă  tout bout de champ, il faut indiquer que le changement est dĂ©finitif. Quel est l’avis de la commission ? Cet amendement est problĂ©matique, car par dĂ©finition, un nom d’usage attribuĂ© Ă  un enfant ne peut pas ĂȘtre dĂ©finitif. Quand il deviendra adulte, l’enfant pourra lĂ©gitimement changer de nom d’usage Ă  raison de la filiation. Lorsqu’il se mariera, il pourra, tout aussi lĂ©gitimement, dĂ©cider de prendre le nom de son conjoint comme nom d’usage. Avis dĂ©favorable. L’amendement no 23, repoussĂ© par le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 21. Il s’agit de complĂ©ter l’alinĂ©a 8 en prĂ©cisant que la dĂ©claration doit se faire devant un officier d’état propos de ce nouvel article 311-24-2, le rapporteur affirmait que l’emploi du nom d’usage n’est pas confirmĂ© devant un officier d’état civil, mais notifiĂ© Ă  l’administration ». Mon amendement tend Ă  rappeler que le nom est constitutif de toute personne et qu’il ne serait pas judicieux de pouvoir le modifier sans une certaine solennitĂ©, et cela par respect pour les outre, le passage automatique devant un officier d’état civil permettrait de sĂ©curiser davantage cette adjonction. Si un parent qui n’a pas transmis son nom de famille Ă  la naissance l’adjoint, Ă  titre d’usage, au nom de son enfant mineur, un minimum de solennitĂ© s’impose. C’est le cas lorsque l’enfant a plus de 13 ans, puisque son consentement personnel est toujours requis. Pour les enfants de plus de 13 ans, ce sera un moment important dans la construction de leur identitĂ©. Le fait de passer devant un officier d’état civil est un Ă©lĂ©ment constitutif de cette solennitĂ©. Quel est l’avis de la commission ? Le nom d’usage ne peut pas ĂȘtre dĂ©clarĂ© Ă  l’officier d’état civil, car l’objectif est de simplifier les dĂ©marches et non de les complexifier. Avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? Madame la dĂ©putĂ©e, dites clairement que vous ne voulez pas de cette loi, qu’elle ne correspond pas Ă  l’image que vous vous faites de la sĂ©nateurs nous ont affirmĂ© qu’une telle disposition alourdirait la charge des officiers d’état civil – nous avons discutĂ© de ce sujet pendant des heures. J’ajoute que lorsque la Chancellerie dĂ©cide de la modification d’un nom, au terme d’une instruction longue, coĂ»teuse et alĂ©atoire, l’officier d’état civil transcrit de toute façon ce changement dans les actes d’état civil – cette Ă©tape est voilĂ  que vous souhaitez ajouter, alors que personne ne le prĂ©voit, une charge non compensĂ©e. Au fond, tous les prĂ©textes sont bons pour ne pas dire clairement que vous ne voulez pas des mesures que nous prenons pour les familles modernes, pour les femmes, notamment celles qui sont en difficultĂ©. ArrĂȘtons de tourner autour du pot vous usez d’un artifice technique qui a peu de sens Ă  nos avez laissĂ© entendre dans votre discours que nous Ă©tions presque d’accord, que cette proposition de loi Ă©tait bonne, qu’elle allait dans le bon sens. La rĂ©alitĂ© n’est pas tout Ă  fait celle-lĂ  vous mettez tous les bĂątons dont vous disposez dans nos roues afin que ce texte ne prospĂšre doit se positionner clairement. Il s’agit d’une loi sociĂ©tale importante. Vous ne voulez pas la dĂ©fendre avec nous, soit. Que voulez-vous que je vous dise ? Acceptez ce clivage ! La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard. Vous vous trompez, monsieur le ministre. Ah, trĂšs bien ! Il y a pourtant vingt amendements ! Depuis le dĂ©but de l’examen de ce texte, j’ai proposĂ© des amendements, en commission comme en sĂ©ance, en essayant de le faire de la maniĂšre la plus constructive premiĂšre lecture, j’avais dĂ©jĂ  dit qu’à quelques corrections prĂšs, je n’étais absolument pas opposĂ©e Ă  l’article 1er, relatif au nom d’ ne me fais pas le porte-parole du SĂ©nat. Non seulement je ne siĂšge pas Ă  la chambre haute, mais je ne suis pas d’accord avec tout ce qui y est proposĂ© – loin de la dĂ©claration de consentement devant un officier de l’état civil, pour un mineur de plus de 13 ans, apporterait un tout petit peu de solennitĂ© Ă  ce le ministre, vous-mĂȘme nous avez dit dans cet hĂ©micycle, en premiĂšre lecture, que les demandes de changement de nom concernaient environ 3 000 Ă  4 000 personnes par an en France. J’en dĂ©duis que ce chiffre est beaucoup moins Ă©levĂ© si l’on considĂšre uniquement les mineurs de 13 Ă  18 ans. Cela ne reprĂ©sente, dans chaque ville ou dans chaque dĂ©partement, que quelques cas par an qui ne vont pas submerger l’administration et les services de l’état ne me semble pas complĂštement aberrant de confĂ©rer un peu de solennitĂ© Ă  ce moment en demandant Ă  l’enfant – qui doit de toute façon, comme le prĂ©voit le texte, donner son accord pour l’adjonction du nom du parent Ă  titre d’usage – de confirmer son choix devant un officier de l’état ne vois pas en quoi une telle disposition serait pour moi une maniĂšre de manifester mon opposition Ă  cette proposition de loi, que j’approuve en partie – seulement en partie, certes. Souffrez que je ne sois pas absolument d’accord avec tout ce que vous proposez cela peut arriver, c’est mĂȘme Ă  cela que servent les oppositions. L’amendement no 21 n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 25. C’est un amendement de cohĂ©rence. L’amendement no 25, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 26. Avec cet amendement, je reviens sur une expression employĂ©e dans l’alinĂ©a 8 en temps utile ». J’avais dĂ©jĂ  soulevĂ© ce problĂšme en premiĂšre lecture. Le texte prĂ©voit en effet que le parent qui souhaiterait adjoindre son nom au nom d’usage de son enfant doit en informer l’autre parent – celui qui a transmis son nom patronymique – en temps utile ».J’ai dĂ©jĂ  fait part de mes interrogations Ă  propos de cette formule qui me semble un peu floue. Vous allez encore me dire que c’est parce que je suis contre le texte, mais ce n’est pas le premiĂšre lecture, monsieur le rapporteur, vous avez justifiĂ© l’usage de ces mots en expliquant que la rĂ©daction Ă©tait inspirĂ©e de l’article 373-2 du code civil, qui dispose que tout changement de rĂ©sidence de l’un des parents, dĂšs lors qu’il modifie les modalitĂ©s d’exercice de l’autoritĂ© parentale, doit faire l’objet d’une information prĂ©alable et en temps utile de l’autre parent ». L’expression Ă©tant dĂ©jĂ  utilisĂ©e dans un autre article du code civil, vous considĂ©rez qu’elle peut ĂȘtre selon moi, cette notion est trop floue s’agissant d’un changement de nom. Si l’on peut comprendre son utilisation pour un changement de rĂ©sidence – qui implique des dĂ©marches telles que la signature d’un bail, un dĂ©mĂ©nagement ou encore des inscriptions scolaires –, la question se pose bien diffĂ©remment s’agissant d’un changement de nom, qui n’a pas les mĂȘmes implications en temps utile » autorise toutes les interprĂ©tations – ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des commentaires de jurisprudence. Il me semblerait donc plus judicieux d’employer une autre expression, par exemple dans un dĂ©lai raisonnable », plus simple Ă  utiliser en droit, plus communĂ©ment admise et donc plus claire. Quel est l’avis de la commission ? Votre amendement vise Ă  supprimer purement et simplement les mots en temps utile ». Il produirait donc l’effet inverse de celui que vous recherchez, l’information de l’autre parent ne faisant plus l’objet d’aucune contrainte temporelle. J’estime prĂ©fĂ©rable de conserver ces termes, qui pourront d’ailleurs ĂȘtre pris en considĂ©ration par le juge si celui-ci est saisi en cas de dĂ©saccord. Avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? DĂ©favorable Ă©galement. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard. Dans un esprit constructif, rien ne vous empĂȘche de corriger ou de sous-amender mon amendement si vous estimez que l’expression dĂ©lai raisonnable » est un peu plus pertinente. En tant que rapporteur, vous en avez la en temps utile » me pose problĂšme, car elle pourrait crĂ©er des situations instables. L’enfant pourrait ainsi ĂȘtre nommĂ© diffĂ©remment selon qu’il se trouve chez son pĂšre ou chez sa mĂšre – il porterait soit son nouveau nom soit son nom d’origine, selon les ne me semble absolument pas judicieux d’employer l’expression en temps utile » dans le texte, car elle pourrait susciter bon nombre d’ faites signe que non, monsieur le ministre, mais nous verrons Ă  l’usage ! Cela pourrait ĂȘtre problĂ©matique dans des contextes de sĂ©paration difficile. L’amendement no 26 n’est pas adoptĂ©. L’amendement no 17 de M. Xavier Breton est dĂ©fendu. L’amendement no 17, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour soutenir l’amendement no 5. J’avais prĂ©vu de dire simplement DĂ©fendu ! » Mais votre rĂ©action face Ă  l’amendement no 21 de Mme MĂ©nard, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, me laisse penser que vous ĂȘtes un peu mal Ă  l’aise sur cette texte prĂ©voit que le consentement est requis pour les mineurs de plus de 13 ans. Par cet amendement, nous proposons de complĂ©ter l’alinĂ©a 9 – et non le 8 comme Mme MĂ©nard – en prĂ©cisant que ce consentement doit ĂȘtre recueilli devant un officier d’état civil. Nous venons d’avoir cette pense sincĂšrement que la charge supplĂ©mentaire que vous invoquez ne pourrait ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique au vu de la solennitĂ© que rĂ©clame un changement de nom. C’est pourquoi nous souhaitons que le mineur donne son consentement devant un officier d’état civil. Quel est l’avis de la commission ? Le nom d’usage ne fait l’objet d’aucune – je dis bien aucune – inscription Ă  l’état civil. VoilĂ  ! L’intervention d’un officier d’état civil n’a donc pas lieu d’ĂȘtre en la matiĂšre, tout revanche, parce que nous faisons confiance Ă  la jeunesse, le consentement de l’enfant de plus de 13 ans sera recueilli par l’agent en charge de l’enregistrement de la demande du titre d’identitĂ© si celle-ci s’accompagne d’une demande d’adjonction pour le seul nom d’usage. Avis dĂ©favorable. Nous n’avons pas la mĂȘme conception des choses, c’est tout ! L’amendement no 5, repoussĂ© par le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 6 et no 6 de M. Xavier Breton est parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 29. Je vais dĂ©fendre ce nouvel amendement, au risque d’ĂȘtre accusĂ©e de faire de l’obstruction – ce qui, comme vous le savez, n’est absolument pas ma volonté  Mais non ! Je vous sens un peu ironique, monsieur le ministre !Par cet amendement, je souhaite prĂ©voir, Ă  l’alinĂ©a 9, une pĂ©riode de rĂ©flexion d’un an. M. le rapporteur et M. le ministre lĂšvent les bras au ciel. Je vous vois bondir ! Mais, je le rĂ©pĂšte, un changement de nom de famille n’est pas une dĂ©marche le ministre, j’aimerais vous poser une question actuellement, lorsqu’une personne formule une demande de changement de nom auprĂšs de vos services, combien de temps, Ă  peu prĂšs, dure l’instruction ? Dans le cas du changement de nom de famille, dix Ă  douze mois
 Dix Ă  douze mois ? Pendant ce dĂ©lai, la personne peut donc retirer sa demande, se rĂ©tracter
 Je vous parlais Ă  l’instant du changement de nom de famille. Or nous discutons ici du changement de nom d’usage, qui ne nĂ©cessite pas mĂȘme une seconde. On ne saisit pas la Chancellerie pour le nom d’usage. Pardon, monsieur le prĂ©sident
 Vous pourrez prendre la parole si vous le souhaitez dans un instant, monsieur le est l’avis de la commission sur ces amendements ? Je vois qu’un public nombreux assiste Ă  nos dĂ©bats dans les tribunes. Je vais ĂȘtre clair nous avons voulu simplifier la loi, comme nous le faisons Ă  l’article 2, pour des personnes qui souhaitent changer de nom pour diverses raisons – il peut s’agir par exemple d’un nom difficile Ă  porter, ou de celui de votre demander au citoyen de la rue s’il pense que les lois sont conformes Ă  ce qu’il souhaite, si nous allons assez vite pour changer la sociĂ©tĂ©. Je vous le dis de façon trĂšs amicale et sympathique, madame la dĂ©putĂ©e, car je sais que vous ĂȘtes une Ă©lue de quelqu’un qui a dĂ©cidĂ© de changer de nom parce que celui-ci reprĂ©sente un fardeau, un boulet. Faut-il lui demander d’attendre un an pour ĂȘtre sĂ»r qu’au terme de cette pĂ©riode, il aura bien rĂ©flĂ©chi ? Lorsque nous avons soumis ce texte aux sĂ©nateurs, nous avions prĂ©vu qu’ils formuleraient ce type de demande. Je dois le reconnaĂźtre, ils ont proposĂ© d’instaurer un dĂ©lai de rĂ©flexion de trois mois. Nous prĂ©fĂ©rons faire confiance aux Français et fixer un dĂ©lai d’un mois, pendant lequel la personne dĂ©sireuse de changer de nom pourra se entendu quelqu’un prĂ©tendre qu’un jeune majeur pourrait se rendre Ă  la mairie un beau matin pour demander un changement de nom parce que son pĂšre ou sa mĂšre n’aurait pas voulu lui prĂȘter sa voiture ! ArrĂȘtons d’infantiliser nos concitoyens et faisons-leur confiance ! Avis dĂ©favorable. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard. J’entends ces arguments. Dans la mesure oĂč nous parlons du nom d’usage, je retire mon amendement. L’amendement no 29 est retirĂ©. Merci ! Vous avez oubliĂ© de me donner la parole, monsieur le prĂ©sident, mais vous noterez que par mon silence, j’ai rĂ©ussi Ă  convaincre Mme MĂ©nard ! C’est souvent ainsi, monsieur le ministre c’est en ne disant rien qu’on obtient ce que l’on veut ! Sourires. Mes silences sont particuliĂšrement Ă©loquents, je vous le concĂšde ! L’amendement no 6 est retirĂ©. L’article 1er est adoptĂ©. La parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour soutenir l’amendement no 7, qui tend Ă  supprimer l’article 2. L’article 2 ouvre la procĂ©dure simplifiĂ©e de changement de nom par dĂ©claration devant l’officier de l’état civil aux personnes majeures qui souhaitent substituer ou adjoindre Ă  leur propre nom le nom de famille du parent qui n’a pas Ă©tĂ© lĂ©gislation actuelle, qui donne dĂ©jĂ  de nombreuses possibilitĂ©s en termes de dĂ©volution du nom de famille, permet d’en changer dans des cas lĂ©gitimes. La proposition de loi est fondĂ©e sur la rĂ©fĂ©rence Ă  des cas particuliers qui ne justifient pas l’abandon du cadre commun, d’oĂč cet amendement de suppression. L’amendement no 7, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. L’amendement no 8 de M. Xavier Breton est dĂ©fendu. L’amendement no 8, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 9 et no 9 de M. Xavier Breton est parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 30. Il vise Ă  ajouter, Ă  l’alinĂ©a 3 de l’article 2, la notion de motif lĂ©gitime » qui figurait dĂ©jĂ  dans l’article 61 du code civil. Je le rĂ©pĂšte, le changement de nom n’est pas un acte anodin. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? Ils visent Ă  revenir sur une avancĂ©e qui, rappelons-le, avait fait l’objet d’un accord entre l’AssemblĂ©e nationale et le SĂ©nat. Nous estimons que lorsqu’une personne souhaitant changer de patronyme choisit un nom issu de la filiation, l’État n’a pas Ă  apprĂ©cier si le motif du changement est lĂ©gitime ou plus, l’adoption de ces amendements imposerait aux officiers d’état civil d’apprĂ©cier le caractĂšre lĂ©gitime du motif invoquĂ©. Outre que ce n’est pas leur rĂŽle, cela crĂ©erait des divergences d’application selon les territoires. Avis dĂ©favorable. Les amendements identiques nos 9 et 30, repoussĂ©s par le Gouvernement, ne sont pas adoptĂ©s. La parole est Ă  Mme Albane Gaillot, pour soutenir les amendements nos 18 et 19, qui peuvent faire l’objet d’une prĂ©sentation groupĂ©e. Je n’ai pas eu l’occasion de m’exprimer durant la discussion gĂ©nĂ©rale pour saluer le rĂ©tablissement de la rĂ©daction de l’article 1er, qui permettra aux mĂšres d’adjoindre leur nom Ă  celui de leur enfant sans recueillir l’autorisation du pĂšre. Le rapporteur l’a rappelĂ© Ă  juste titre, ce changement bĂ©nĂ©ficiera aux mĂšres divorcĂ©es ou encore aux femmes Ă  la tĂȘte de familles monoparentales qui Ă©taient Ă  la merci d’une saisine du juge aux affaires familiales par leur ex-conjoint ou le pĂšre de leurs amendements nos 18 et 19 visent Ă  mettre en avant la libertĂ© de choisir son nom. J’estime que la procĂ©dure de changement de nom doit ĂȘtre facilitĂ©e, dans une dĂ©marche de rĂ©appropriation de soi il appartient aux individus, et non aux services du ministĂšre de la justice, de juger de la pertinence d’un tel changement. Je propose donc de supprimer cette deuxiĂšme modification prĂ©vue dans les amendements concerne le principe, que vous avez conservĂ©, d’un unique changement de nom au cours de la vie. MĂȘme si je comprends votre souci d’assurer la stabilitĂ© de l’état civil, une telle limitation me semble excessive chaque individu peut, selon sa propre histoire, vouloir changer de nom plus d’une fois dans sa vie, sans pour autant bouleverser l’état civil. Supprimer cette contrainte n’entraĂźnerait pas une multiplication des demandes abusives, la majoritĂ© des personnes ne souhaitant pas changer de nom. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? La rĂ©daction de l’alinĂ©a 3 qui avait Ă©tĂ© adoptĂ©e par le SĂ©nat a Ă©tĂ© modifiĂ©e afin de gagner en clartĂ© le renvoi Ă  l’article 311-21 du code civil permet de couvrir tous les choix de noms possibles. C’est pour cette raison que la procĂ©dure ne doit pouvoir ĂȘtre utilisĂ©e qu’une seule fois au cours de la vie. Si une personne regrette son choix initial, elle devra passer par la procĂ©dure existante, prĂ©vue Ă  l’article 61 du code civil. Avis dĂ©favorable aux deux amendements. Quel est l’avis du Gouvernement ? MĂȘme position, pour les raisons exposĂ©es par le rapporteur. Les amendements nos 18 et 19, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptĂ©s. Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 10 et parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour soutenir l’amendement no 10. Je le retire, monsieur le prĂ©sident. L’amendement no 10 est retirĂ©. L’amendement no 31 de Mme Emmanuelle MĂ©nard est dĂ©fendu. L’amendement no 31, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. L’amendement no 11 de M. Xavier Breton est dĂ©fendu. L’amendement no 11, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour soutenir l’amendement no 12. RĂ©digĂ©, comme les prĂ©cĂ©dents, par mon collĂšgue Xavier Breton, il vise Ă  exclure les mineurs du champ du texte. Le simple fait, pour un enfant, de se trouver dans une situation de conflit familial pourrait le conduire Ă  choisir un nom plutĂŽt qu’un autre, dĂ©cision qu’il pourrait regretter par la suite. Un tel choix suppose une certaine maturitĂ©. C’est pourquoi nous proposons de supprimer l’alinĂ©a 6. MaturitĂ© le mot est juste ! Quel est l’avis de la commission ? Contrairement Ă  ce que vous suggĂ©rez dans l’exposĂ© sommaire de votre amendement, l’article 2 ne permettra pas aux enfants de moins de 13 ans de choisir leur nom. En revanche, si une fois devenu adulte, l’enfant souhaite choisir le nom de son autre parent, il aura Ă  son tour la possibilitĂ© d’utiliser la procĂ©dure simplifiĂ©e nouvellement créée, une fois dans sa vie. Nous entendons donner le choix aux individus. Avis dĂ©favorable. L’amendement no 12, repoussĂ© par le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. La parole est Ă  Mme Emmanuelle MĂ©nard, pour soutenir l’amendement no 20. Il s’agit d’un amendement d’appel – pas d’opposition, et encore moins d’obstruction. Je propose de remplacer les mots de plein droit » par l’expression de facto », pour m’assurer – mais je retirerai bien volontiers mon amendement si vous me confirmez que tel sera bien le cas – que le changement de nom s’appliquera bien automatiquement aux mineurs de moins de 13 ans. Quel est l’avis de la commission ? Je vous le confirme. L’emploi des mots de plein droit », qui figurent d’ailleurs dĂ©jĂ  Ă  l’article 61-2 du code civil, me paraĂźt plus correct sur le plan juridique. Avis dĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? Depuis l’ordonnance de Villers-CotterĂȘts, la langue de l’administration est en outre le français et non le latin. Sourires. Avis dĂ©favorable. L’amendement no 20 est retirĂ©. L’article 2 est adoptĂ©. Je suis saisi d’un amendement, no 13, tendant Ă  supprimer l’article 4. La parole est Ă  M. FrĂ©dĂ©ric Reiss, pour le soutenir. Pour les raisons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©es au cours de ce dĂ©bat, il est dĂ©fendu. L’amendement no 13, repoussĂ© par la commission et le Gouvernement, n’est pas adoptĂ©. L’amendement no 14 de M. Xavier Breton est est l’avis de la commission ? DĂ©favorable. Quel est l’avis du Gouvernement ? MĂȘme avis. La parole est Ă  M. Jean-Paul Lecoq. Je souhaite connaĂźtre l’avis du garde des sceaux sur la suggestion consistant Ă  prĂ©voir qu’à l’occasion des mariages, les officiers d’état civil, aprĂšs avoir donnĂ© lecture des articles prĂ©vus par la loi, mentionnent d’une phrase le droit au changement de nom de famille. Si l’on rĂ©pĂšte souvent que nul n’est censĂ© ignorer la loi », il peut parfois s’avĂ©rer nĂ©cessaire de consacrer un moment Ă  rappeler que certains droits existent, sans entrer dans le dĂ©tail. Quelle est l’opinion du ministre sur ce point ? La parole est Ă  M. le garde des sceaux. C’est toujours une bonne idĂ©e que de faire connaĂźtre les textes existants, surtout quand ils sont faits pour simplifier la vie de nos compatriotes. Seulement, 65 % des enfants naissent hors mariage. Les articles dont l’officier d’état civil donne lecture – de mĂ©moire, les articles 212 et suivants du code civil – disposent notamment que les Ă©poux se doivent mutuellement respect, fidĂ©litĂ©, secours, assistance » ils s’inscrivent strictement dans le cadre du mariage. Ces principes peuvent bien sĂ»r s’appliquer hors mariage, mais il s’agit alors de morale, et non plus de droit. VoilĂ  oĂč est la ne m’oppose pas Ă  votre suggestion, mais je tiens surtout Ă  vous rassurer nos travaux sont suivis de trĂšs prĂšs par nos compatriotes. Comme je l’ai indiquĂ© Ă  plusieurs reprises, j’ai reçu au sujet de cette proposition de loi un nombre invraisemblable de lettres, couvrant toutes sortes de situations – si nous avons, les uns et les autres, citĂ© de nombreux exemples, nous en avons d’ailleurs oubliĂ© beaucoup. Je pense, trĂšs franchement, que nos concitoyens connaĂźtront l’existence de ce droit et qu’il entrera dans les mƓurs. La parole est, trĂšs briĂšvement, Ă  M. Jean-Paul Lecoq, qui profite en cette occasion de mon indulgence coupable. Au-delĂ  des articles 212 et suivants, les officiers d’état civil donnent aussi lecture de l’article relatif Ă  l’autoritĂ© parentale, dans sa nouvelle version. Oui ! Si l’on suivait votre raisonnement, on en conclurait que ceux qui ne se marient pas ne sont pas informĂ©s du droit de leurs enfants Ă  ĂȘtre associĂ©s aux dĂ©cisions qui les concernent. Pourtant, ce rappel est bien effectuĂ© Ă  l’occasion des mariages, ce qui permet aussi d’assurer la publicitĂ© de ce droit auprĂšs de tous ceux qui y assistent Ă  cette occasion, c’est la sociĂ©tĂ© qui prend connaissance de la loi. VoilĂ  pourquoi je faisais cette suggestion le mariage est un Ă©vĂ©nement qui permet de communiquer Ă  l’ensemble des personnes prĂ©sentes. Les cĂ©rĂ©monies sont toujours publiques, en effet. L’amendement no 14 n’est pas adoptĂ©. L’article 4 est adoptĂ©. Sur l’ensemble de la proposition de loi, je suis saisi par le groupe Socialistes et apparentĂ©s d’une demande de scrutin scrutin est annoncĂ© dans l’enceinte de l’AssemblĂ©e nationale. La parole est Ă  Mme Marietta Karamanli, pour une explication de vote. J’ai demandĂ© un scrutin public, car j’estime que s’agissant d’un texte aussi important, il est nĂ©cessaire de montrer Ă  nos concitoyens que les choses Ă©voluent et suivent le cap tracĂ© avec l’adoption des lois de 2002, puis de 2013. Il est nĂ©cessaire d’affirmer cette volontĂ© auprĂšs des enfants, des familles et de tous ceux qui peuvent ĂȘtre concernĂ©s par cette question. C’est pourquoi nous avons demandĂ© la tenue d’un scrutin public, afin de marquer clairement notre choix. Je mets aux voix l’ensemble de la proposition de loi. Il est procĂ©dĂ© au scrutin. Voici le rĂ©sultat du scrutin Nombre de votants 38 Nombre de suffrages exprimĂ©s 36 MajoritĂ© absolue 19 Pour l’adoption 34 Contre 2 La proposition de loi est adoptĂ©e. Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem et SOC. Prochaine sĂ©ance, demain, Ă  neuf heures Questions orales sans sĂ©ance est levĂ©e. La sĂ©ance est levĂ©e Ă  dix-sept heures quarante. Le directeur des comptes rendusSerge Ezdra . 325 16 135 320 186 367 409 197

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